Dans un post daté du 12 mai 2020, Thierry Guimbaud, directeur général de Voies navigables de France, a apporté des éléments sur la situation du transport fluvial depuis la mi-mars.
« Depuis le début de la crise, la filière fluviale démontre plus que jamais sa résilience. Si le trafic fluvial de marchandises a accusé une chute de l’ordre de 30 à 40% en début de confinement, le trafic a repris depuis une quinzaine de jours, notamment celui des granulats avec la reprise des chantiers de BTP. La filière céréales confirme, quant à elle, le dynamisme dont elle a fait preuve durant la crise. Le trafic de conteneurs continue en revanche d’être fortement impacté. »
Agilité et adaptabilité
Dans la lettre « Dernières nouvelles du monde » de l’IAGF (initiatives pour les grands fleuves), Le Climat des fleuves-édition spéciale n°5, diffusée le 12 mai 2020, un entretien avec Thierry Guimbaud apporte également des informations sur les niveaux de trafic depuis la mi-mars (voir aussi).
« Les expéditions de sables et de graviers se sont retrouvées quasiment à l’arrêt, sauf sur le Rhin et la Moselle, les matériaux étant expédiés vers des chantiers en Allemagne et Pays-Bas où l’activité des BTP a été moins réduite qu’en France. La reprise progressive des grands chantiers depuis 2 semaines permet d’envisager un retour de l’activité de transport fluvial de granulats dont les professionnels projettent une baisse d’activité en 2020 de 20% par rapport à 2019, qui a été une excellente année.
En raison de l’arrêt des productions, les transports de produits chimiques, notamment les engrais, ont également été, un temps, stoppés. Le transport de céréales vers les silos portuaires d’exportation (Dunkerque, Rouen, ports du bassin Rhône-Saône, Fos), a porté le trafic au début de la période de crise et est encore très soutenu.
Des barges dédiées habituellement aux transports de granulat ont su s’adapter très vite pour transporter des céréales, montrant à cette occasion l’agilité et l’adaptabilité du secteur.
Le secteur des conteneurs, quant à lui, a connu une forte baisse, de l’ordre de -30 à -40%, soit en raison de l’arrêt momentané des fabrications en Chine soit en raison des entrepôts logistiques pleins, et ne pouvant être vidés du fait de la fermeture des magasins mais également du fait de la contraction globale de la demande. »
Se réinventer
Concernant l’avenir, Thierry Guimbaud a indiqué : « Le temps du retour d’expériences va venir. Les deux mois passés sont riches de pistes à exploiter pour nous permettre d’être collectivement plus agiles et plus performants. Le tourisme et le transport fluvial auront à se réinventer à l’issue de cette séquence. C’est le sens du chantier que j’ai demandé à mes équipes en charge du développement d’ouvrir, en lien étroit avec l’ensemble des professionnels.
Cette crise renforce une conviction profonde : le partage et l’alignement des acteurs sur toute la chaîne de valeur sont décisifs que l’on parle d’interprofession, de partenariat, de coopération ou d’autre chose. Peu importe les termes. Notre secteur qui n’a pas la puissance et la renommée du ferroviaire, du routier, de l’aérien doit impérativement poursuivre dans cette voie. Si la crise pouvait faire émerger définitivement cela, ça ne serait pas si mal. »