Le trafic fluvial au creux de la vague en Wallonie

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Le trafic fluvial sur le réseau wallon de voies navigables devrait afficher en 2020 son résultat le plus bas en plus de vingt ans. A la fin septembre 2020, il a enregistré un recul de 14 % par rapport à la période correspondante de 2019 et le dernier trimestre ne devrait pas amener de redressement. Aux effets de la crise sanitaire s’est ajouté à l’effritement plus structurel des volumes globaux depuis 2018. Au terme des neuf premiers mois de l’année 2020, le volume transporté par la navigation intérieure sur le réseau navigable wallon a atteint 25,69 Mt. Ce niveau est inférieur de 13,6 % à celui de la période correspondante en 2019 (29,73 Mt). Il est à noter que le recul s’est amorcé avant même que la crise sanitaire ne se déclenche dans toute son ampleur et ne se traduise au deuxième trimestre par un premier confinement. Le premier trimestre 2020 s’était soldé par un trafic fluvial de 8,84 Mt, en baisse de 11,9 % par rapport à l’exercice précédent. La chute s’était accélérée au deuxième trimestre (-18,2 % à 8,45 Mt). De ce point de vue, le troisième trimestre a apporté un mieux, puisque la contraction des volumes a été de 10,3 % à 8,40 Mt. Ce mieux se manifeste aussi quand on compare la perte après six mois (-15,1 %) à celle après neuf mois.

Un décrochage depuis 2018

Toutefois, Pierre Arnold, attaché au Service public de Wallonie (SPW) Mobilité et Infrastructures, n’y voit pas la promesse d’un redressement rapide : « Les trois premiers trimestres 2020 sont restés nettement en dessous de la moyenne trimestrielle de quelque 10 Mt que nous avons enregistrée sur les dix années écoulées ou même sur les trois derniers exercices. Le mois d’octobre a d’ailleurs connu une nouvelle baisse prononcée (de 3,45 à 2,92 Mt, soit -15,4 %). A ce train-là, le quatrième trimestre risque fort de ressembler au deuxième ».

Cela ne s’explique pas uniquement par le reconfinement décidé à la mi-octobre 2020, souligne-t-il : « La crise sanitaire se superpose au décrochage plus large que nous constatons depuis 2018 ».

Le poids des exportations s’accroît

Tous les flux ne sont pas affectés de la même façon. Les importations (-19,9 % à 6,50 Mt à la fin septembre) et le trafic interne à la Wallonie (-16,4 % à 1,73 Mt) souffrent nettement plus que les exportations (-10,4 % à 9,12 Mt). Le tassement du transit (-13,2 % à 8,34 Mt) se situe dans la moyenne globale.

Les exportations profitent notamment de l’essor poursuivi du trafic conteneurisé, qui pourrait toujours enregistrer un nouveau record de transbordement sur les terminaux wallons en 2020. Leur évolution traduit aussi le renversement du poids respectif de l’import longtemps dominant (du fait de l’afflux massif de matières premières pour la sidérurgie en phase à chaud) et de l’export dans le bilan global du transport par la voie d’eau.

Estimations à 35 Mt à la fin 2020

Selon les estimations de Pierre Arnold, la Wallonie devra se contenter sur l’ensemble de l’année 2020 d’un trafic fluvial de l’ordre de 34,5 à 35 Mt.

Il faut remonter à la décennie 1990 pour retrouver un résultat aussi faible. La navigation intérieure avait ensuité profité de la haute conjoncture de la première décennie de ce siècle pour effectuer une solide remontée avec des pointes à 45 Mt en 2004 et 2008. La crise financière et la restructuration de l’industrie sidérurgique wallonne qui ont suivi avait entraîné un infléchissement de la tendance, avec des chiffres plus variables mais jamais inférieurs à 39 Mt. Le Covid-19 les fera plonger plus bas cette année. La question sera de voir à quelle vitesse ils pourraient remonter à l’avenir.

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