NPI : Quelle est la situation à ce jour sur les terminaux que vous exploitez ?
Thibault Fruitier : Que ce soit à Dourges, à Noisy-le-Sec, à Valenton, à Lyon, à Bayonne, à Miramas ou à Avignon, tous nos terminaux sont actuellement ouverts et opérationnels à 100 %. Nous avons pris des mesures de désinfection, nous mettons à disposition des masques et du gel hydroalcoolique, et nous avons revu nos schémas de circulation pour limiter les contacts entre individus. Les horaires ont également été modifiés pour s’adapter à une activité qui est réduite du fait de la baisse des volumes, mais tous les trains qui arrivent sur nos terminaux peuvent être traités dans les délais prévus.
NPI : Qu’en est-il, justement, de la circulation des trains ?
Thibault Fruitier : En transport ferroviaire continental, nous assurons 67 % de notre plan de transport. La région la plus impactée est le Sud-Est, où habituellement nous transportons surtout des marchandises vers des magasins d’équipement considérés à ce jour comme non indispensables, et qui sont donc actuellement fermés. Certains transports sont maintenus, comme ceux d’eau en bouteille par exemple.
Dans le Nord, beaucoup d’industries continuent à travailler. Nous avons donc maintenu des transports de produits chimiques en conteneurs citernes, ainsi que des marchandises générales pour l’alimentaire ou l'e-commerce, à destination du Benelux ou de l’Espagne par exemple.
La liaison Anvers-Bayonne, qui circule trois fois par semaine, ne connaît pas de baisse d’activité et fonctionne à plein régime. Les trains vers la Catalogne sont aussi saturés. Pour les conteneurs maritimes, la situation est différente. Beaucoup d’entrepôts sont saturés, ou tout simplement fermés, ce qui conduit à une diminution d’activité plus importante.
NPI : Quel est, pour votre filiale Greenmodal, le niveau de l’activité fluviale ?
Thibault Fruitier : L’activité fluviale est plus ou moins soutenue. Sur la Seine, elle atteint les deux tiers du trafic habituel. Nous sommes impactés par la fermeture ou la saturation de certains entrepôts, ainsi que par des problématiques d’approvisionnement en conteneurs vides pour l’export. Le fluvial joue ici tout son rôle en évacuant les conteneurs des terminaux maritimes, en ralentissant les flux et en replaçant les boîtes vides.
Sur le Rhône, la navigation vient de reprendre après plus d’un mois d’interruption. Un arrêt qui n’était pas dû à l’épidémie mais à un accident sur une écluse. Après avoir subi les grèves ferroviaires et portuaires, puis cette fermeture d’écluse, l’activité redémarre et atteint environ la moitié de ce qu’elle est habituellement. Nous espérons faire monter dans les prochains jours le service fluvial sur le Rhône aux deux tiers de son niveau normal.
NPI : Comment envisagez-vous votre activité en sortie de crise ?
Thibault Fruitier : La priorité est la sécurité de notre personnel. Nous savons tenir le fluvial et le ferroviaire à la disposition de nos clients pendant la période de crise. Mais, l’activité économique du pays étant fortement ralentie, les transports le sont tout autant. Sur la commission de transport routier en pré- et post-acheminement, nous constatons par exemple une diminution de 60 % de notre activité.
La crainte est surtout que, après la sortie du confinement, les volumes ne reviennent pas aussi vite qu’ils sont partis. Tout ce que l’on a fait depuis des années pourrait être remis en cause. Nous restons cependant optimistes, car certains gros clients montrent des signes de fidélité ; mais si d’autres disparaissent, cela mettra tout le secteur du transport combiné en difficulté, qu’il soit ferroviaire ou fluvial.