Les bateaux-logement se sentent oubliés

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Les propriétaires de bateaux-logement, installés notamment près du futur éco-quartier fluvial, qui accueillera le village des athlètes, font part de leurs inquiétudes tout en reconnaissant que les évolutions vont donner de la plus-value à leur bien. Parmi les futures installations du village olympique des Jeux de Paris 2024, l’éco-quartier fluvial de l’Île-Saint-Denis, bordé des deux côtés par la Seine, doit proposer des constructions respectueuses de l’environnement en harmonie avec le fleuve, selon son cahier des charges. Des aménagements complémentaires devront être réalisés pour faire du projet un ensemble cohérent et complet avec une passerelle sur la Seine entre les communes de Saint-Denis et de l’Île-Saint-Denis qui sera construite par le conseil départemental de Seine-Saint-Denis. Il est prévu l’enfouissement des lignes à haute tension par RTE et la création d’un mur antibruit le long de l’A86 par l’État. L’éco-quartier fluvial de l’Île-Saint-Denis qui accueillera, temporairement le village des athlètes, est le site emblématique des Jeux de Paris 2024. La construction de cet éco-quartier, qui a commencé en mai 2020, a des conséquences pour certains bateaux-logement et le quotidien de leurs propriétaires dès maintenant. Plusieurs d’entre eux vont avoir leur lieu de stationnement déplacé à quelques kilomètres sur de nouveaux ducs-d’Albe en cours de construction ; d’autres auront, a minima, un quotidien perturbé. Ce qui suscite certaines inquiétudes de la communauté portuaire, en particulier celle de l’Île-Saint-Denis, la plus concernée par les travaux. Patrick Widdrington président de l’association Péniche à la folie (PAF) explique : « Ils sont en train de construire l’éco-quartier sur l’Île-Saint-Denis et nous sommes directement affectés par une poussière phénoménale. Nous avons l’impression de vivre sous la poussière d’une tempête de sable du Sahara ». L’association  regroupe 60 bateaux entre Villeneuve-la-Garenne et Gennevilliers. Toutefois, le président ajoute : « Nous ne sommes pas contre les Jeux mais ils ont des conséquences négatifs pour nous », tout en reconnaissant qu’à terme, ils auront aussi un effet positif sur la plus-value des bateaux.

Peu d’informations reçues

L’Île-Saint-Denis est située sur le petit bras de la Seine et les bateaux-logement sont habituellement amarrés le long des quais au calme avec des infrastructures de transport qui leurs permettent de se rendre au centre de Paris assez rapidement. Par ailleurs, la présence sur l’île du nouveau quartier et la construction des nouvelles infrastructures du Grand Paris desserviront directement la Défense et les aéroports de Roissy et d’Orly. Mais, pour l’instant, les habitants s’inquiètent car ils n’ont, à ce jour, que peu ou pas d’informations concernant leur futur déplacement et la liste des péniches concernées. D’autres ont des activités professionnelles à bord de leurs péniches et ne savent pas comment ils vont pouvoir continuer à les exercer. « Nous n’avons reçu aucune lettre, aucun courrier officiel pour nous expliquer comment cela allait se dérouler », souligne le président de PAF.

Autre inquiétude, le passage des unités et gros convois fluviaux par le petit bras de Seine de juillet à septembre 2024 alors qu’habituellement, ils empruntent le grand bras ne créant aucun dérangement auprès des péniches. « Il va y avoir des alternats, a-t-on compris. On nous oblige à avoir des systèmes d’amarrage plus solides pour résister aux vagues que vont provoquer les bateaux des artisans-bateliers qui vont vite et créent des nuisances et, bien sûr, cela a un coût que nous allons devoir assumer », relève Patrick Widdrington. En effet, la problématique du batillage avec l’ensemble des vagues produites par le sillage des bateaux et qui déferlent contre les berges entraînant les dégradations de celles-ci, est une des préoccupations des habitants des bateaux-logement. Afin de garantir aux usagers de la voie d’eau une profondeur suffisante pour naviguer, le plan de dragage est un autre sujet évoqué. Le tirant d’eau par ce bras de la Seine n’étant pas suffisant pour le passage des bateaux. « Le secteur manque de fond, il y a un câble Internet qui passe par là : est-ce qu’on ne va pas avoir de problèmes, coupure de câble ou autre ? », s’inquiète le président de l’association.

En Seine-et-Marne, la base nautique régionale de Vaires-sur-Marne va accueillir les épreuves d’aviron et de canoë-kayak, les bateaux-logement à proximité n’ont pas de précisions sur les conséquences que cela engendrera sur leur qualité de vie. Le chantier d’aménagement, de 75 millions d’euros, a débuté en 2016.

Pour les propriétaires de bateaux-logement, la question de la qualité de l’eau et donc des rejets des eaux usées constitue une autre préoccupation. C’est une des ambitions en lien avec les Jeux : améliorer ces aspects, sous la responsabilité de VNF et de Haropa-Ports de Paris. Pour l’instant, le système de collecte des eaux usées ou de traitements de celles-ci n’est pas imposé sur tous les secteurs.

« On souhaiterait profiter des aménagements réalisés par VNF et par les autres autorités de gestion afin d’avoir une possibilité d’être raccordés pour les eaux grises. Depuis 33 ans, réunions après réunions, nous n’avons toujours rien obtenu. Personne n’arrive à se mettre d’accord », détaille le président de PAF. D’autant que cela aurait un moindre coût que l’engagement financier de chaque bateau estimé entre 4 000 et 15 000 euros pour se mettre aux normes. Selon Patrick Widdrington : « Une très grande quantité de points de rejets d’eaux dans la Seine afin de se mettre aux normes devrait être mis en place. Pour l’instant, rien ne se fait sur notre secteur. Après analyses des rejets d’eaux d’une péniche, les effets sur l’environnement sont bien moindre que les eaux de ruissellement qui viennent se déverser après la pluie dans les cours d’eaux. La Seine est recouverte d’huile pendant deux jours, ce qui est nettement plus polluant ».

Collecter les eaux usées

D’ici 2023, un système de tout-à-l’égoût doit être installé sur les quais parisiens pour que les péniches puissent s’y raccorder et évacuer leurs eaux usées avec l’objectif de ne plus polluer la Seine.

Haropa-Ports de Paris a lancé un programme important de travaux sur les quais du bief parisien pour créer ce réseau de collectes des eaux usées de toutes les installations flottantes, c’est-à-dire bateaux navigants, établissements flottants et, bien sûr, bateaux-logement. Ces travaux concernent une vingtaine de ports et ont déjà démarré sur les ports de Montebello et de la Tournelle. Les opérations, réalisées par le groupement d’entreprises Terideal-Fayolle, consistent en l’installation de canalisations et de points de raccordements pour collecter les eaux usées des installations flottantes et les basculer sur le réseau urbain. Pour assurer la livraison des matériaux du chantier situé en plein cœur de Paris, la voie fluviale a été privilégiée, grâce au bateau Freedom de l’entreprise Point P, disposant d’une capacité de 1 200 tonnes de fret. En acheminant ainsi les éléments de canalisations en fonte et les regards en béton, cette solution permet d’éviter la circulation de 50 poids lourds. Pour Nicolas Mouyon, directeur de l’agence Paris-Seine : « La promotion du transport fluvial est au cœur de la mission de Haropa-Ports de Paris, acteur de la transition énergétique et de la croissance verte ».

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