Le début d’année 2018 a été marqué par de nombreuse difficultés pour les modes de transport massifiés : grèves pour le transport ferroviaire, crues pour le transport fluvial... « La résilience du transport combiné et sa capacité à surmonter les obstacles ne sont plus à démontrer », a souligné Dominique Denormandie, président du Groupement national des transports combinés (GNTC) lors de l’assemblée générale de cette organisation professionnelle, qui s’est tenue le 9 octobre 2018 à Paris. Il a tenu à rappeler la « complémentarité » du fer et du fluvial. « N’ayons pas peur d’être ambitieux pour le fluvial, qui a besoin d’un réseau fort et efficace », a-t-il déclaré, se disant « convaincu de la pertinence, surtout dans les ports maritimes, de ce mode qui doit voir son image et sa compétitivité renforcées », notamment à travers Seine-Nord Europe et l’harmonisation de la facturation de la manutention.
Alors que le GNTC s’intéresse traditionnellement davantage au combiné ferroviaire, le fluvial a été mis en avant lors de cette assemblée générale, avec, entre autres interventions, celle de Guillaume Dury, directeur du développement de VNF, qui est revenu sur le début d’année difficile du fluvial, en particulier sur la Seine : « Les inondations, et les problèmes d’infrastructure qui ont amplifié leur impact, ont aidé à une prise de conscience de l’état du réseau. Cela a été pris en compte dans la loi LOM, avec un doublement des investissements pour l’entretien et la rénovation des ouvrages. Si tout va bien et que la loi LOM est adoptée en l’état, on devrait pouvoir faire le nécessaire pour la résilience du réseau, en particulier pour la Seine où le trafic est le plus important. » Sur les 500 M€ de budget de VNF, 130 M€ proviennent de la taxe hydraulique.
Guillaume Dury a expliqué qu’il était prévu par la loi que cette taxe soit transformée en redevance : « L’objectif est de stabiliser le modèle économique de VNF, pour que les moyens dont dispose l’établissement ne soient pas remis en cause chaque année. Le financement par l’Afitf devrait nous donner des ressources significatives pour les investissements de développement, avec une certaine visibilité sur l’avenir. »
Transformation de la taxe hydraulique en redevance
Dominique Denormandie, en clôture de la réunion du GNTC, a salué l’année 2018 comme une « année de progrès et d’avancées importantes » pour le mode ferroviaire. Avec ce message adressé aux syndicats : « Attention de ne pas scier la branche sur laquelle nous sommes tous assis ! Aidez-nous à développer votre avenir, et le nôtre, à préserver le transport combiné rail-route qui est, je le rappelle, l’une des composantes essentielles pour l’avenir du fret ferroviaire en France. » Profitant de la présence de François Poupard, directeur général des infrastructures, des transports et de la mer, qui représentait le ministère des transports, le président du GNTC a aussi dressé un « petit inventaire des demandes et propositions récurrentes de la filière ». Certains points sont cochés en vert : aide à la pince maintenue pour cinq ans, investissements annoncés de 10 M€ par an sur les lignes capillaires fret et 20 M€ par an pour les voies de service, réorganisation de SNCF Réseau et gel de l’inflation des tarifs des sillons. D’autres points restent en suspens : évolution du calcul de l’aide au transport combiné, face à une réduction attendue de la distance minimale de pertinence du combiné ferroviaire, qualité des sillons, respect des horaires, adaptation du réseau aux trains longs, vigilance face à la révision de la directive européenne sur le transport combiné. Enfin, sur certains sujets, c’est un voyant rouge que le GNTC allume : « La tarification au tonnage prévue pour 2019 est un frein à la compétitivité du ferroviaire par rapport à la route », alerte Dominique Denormandie, qui souligne que les trains les plus chargés ont une « meilleure efficacité pour l’encombrement du réseau et sur le plan climatique. » La généralisation du 44 t pour tous les transports routiers est aussi vue comme une perte d’avantage compétitif par rapport à la route : le GNTC demande « une dérogation de circulation à 46 t pour le combiné. Ce n’est pas un privilège que nous demandons, c’est un rééquilibrage compétitif du fait des ruptures de charges inhérentes au transport combiné. »
À ces demandes, François Poupard n’a pas donné satisfaction dans son discours de clôture. La réforme ferroviaire, a-t-il commencé par expliquer, n’est pas terminée puisqu’il manque encore 52 décrets et cinq ordonnances, dont certaines doivent être promulguées avant la fin de l’année. François Poupard a aussi rappelé l’effort de l’État en faveur du fret ferroviaire, avec une réforme « menée tambour battant », la reprise de la dette de la SNCF par l’État et l’annonce de 38 Md€ d’investissement sur dix ans. Il a indiqué que les discussions n’étaient pas terminées sur la remise à plat des péages ferroviaires, dont la hausse, beaucoup plus forte que l’inflation, était devenue « insupportable ». Quant à la nouvelle tarification de l’usage de l’infrastructure, il a précisé ne pas savoir aujourd’hui de quelle façon elle prendra en compte le tonnage et le kilométrage. Enfin, en ce qui concerne la demande de dérogation du GNTC pour des camions de 46 t, François Poupard a mis en avant l’usure accrue des chaussées routières, et le besoin d’équilibre entre les demandes des différentes professions. « Ce n’est pas une fin de non-recevoir, mais avant de prendre une décision, on doit avoir des données objectives sur les gagnants et les perdants d’une telle mesure. Nous comptons sur votre appui pour savoir quels trafics seront concernés », a-t-il lancé aux acteurs du transport combiné.