Le canal du Midi, l’œuvre de Pierre-Paul Riquet

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Retour sur l’histoire du canal du Midi, construit au 17e siècle, né de la volonté de Pierre-Paul Riquet, qui l’a aussi financé en grande partie, et dont il ne verra pas l’achèvement. Plus ancien canal d’Europe encore en fonctionnement, le canal du Midi, classé depuis 1996 sur la liste du patrimoine mondial de l’Unesco, est aujourd’hui géré par Voies navigables de France (VNF), l’Etat en étant le propriétaire. Il comporte des ouvrages remarquables et uniques, d’un intérêt assez exceptionnel, qui font partie, entre autres, de ses attraits touristiques majeurs.

Le canal du Midi, construit au 17e siècle sous le règne de Louis XIV par Pierre-Paul Riquet, parcourt 240 km de Toulouse à l’étang de Thau. Il est un lieu de balade très recherché pour ses berges et sa voie d’eau. Au niveau de Toulouse, à la fin du 19e siècle, il a été prolongé par le canal latéral à la Garonne et, côté est, par le canal du Rhône à Sète.

à l’origine de sa construction, l’idée initiale de relier la Garonne à la Méditerranée par un canal, remonte à l’Antiquité sous l’empereur Auguste et a été reprise par Charlemagne, François 1er puis Henri IV. Le premier objectif était de réaliser un canal maritime afin de faciliter le transit des marchandises en reliant l’océan Atlantique à la mer Méditerranée sans avoir à contourner l’Espagne en empruntant le détroit de Gibraltar qui représentait un « périple » de plus de 3 000 km. L’autre intérêt de ce nouveau parcours était d’échapper aux pirates, fort actifs dans le secteur. Comme toujours, il avait également un intérêt politique et militaire car le détroit de Gibraltar, situé au sud de l’Espagne (seul passage maritime entre l’océan Atlantique et la mer Méditerranée), était contrôlé par le royaume d’Espagne qui, à chaque passage, encaissait des droits de « péage ». L’autre objectif était donc, par ce canal, d’affaiblir la puissance espagnole.

Un « inventeur » et un précurseur

Sa construction, c’est-à-dire le creusement et les différents ouvrages, a duré un peu plus de 14 ans. Il faut aussi ajouter à ce délai les négociations et, bien sûr, les études d’aménagement, ce qui conduit à un total d’une vingtaine d’années pour qu’enfin, il voit le jour sous la supervision de Pierre-Paul Riquet et le contrôle de Jean-Baptiste Colbert.

Et ce sont pas moins de 12 000 hommes et femmes qui ont œuvré sous la direction de « l’inventeur » du canal du Midi, Pierre-Paul Riquet, entrepreneur français, et, avant cela, fermier général des gabelles. L’homme avait un esprit visionnaire, assorti à une grande capacité de travail, mais il était aussi un fin calculateur. Tenace, il a su résister à ses détracteurs, à cause, entre autres, de ses avancées sociales concernant les conditions de travail de ses ouvriers, il a été, en quelque sorte, le précurseur de la sécurité sociale. Il a su prendre des décisions, sans doute risquées, mais pour le moins audacieuses avec, par exemple, le percement du tunnel de Malpas (seul tunnel du canal) pour l’arrivée du canal à l’étang de Thau ou encore concernant le parcours le long de l’Aude. Il a assumé seul ses engagements et a consacré le reste de sa vie à « son canal ». Une fois les émissaires du roi convaincus, les travaux vont enfin commencer avec l’aménagement de l’alimentation en eau dans la Montagne Noire. La construction du bassin de Saint Ferréol débutera en 1667 et sera terminé en 1672.

Des ouvrages remarquables

Les travaux se répartiront en trois tranches, le tronçon de Toulouse à Trèbes sera financé par Pierre-Paul Riquet lui-même. Ce qui inclut les bassins et systèmes d’alimentation en eaux et qui constituera la première tranche de travaux. Qui seront d’ailleurs réalisées simultanément à plusieurs endroits à partir d’octobre 1666.

à peine terminé, le premier tronçon fut mis en eau et aussitôt l’administration du canal mis en service avec la barque de Poste (le terme poste correspondait à une unité de mesure) entre Toulouse et Castelnaudary avec une liaison régulière. La barque de Poste, à l’égal des diligences, a transporté des voyageurs entre Toulouse et Agde au cours des 17e, 18e et 19e siècles, date de l’arrivée du chemin de fer. Elles étaient, au début, tractées par un ou deux chevaux depuis les chemins de halage. Ceux-ci sont devenus maintenant des chemins de promenade et parfois des pistes cyclables.

La seconde tranche sera, cette fois-ci, financée par l’Etat et débutera le 30 juin 1668 entre Trèbes et l’étang de Thau. La troisième tranche, quant à elle, consistera en la construction du port de Sète, connu à l’époque sous le nom de « Cette ». C’était alors, un simple petit port de pêche qui deviendra la ville et le port que l’on connaît de nos jours.

Chaque fois que le tracé obligeait à couper un cours d’eau ou une voie de circulation existante ou bien encore rencontrait la difficulté d’une pente ou d’une colline, un ouvrage a dû être construit. Ainsi on compte 350 constructions qui, pour certaines, datent de plus de 300 ans. Des ouvrages pour certains remarquables qui agrémentent la voie d’eau et ses berges. 130 ponts ont été réalisés pour franchir le canal avec les roches disponibles sur place comme de la roche volcanique, du calcaire de grès ou encore de briques. Il a été parfois nécessaire de construire une chaussée sur la rivière pour maintenir un niveau d’eau suffisant à la navigation en période estivale. Afin d’éviter les crues sur le canal, ce sont des épanchoirs (ouvrages d’art par lesquels peut se déverser un trop-plein) et des déversoirs (ouvrages au-dessus desquels s’écoulent les eaux d’un canal) qui ont été aménagés afin d’évacuer le surplus d’eau. L’épanchoir des Patiasses près de la Cesse dispose de 7 vannes de fond. C’est l’un des plus spectaculaires du canal du Midi.

Parfois, cette solution ne pouvait pas être adoptée, aussi Pierre-Paul Riquet a construit pour la première fois en Europe un pont-canal (il existe 7 ponts-canaux). Toutefois, l’aqueduc de Répudre est le seul qui ait été aménagé sous ses directives. La plupart de ceux qui seront réalisés par la suite le seront en majorité par Sébastien Le Prestre de Vauban, toujours sous Louis XIV.

Lorsque la problématique a été de gérer une pente, cette fois-ci, ce sont des écluses qui vont être construites. Ainsi pas moins de 63 écluses ont été nécessaires entre chaque bief. Selon la hauteur à descendre, on a du créer des « escaliers » de 2, 3 et jusqu’à 9 écluses. Fonséranes (près de Béziers) en est un magnifique témoignage du plus bel ouvrage remarquable réalisé, avec son enchaînement de 9 écluses. Celles-ci ont été construites en pierres de taille et scellées à la chaux. à noter, que les écluses du canal du Midi sont facilement reconnaissables à leur forme ovoïde qui répartit la pression sur les piliers.

Le concepteur du canal du Midi, Pierre-Paul Riquet n’en verra pas l’achèvement, soumis jusqu’au bout à de nombreuses controverses. Il décédera quelques temps avant la fin des 14 ans de travaux.

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