Retour à la normale pour le port autonome de Strasbourg. En 2019, l’établissement a enregistré un trafic de 7,59 millions de tonnes, proche de celui de 2017 (qui avait frôlé les 8 millions de tonnes) et supérieur de 28,5 % à son score de 2018. Alors que ce dernier avait été fortement pénalisé par les basses eaux du second semestre, l’exercice 2019 a bénéficié d’une excellente hydraulicité du Rhin.
La remontée des volumes est tirée par les produits pétroliers en augmentation de 56 % (1,14 million de tonnes) et dls matériaux de construction (+39 %, 3,86 millions de tonnes). Les produits agricoles ont également été en croissance (+11 %, 1,497 million de tonnes) de même que les engrais et produits chimiques (+37 %, 308 190 tonnes). Seuls les objets manufacturés font exception. Ils sont restés orientés à la baisse, de 15,4 %, pour un total de 539 000 tonnes : l’arrêt des flux des colis les plus lourds de General Electric et Liebherr Mining, désormais traités par la nouvelle grue mobile au port de Colmar-Neuf-Brisach, a contrarié ce poste de trafic. Pour autant, la catégorie des colis lourds reste bien active sur l’emprise du port autonome, notamment grâce aux chargeurs implantés au Nord de l’Alsace, souligne la direction. Le trafic vrac de 2019 s’est ainsi réparti, pour l’essentiel, en 5,6 millions de tonnes de produits solides (+31 %) et 1,4 million de tonnes de liquides (+46,7 %).
Importance grandissante de l’intermodalité
Les conteneurs, domaine d’activité de la filiale Rhine Europe Terminals (RET), ont conclu 2019 par un total de 381 565 EVP, en progression annuelle de 5,9 %, une performance donc inférieure à celle du vrac. « Le bilan aurait pu être meilleur, il nous satisfait pour autant », réagit Frédéric Doisy, directeur général délégué. Les fondamentaux restent, en effet, solides. Les freins sont venus notamment des grèves dans le ferroviaire, qui limitent la croissance de ce mode à 9,5 %, pour un total de 74 151 EVP. Le conteneur fluvial est remonté de 16,4 %, pour atteindre 76 770 EVP. Arbitrer entre rail et voie d’eau devient presque un réflexe parmi les opérateurs : « 2019 aura confirmé l’importance grandissante de l’intermodalité et la nécessité d’offrir des dessertes ferroviaires attractives », relève le port autonome.
Il va y consacrer les investissements requis. En février 2020, démarrent pour sept mois et un budget de 3,4 millions d’euros les travaux d’allongements des quais à 750 mètres au niveau de la gare de triage, et de l’électrification des voies sur près de 3 000 mètres. L’amélioration des capacités doit permettre de bien supporter l’intensification des flux que procure les 15 navettes hebdomadaires régulières vers Anvers (7), Rotterdam (3) et Gevrey pour rejoindre Le Havre ou Marseille (5) et, dans un futur désormais proche, se placer dans le sillage de Duisbourg et de sa prochaine grande plate-forme en terminus de la Route de la soie. « La répercussion même infime à Strasbourg, par exemple un train supplémentaire quotidien, de la centaine de trains attendus à Duisbourg représentera déjà un défi d’adaptation des capacités, qu’il faut anticiper », estime Frédéric Doisy. Et ce à Strasbourg même aussi, sans se reposer sur le seul nouveau terminal de Lauterbourg.
La constitution de la société d’exploitation du nouvel équipement de Lauterbourg constituera un autre temps fort de l’année qui s’engage, avant l’inauguration, en septembre, du nouveau siège du port autonome au cœur du terminal Nord. Comme l’a rappelé la présidente du port Catherine Trautmann lors de la cérémonie des vœux le 21 janvier 2020. Le bâtiment reçoit pour mission de susciter la « constitution d’une communauté portuaire », qui trouverait là une maison pour se retrouver.
Concernant les passagers, Batorama a enregistré une croissance de 1,1 %, synonyme d’authentique performance car cette activité-là s’était déployée normalement en 2018. Le total de 785 144 passagers transportés constitue le troisième meilleur score de l’histoire de la filiale.