La Seine à vélo, c’est pour juin 2020 !

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Dernier fleuve français à ne pas en être équipé, la Seine aura dès cette année sa vélo-route de Paris à Deauville et au Havre. Un itinéraire amené à évoluer grâce à de futurs aménagements, et qui sera à l’avenir prolongé vers l’amont. Vélo et voies d’eau ont toujours fait bon ménage, les cyclistes appréciant de pédaler le long des fleuves et canaux, itinéraires présentant peu de côtes. Parmi les vélo-routes européennes, une des plus célèbres est celle reliant la mer Noire à l’Atlantique, empruntant la vallée du Danube et celle de la Loire. Le Rhin, le Rhône, la Meuse, la Moselle, la Saône, les canaux de Bourgogne ou encore le canal Deux-Mers sont aussi longés par des itinéraires cyclables. La Seine demeurait la dernière grande voie d’eau française à ne pas l’être : la Seine à vélo, qui existait sur le papier depuis des années sous le nom de vélo-route 33, peinait à s’imposer sur le terrain. Le sujet a émergé lors des travaux du « schéma stratégique 2030 pour l’aménagement et le développement de la vallée de la Seine », élaboré en 2014 sous la houlette du délégué interministériel à la vallée de la Seine, le préfet François Philizot. Trois sujets touristiques avaient été mis en avant par ce schéma : la croisière fluviale et maritime, l’impressionnisme, et le développement de l’éco-tourisme via les voies vertes. L’aménagement d’un itinéraire cyclable entre Paris et l’estuaire de la Seine est donc inscrit en 2015 au Contrat de plan interrégional État-régions, qui finance un diagnostic confié à l’association Départements & régions cyclables, devenue depuis Vélo & territoires. Les agences d’urbanisme de la vallée de la Seine planchent aussi sur le sujet. « Le diagnostic a convaincu tout le monde de l’intérêt du projet Seine à vélo, que les départements ont repris à leur compte. Tout est allé très vite car il y avait un vrai engouement sur le sujet », souligne François Philizot.

Un projet de développement territorial

Les départements de l’axe Seine ont donc créé un Comité d’itinéraire les réunissant autour de la Seine à vélo. C’est le département de l’Eure qui joue le rôle de chef de file sur ce sujet, de la même façon que celui du Val-d’Oise le fait sur celui de la structuration de l’offre touristique autour des escales de croisières. Au total, 15 collectivités riveraines de la Seine en aval de Paris financent le projet. « La priorité est d’aménager l’infrastructure, pour que l’itinéraire soit continu et balisé. Ensuite viendra la mise en tourisme et la promotion de cet itinéraire, qui pourra notamment se faire en coopération avec VNF », indique Hélène Berthe, coordinatrice du comité d’itinéraire.

Le but du projet est d’apporter des retombées économiques à des territoires ne bénéficiant pas forcément de sites touristiques majeurs. Pour cela, il doit être adopté par les croisiéristes, dont les bateaux embarquent des flottes de vélo et qui proposent des excursions cyclistes à l’escale. « L’intérêt commun des croisiéristes et des territoires concernés serait de faire des principales escales de paquebots fluviaux des lieux d’information et d’y développer des services adaptés pour qu’ils deviennent le départ de boucles locales. Cela permet, au-delà de l’itinéraire Seine à vélo, de découvrir les territoires en profondeur », explique François Philizot.

La Seine à vélo n’a d’ailleurs pas seulement un but touristique : les vélo-routes sont aussi utilisées par les habitants des territoires traversés, en semaine pour des déplacements doux domicile-travail, comme le week-end pour une balade à vélo sécurisée en famille.

À la différence de la Loire à vélo, qui peut lui servir de modèle, l’itinéraire de la Seine à vélo longe un fleuve navigable et traverse des régions plus urbanisées, plus denses, avec beaucoup d’activités industrielles et portuaires bord à voie d’eau. Sur la carte, passer à vélo le long de la Seine peut paraître séduisant, mais ce n’est pas toujours idéal.

Les ports de commerce présents le long de la Seine peuvent constituer des obstacles à la continuité de l’itinéraire à vélo, car il est difficile d’y faire circuler des cyclistes en respectant la sécurité de l’exploitation portuaire. Quand il ne peut être établi au ras de la Seine, un itinéraire alternatif est recherché, le plus agréable possible pour les cyclistes, qui comprennent généralement cette contrainte. À Gennevilliers, par exemple, l’itinéraire cyclable contourne le port. Pour le futur port d’Achères, la circulation des vélos sera plus facile car elle est prévue dès l’origine du projet. À Rouen, la métropole travaillait déjà sur le sujet des circulations douces et de la reconquête des quais et des berges. Le projet Seine à vélo l’a sans doute poussée à aller plus vite. Plus en aval, un secteur d’une quinzaine de kilomètres entre Port-Jérôme et Le Havre présente davantage de difficultés : l’itinéraire n’y est pas encore défini.

Un itinéraire évolutif

Le 13 juin 2020, aura lieu l’inauguration officielle de la Seine à vélo. « Mais ce n’est pas un aboutissement. C’est un début car ce que nous avons réalisé est un premier itinéraire continu et fiable, mais qui sera en perpétuelle amélioration au gré de futurs aménagements. Pourront ainsi être créés des boucles en aménageant les deux rives, des itinéraires alternatifs pour changer de point de vue, par exemple pour rouler sur les hauteurs ou au contraire se rapprocher du fleuve », précise Hélène Berthe.  Comme la Loire à vélo, qui continue à évoluer au fil des nouveaux aménagements, l’itinéraire de la Seine à vélo ne sera pas figé à partir de juin prochain. D’ailleurs, une initiative se met en place avec les collectivités locales et des associations pour poursuivre la démarche vers l’amont.

Fluvestre et vélo : que fait VNF ?

D’après VNF, 91 % de son réseau est situé à moins de 5 km d’une voie du schéma national vélo, ce qui montre le potentiel du domaine fluvial pour le tourisme à vélo. D’ailleurs, les loueurs de bateaux de plaisance en France figurent aussi parmi les premiers loueurs de vélo, car cela permet des déplacements à l’escale. VNF n’est pas aménageur en matière de cyclisme, et n’a d’ailleurs pas le budget pour cela. L’établissement facilite cependant les aménagements qui sont réalisés par les collectivités et y voit une source de financement supplémentaire pour l’aménagement et l’entretien des berges.

Les chemins de halage sont à l’origine uniquement aménagés pour permettre aux agents VNF d’intervenir sur le réseau navigable pour son entretien. Par défaut, toute autre utilisation est interdite, avec une tolérance pour les piétons qui ne s’étend pas aux cyclistes. Le passage à vélo sur le chemin de halage peut parfois se faire après une demande officielle : une procédure trop lourde pour le simple touriste désirant faire un peu de vélo.

Pour la continuité d’un itinéraire le long du fleuve, le principal outil utilisé par VNF est domanial : il s’agit de la convention de superposition d’affectation (CSA), qui permet à une collectivité de gérer une partie du domaine public fluvial pour la création d’une voie verte ou d’une vélo-route. Cet outil peut aussi s’appliquer à la traversée d’une voie d’eau sur la passerelle d’une écluse par des piétons ou des cyclistes.

VNF a passé un partenariat avec l’association Vélo & territoires, identifiant quatre itinéraires à développer : le canal du Rhône à Sète ; le canal des Ardennes avec la volonté de VNF de développer le tourisme sur cette infrastructure ; la Saône qui est longée par la vélo route « échappée bleue », de Bruxelles à Lyon ; et la Seine.

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