Après une année 2016 très difficile à cause des attentats et des crues, le tourisme fluvial a renoué avec la croissance en 2017 et retrouvé les très bons niveaux de 2015 qui peut être considérée comme une référence, ont révélé Thierry Guimbaud, directeur général de Voies navigables de France, et Guillaume Dury, directeur du développement, lors d’un point presse le 19 juin 2018 à Paris.
Tout segment confondu - bateaux promenade, paquebots de croisière, péniches hôtel, bateaux de location - le tourisme fluvial a représenté 11,2 millions de passagers (Mpax) et 1,8 million de nuitées en 2017. Cette dynamique retrouvée est largement le résultat du retour de la clientèle étrangère qui représente 54 % de la totalité des passagers. Le segment des bateaux promenade a accueilli 10,5 Mpax (+ 14 %), les paquebots fluviaux ont transporté 404 700 pax (+ 9 %), les péniches hôtels 21 940 pax (+ 7 %). Seuls les bateaux de location sont à la peine avec un recul des contrats vendus de 5,3 %.
Sur le réseau intérieur français, 53 paquebots fluviaux de 110 ou 135 m de long naviguent pour des croisières de 4 à 12 jours avec des passagers à 78 % étrangers majoritairement anglophones (Américains, Australiens, Canadiens) et nord-européens. Par bassin, les 53 paquebots se répartissent en 25 sur Rhône-Saône, 18 sur la Seine, 7 sur la Garonne, 1 sur le Nord-Pas-de Calais tout comme sur la Moselle et la Loire. Il faut ajouter une centaine de paquebots qui naviguent sur le Rhin et font escale à Strasbourg. La croissance de la croisière fluviale est forte sur les bassins européens qui sont en concurrence pour l’accueil et les escales. Il y a par exemple 240 bateaux sur le Danube. En Europe, les compagnies de croisière font construire environ 5 nouveaux bateaux par an et les localisent sur tels ou tels bassins.
Structurer l’offre, scander les itinéraires
Comparativement, la France est en retard à cause de ses bassins cloisonnés et d’un manque d’aménagements dédiés. Mais la progression est possible dans l’Hexagone en créant de nouvelles escales, en structurant les offres, en proposant des itinéraires scandés entre le temps de navigation et les activités à terre ou fluvestres, le vélo-tourisme, etc. C’est l’une des missions de VNF en lien avec les collectivités locales et les acteurs privés. L’objectif pour la filière des paquebots fluviaux d’ici 2024 est d’atteindre 500 000 pax et 75 bateaux (+ 40 %) sur le réseau intérieur plus 100 sur le Rhin. Il faut toutefois garder à l’esprit que c’est l’offre qui crée la demande et que le marché est largement entre les mains d’opérateurs étrangers même si la société française CroisiEurope en constitue l’un des leaders.
Les retombées économiques du tourisme fluvial s’élèvent à 630 M€ annuel pour les différents segments hors les bateaux promenade. Les paquebots représentent 420 M€, les péniches hôtel 61 M€, les bateaux de location 47 M€, la plaisance privée 102 M€. VNF ne dispose pas à ce jour de données sur les emplois.
Globalement, le tourisme a des perspectives positives en France et bénéficie d’une volonté et de mesures du gouvernement en faveur de son développement. Par conséquent, le tourisme fluvial devrait bénéficier d’une croissance mécanique. Mais sur les quais, il reste la question des conflits d’usage entre les activités touristiques et industrialo-portuaires. Les besoins et la tension sont extrêmement fortes entre les deux activités dans toutes les grandes agglomérations et atteint un paroxysme notamment sur le bief central de Paris, premier port mondial pour le tourisme fluvial. Sur la Seine, le préfet a lancé en juin 2018 l’élaboration d’un schéma d’aménagement fluvial pour Paris pour favoriser la cohabitation et concilier les différents usages du fleuve.
