C’est avec une légitime fierté que l’Acuta (Association des chargeurs et utilisateurs de transport en Alsace) a fêté ses 40 ans, en septembre 2019. Créée en 1979 par les responsables transports de quelques fleurons de l’industrie alsacienne (Adidas, Kronenbourg, Liebherr, NSC Schlumberger, etc.), elle est devenue l’une des plus anciennes représentantes des chargeurs en régions – avec sa voisine lorraine UCL – et la plus importante, forte d’une soixantaine de chargeurs renforcés des quelque 25 membres du Cercle des partenaires évoluant dans les activités connexes.
Rester prudent
En toute logique dès lors, l’Acuta assure la représentation des associations régionales au sein de l’entité nationale, l’AUTF (Association des utilisateurs de transport de fret). Avancer en âge, en taille et en « statut » n’a pas altéré la fidélité à sa mission qu’elle résume en cinq verbes : informer, rassembler (pour favoriser les échanges), représenter, influencer, solutionner (les problèmes).
Successeur de Jean-Georges Schildknecht à la présidence de l’Acuta depuis 2015, Jean-Marc Rohlmann rappelle les attentes de la profession en Alsace vis-à-vis des différents modes de transport et de la logistique, dans le contexte si particulier du Covid-19 : « La disponibilité de sillons pour le fret ferroviaire, de façon générale, nous préoccupe. L’absence de solution satisfaisante vers le sud, faute de gabarit adapté sur l’axe Rhin-Rhône, reste hélas une réalité immuable, on ne voit rien bouger sur le sujet. Sur le wagon isolé, en revanche, nous observons un début de perspective d’ouverture de Fret SNCF : c’est à suivre. Quant aux lignes de fret capillaires, la mobilisation de la région Grand Est pour leur régénération apporte un motif d’espérance, mais se pose la question de l’engagement des moyens financiers : seront-ils à la hauteur, par rapport à ceux consacrés aux voyageurs ? »
Concernant le fluvial, pour Jean-Marc Rohlmann : « La généralisation des basses eaux constitue pour les chargeurs aussi un point de vigilance de plus en plus fort, plusieurs de nos membres participeront au groupe de travail que lance le port autonome de Strasbourg ».
À propos du transport routier, Jean-Marc Rohlmann relève : « La pénurie de chauffeurs se fait criante. Dans la messagerie express en particulier, elle entraîne des retards considérables. Cette situation que subissent nos partenaires transporteurs nous interpelle, nous chargeurs : devons-nous davantage, comme dernier maillon de chaîne, participer aux actions de promotion de ces métiers, ou aux formations ? En fait, comme les collègues transporteurs, nous manquons de visibilité sur le caractère de long terme ou pas de ces tendances, sur l’effet durable du post-Covid-19 et de la nouvelle « doxa » de la relocalisation et du multisourcing. Il convient donc sans doute de rester prudent… mais sans se départir de la fameuse « agilité » que demandent les uns après les autres les cabinets-conseils à nos métiers ».
Enfin, sur la logistique, Jean-Marc Rohlmann ne peut que « constater notre retard dans l’automatisation des entrepôts, en comparaison de l’Allemagne ».