« Le combiné peut être le fer de lance des transports massifiés »

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Entretien avec Aurélien Barbé, délégué général du Groupement national des transports combinés (GNTC).

NPI : Quel bilan pour le transport combiné en 2018 et 2019 ?

Aurélien Barbé : En 2018, le combiné rail-route et rail-fleuve représente 908 000 UTI, en baisse de 2,5 % par rapport à 2017 mais en hausse de 4 % comparativement à 2016. La part modale est de 70 % pour le combiné ferroviaire et de 30 % pour le combiné fluvial. Il y a eu 3 mois de grèves en 2018 qui ont fortement perturbé l’activité ferroviaire. Mais le nombre de trains a augmenté entre 2018 et 2017, ce qui signifie que de nouvelles liaisons ont été créées.

Les chiffres de 2019 ne sont pas encore connus, l’année avait bien commencé mais il y a eu la grève en décembre. Ce mois-là, entre 25 et 30 % seulement du plan de transport a pu être effectué. En rail-route, les opérateurs de transport combiné ont perdu des millions d’euros, ceux du transport routier de marchandises ont connu des surcoûts. Le ferroviaire est dans une période de transition. Les opérateurs et les entreprises doivent se remettre à flot, retrouver les flux. Il y a toujours un temps de latence après des grèves.

Il faut souligner que les résultats des ports sont plutôt bons ces dernières années, au Havre, à Dunkerque, à Lille... Il y a bien sûr un point de vigilance suite aux opérations « ports morts » en janvier 2020 : les chargeurs étrangers vont-ils continuer à venir dans les GPM français ?

Parmi les aspects positifs : la mise en service de nouvelles liaisons en 2019 et des projets vont voir le jour en 2020 et 2021. On sent un réel intérêt des chargeurs pour les transports alternatifs à la route. Le transport combiné peut être le fer de lance des transports massifiés. L’objectif de Rail Freight Forward d’un doublement de la part du ferroviaire d’ici 2030 passe forcément par le transport combiné. Il y a des demandes de chargeurs en lien avec les transitions énergétique et écologique. Les perspectives sont positives.

NPI : Qu’en est-il du soutien au transport combiné ?

A.B : Il y a un soutien financier, avec l’aide à la pince, doté de 27 millions d’euros par an sur 5 ans avec un engagement de la ministre Elisabeth Borne jusqu’en 2022. Le GNTC souhaite une multiplication par 3 de ce soutien, soit 75 M€ par an. Cette demande repose sur une étude qui montre que le soutien au transport combiné est beaucoup plus important en Belgique, en Allemagne, en Suisse qu’en France où pour chaque manutention 16 à 17 € sont versés à l’opérateur. Pour celui-ci, il est plus rentable de faire Anvers-Lyon que Le Havre-Lyon car le montant versé dans les autres pays est supérieur à celui en France. Le GNTC porte cette demande dans le cadre d’un plan de relance du fret ferroviaire pour lequel la DGTIM nous a interrogé tout comme l’Afra et Objectif OFP notamment. Un financement est prévu pour ce plan.

NPI : Quelles autres demandes proposez-vous dans le cadre de ce plan de relance ?

A.B : Nous voulons une diminution du prix des sillons ferroviaires qui sont actuellement trop chers pour les opérateurs de transport combiné, ce qui a des conséquences négative en termes de compétitivité. Nous souhaitons une baisse de 50 % de la tarification du prix des sillons.

Nous demandons une amélioration de la qualité de service sur le réseau ferroviaire : une ponctualité des trains et des sillons robustes. C’est un sujet majeur et indispensable au développement du transport combiné.

Nous demandons un plan de financement pour la rénovation et la modernisation des plates-formes de transport combiné existantes. Sachant que nous travaillons avec la DGITM, SNCF Réseau, les opérateurs à la mise au point d’un schéma directeur des plates-formes pour déterminer comment mieux mailler le territoire en fonction des flux et des hubs logistiques.

Comme autres demandes, il y a le développement du gabarit P400, des trains longs de 850 à 1 000 mètres. Ce dernier point nécessite une adaptation des infrastructures mais des trains plus longs permettent de massifier davantage et rendent le transport combiné plus compétitif.

NPI : Comment renforcer le transport combiné dans les ports ?

A.B : Les ports sont des acteurs majeurs du transport combiné et de plus en plus nombreux à adhérer au GNTC. Nous souhaitons la mise en œuvre de dispositifs incitatifs pour encourager au report modal dans les ports français. On peut aussi imaginer qu’ils jouent un rôle dans le démarrage de nouveaux services, comment peuvent-il y participer ? Enfin, nous poussons toujours vers la mutualisation des THC sur le modèle de ce qui a été mis en place avec succès à Dunkerque.

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