Norlink s’implique dans la recherche d’énergies alternatives pour les transports terrestres massifiés. L’association a commandité une étude sur l’utilisation du gaz naturel comprimé (GNC) par les locotracteurs, ces engins ferroviaires de faible puissance utilisés sur les réseaux ferrés privés pour déplacer les wagons ou former les trains. L’étude a été faite avec la participation d’Arcelor, des Ports de Lille, de la plate-forme multimodale Delta 3 de Dourges et des transporteurs ferroviaires VFLI et Fret SNCF.
L’étude a été réalisée d’octobre 2019 à janvier 2020 par le cabinet lillois Arterail, qui s’est intéressé aux aspects techniques, réglementaires et économiques du passage au GNC. Les résultats ont été dévoilés le 6 février 2020. « Les chiffres montrent qu’il y a un vrai intérêt économique à modifier les locotracteurs pour le passage au bi-carburant gazole et GNC, avec un retour sur investissement très court, estimé à quatre ans », indique Fabien Becquelin, directeur opérationnel de Norlink, qui précise que ces matériels sont souvent anciens et amortis depuis de nombreuses années.
Si Norlink s’est penché sur le passage au GNC des locotracteurs, c’est pour des raisons réglementaires, l’homologation étant plus simple pour du matériel ne circulant pas sur le réseau ferré national. La question de l’autonomie entre aussi en ligne de compte : les locotracteurs s’approvisionnent facilement puisqu’ils ne circulent jamais loin de leur point de ravitaillement en carburant.
L’autonomie est primordiale
Une nouvelle étude pourrait être lancée prochainement par Norlink, concernant cette fois le fluvial. Il s’agit d’étudier, dans un premier temps, les solutions de motorisation utilisant le gaz et l’hydrogène, et, dans un deuxième temps, les motorisations électriques sur batterie. Là encore, la question de l’autonomie est primordiale : l’utilisation du gazole permet une grande autonomie sans que l’encombrement des soutes à carburant ne réduise le volume de cale disponible pour le chargement des marchandises. C’est pourquoi le passage au GNC, à l’hydrogène ou aux batteries électriques sera d’abord étudié sur des bateaux ne réalisant pas de longs trajets.
Puisque différents types d’énergie seront étudiés, le nombre de cas à prendre en compte est supérieur. Il s’agit donc, tout d’abord, pour Norlink de répertorier les flux qui pourraient être concernés par cette étude. Par exemple, ceux du transporteur fluvial NPS, qui réalise des services courts pour ses navettes de conteneurs, entre Dunkerque, Lille, Dourges et Valenciennes. De même, à Lille, les transports fluviaux de déchets se font de façon régulière mais sur de très courtes distances. Selon Fabien Becquelin : « On connaît la pertinence logistique de ces flux, il est maintenant nécessaire de se pencher sur l’amélioration de l’empreinte environnementale de ces bateaux, qui pourraient, par exemple, se prêter au passage à l’électrique, puisqu’ils se font sur de faibles distances, avec des présences à quai prolongées. L’idée est de maintenir le niveau de service et de voir quelle énergie répond aux contraintes d’exploitation, car il est hors de question de demander au batelier de faire trois fois le plein entre Dunkerque et Lille. Il s’agit d’apporter des réponses aux flux actuels. C’est le contraire de la disruption : nous voulons faire la même chose que ce qui fonctionne déjà, mais en mieux ».