«Nous avons beaucoup de projets en lien avec la responsabilité sociétale que le groupe peut avoir. Nous avons multiplié les actions dans le sens de la protection de l’environnement et le train en fait partie. Nous nous félicitons sur le site des baisses de la nuisance sonore, de la dangerosité sur la zone et de l’empreinte carbone, tout est électrique à partir de la zone ferroviaire », précise Géraldine Laguerre, chargée de communication du site Perrier de Vergèze dans le Gard. Equipé des dernières technologies en matière de géolocalisation et de sécurité, le train réduit le bruit des manœuvres globales de 10 à 15 %. « Nous avons mis en place quelque chose d’innovant, un train high-tech entièrement électrique sur le réseau SNCF, soit 700 mètres de voie jusqu’à l’installation terminale embranchée à Vergèze. Nous avons le projet de réaliser la totalité du sillon entièrement avec l’électricité. De même, c’est la première qui existe en Europe, on a une locomotive totalement électrique », poursuit Géraldine Laguerre.
Le parcours en train d’une centaine de kilomètres entre Vergèze et Marseille-Fos permet de réduire les émissions de gaz à effet de serre de 2 500 tonnes équivalent CO2 par an comparé à la solution de transport précédente. Cela a permis de désengorger la nationale 113. Les 54 poids lourds aller-retour (sachant qu’un camion correspond à un conteneur) qui ne sont plus chargés par jour sur le site ne se retrouvent plus devant le port de Marseille-Fos. Grâce au réseau ferroviaire, Nestlé Waters a obtenu un accès facilité à ce port.
Une mobilisation d’acteurs
Cette initiative d’un train fait partie d’un « vaste plan d’aménagement du site de Vergèze. Le groupe Nestlé Waters a décidé d’investir 200 millions d’euros sur 5 ans sur le site avec le retour du ferroviaire, le magasin d’embouteillage et celui de grande hauteur ».
Le projet « Cap Perrier 2020 » avec une capacité de stockage d’exploitation de 45 000 palettes s’inscrit dans une volonté de développement de la marque et des volumes. En 2019, la production a été de 1,670 milliard de bouteilles. Près de 13 500 conteneurs remplis de bouteilles et de cannettes de Perrier ont été transportés par rail entre septembre 2018 et septembre 2019. L’objectif du groupe est d’atteindre une gestion de la ressource en eau qui est raisonnée avec l’ensemble des autorités. La partie développement de la marque et du niveau de volume répond à une croissance portée par l’export. « 55 % du volume est dédié à l’export et ça représente 144 pays. Nous sommes présent dans le monde entier : toute l’eau qui est vendue à travers le monde provient du site », explique Géraldine Laguerre.
Au niveau des travaux, Mohamed Boudouya, superviseur logistique et responsable de l’exploitation du site, précise : « Il a fallu réaménager des voies en les mettant sur des nouvelles normes et réaliser la mise en place de la dalle ».
La réalisation du retour du train a été faite en un temps record. C’est en 12 mois seulement que Nestlé Waters a réussi à transformer la chaîne logistique de son site Perrier en amont de ses exportations transitant par le port de Fos. « La réalisation a été réussie avec une équipe engagée, avec un appui exceptionnel des référents métiers et, autre performance à souligner, avoir réussi à mettre autour d’une table les différents acteurs engagés dans ce projet soutenu par la région Occitanie », assure le superviseur logistique.
L’une des conditions au port de Fos a été la possibilité de faire travailler les dockers de nuit. Une partie du trafic se fait en effet de nuit pour un départ chargé et un retour de 54 conteneurs vides à charger. La plage horaire pour pouvoir rentrer dans les sillons du train avec une arrivée sur site du nouveau train à 15 heures qui est ensuite chargé entre 15 heures et 16 heures 30. Ce sont 16 conteneurs qui sont chargés chaque soir.
Actuellement, pour les 54 conteneurs traités par jour, ce sont six personnes qui ont été recrutées et sont entièrement dédiées à la gestion du train. « On est sur un schéma logistique plus viable et rentable pour le site et la SNCF ». Auparavant, « une politique de la logistique et une organisation du fret SNCF ne convenaient plus au site. Aussi la politique du groupe a fait que l’on a abandonné le train pendant plusieurs décennies. Cependant, le transport ferroviaire a toujours fait partie de l’ADN de Perrier avec l’utilisation du train dès 1908, d’où son juste retour ».
Un bilan positif
Depuis septembre 2018 et la première mise en service, « nous avons 100 kms de voies entre ici et Fos sur une projection de 250 trains et un atterrissage de 237 trains. Durant la période de grève des dockers en 2019, nous avons réussi à maintenir 3 trains sur 5 par semaine, dans le contexte de la distance courte qui nous a donné du bonus. Nous avons pu maintenir cette activité sans trop souffrir lors des périodes de grève », souligne le superviseur logistique. Ainsi, malgré deux périodes de grèves, 95 % de la production en terme d’exportation a pu être maintenue. « Nous avons réussi à maintenir l’exportation pour mieux servir nos clients ». Il faut préciser que pour les trains de Perrier, les grèves à la SNCF ont eu moins de conséquence que celles des dockers qui ont bloqué le port. Depuis le début 2020, « grâce aux stocks tampons, les effets négatifs de la grève ont été réduits. Mais si les mouvements sociaux perdurent, il est difficile d’estimer les conséquences qu’ils auront sur l’ensemble de 2020. Nous n’avons pas le recul nécessaire pour les évaluer pour le moment », commente Mohamed Boudouya.
En tout cas, pour Perrier, le bilan du retour au ferroviaire à partir de septembre 2018 est considéré comme positif pour plusieurs raisons : le lissage de l’activité avec un roulement et un rythme régulier avec le train, la fiabilité de la solution, en dehors des grèves, « permettent qu’on arrive à atteindre nos objectifs de réalisation . Au-delà de l’image du groupe, on habite cette région et une entreprise qui est soucieuse de l’environnement du territoire, c’est une fierté. On travaille pour un groupe qui est économiquement responsable ». Tout cela a des retombées bien évidemment positives sur les conditions de travail, selon les responsables du site. Le succès de la liaison par la voie ferroviaire avec Marseille-Fos commence à être connu et pourrait entraîner d’autres chargeurs à envisager un report modal similaire.