La Société anonyme de la cale de halage d’Arles (Sacha) est concessionnaire du site de 5 000 m2 situé en rive gauche du Rhône à Arles dans le quartier de Barriol. Le site appartient à Voies navigables de France (VNF) en tant que gestionnaire du domaine public fluvial et c’est l’établissement qui a été maître d’ouvrage des travaux réalisés, indique Denis Striecher, responsable de la subdivision études et travaux de Beaucaire, au sein de la direction territoriale (DT) Rhône-Saône de VNF. « Suite aux multiples évolutions que le site a connues sur ces trois dernières années, à la mi-septembre 2020, les bateaux de 135 mètres vont pouvoir être accueillis », ajoute Denis Striecher.
Le site, qui permet l’entretien et la réparation de bateaux fluviaux, « n’est pourtant pas un chantier fluvial », rappelle Arnaud Damiani, directeur de la Sacha. C’est surtout la seule aire de carénage qui soit du domaine public fluvial. La cale de halage d’Arles est reconnue comme un équipement indispensable au développement de la navigation fluviale. Elle permet de réaliser l’entretien et la réparation des bateaux naviguant sur le Rhône (par des entreprises privées choisies par le propriétaire du bateau) avec le décapage, le sablage, la peinture, le nettoyage des cuves, etc. Ces principales activités sur le site entraînent des émissions de poussières, le rejet d’eaux industrielles polluées, le stockage de matériaux polluants et inflammables, et ont nécessité des travaux de mise aux normes. Par ailleurs, l’extension du slipway faisait aussi partie du cahier des charges des travaux.
Le pdg de la Sacha, Alain Biechel, tient à rappeler les faits. La Dreal (qui avait mis en demeure l’aire de halage) a enregistré la Sacha comme installation classée pour la protection de l’environnement (ICPE) le 9 novembre 2016, après au moins six ans de négociations retardées à cause de diverses questions techniques et juridiques (modification du POS) de la ville d’Arles, par exemple, et ainsi les travaux d’extension et d’amélioration n’ont « seulement » débuté qu’en 2018.
La cale de la société anonyme est constituée sur un parvis avec une inclinaison à 10 % qui ne répondait pas aux exigences réglementaires sur plusieurs critères environnementaux, en termes de rejets des eaux (assainissement des eaux pluviales et usées), d’émissions de bruit (plainte du voisinage) et de poussières dans l’air, de sécurité incendie sur le terrain.
C’est pourquoi une mise à niveau ne pouvait plus être retardée de façon à réduire les conséquences sur l’environnement et à accueillir de plus grands bateaux conformément à l’évolution de la flotte. Cependant, compte tenu de son rôle majeur pour le transport fluvial sur le Rhône, son activité devait être maintenue pendant les travaux. « C’est un équipement indispensable, s’il n’y avait pas de slipway à Arles, il ne serait pas possible de faire des réparations sur le bassin », relève Olivier Norotte, directeur adjoint de la DT Rhône-Saône de VNF. Celui-ci ajoute : « Cela fait sept ans que je suis en poste et j’ai, entre autres, suivi le programme d’investissement. On a fait des études environnementales. Certes, on a un maître d’œuvre avec Intervia mais on suit le dossier ». Car c’est le seul équipement vital sur le bassin en capacité de hisser des bateaux au-delà de 40 mètres et « pour maintenir l’activité à moindre coût, on a sollicité plusieurs partenaires », tient à signifier Olivier Norotte. Pour l’extension et la mise aux normes, 9,3 millions d’euros ont été planifiés pour une durée de l’opération estimée à 18 mois. Aux côtés de VNF, maître d’ouvrage, et de l’Europe avec le Feder, le projet est cofinancé par les régions Provence-Alpes-Côte d’Azur (Paca) et Auvergne Rhône-Alpes, par la CNR, par l’Agence de l’eau Rhône-Méditerranée-Corse, par le département des Bouches-du-Rhône, par l’Agence de financement des infrastructures de transport de France (AFITF). Il est à noter que le conseil régional Auvergne Rhône-Alpes s’implique dans la Sacha, société pourtant localisée dans les Bouches-du-Rhône mais qui se situe dans le bassin Rhône-Saône. L’objectif est d’améliorer l’offre de service de réparation navale sur le bassin car les chantiers existants étant à saturation, il était primordial d’augmenter la capacité de la Sacha.
Avec ses caractéristiques spécifiques, le slipway d’Arles est le plus long de France. Auparavant, il permettait de lever des bateaux allant jusqu’à 120 mètres et de 1 750 tonnes. À partir de septembre 2020, avec ses deux voies supplémentaires, il va accéder au gabarit des bateaux de 135 mètres et ainsi améliorer l’offre de service. Ses capacités antérieures étaient nettement insuffisantes et ne répondaient plus au gabarit des bateaux et à l’évolution de la flotte sur l’axe rhodanien.
Mise aux normes environnementales
Entre 2018 et 2019, les travaux ont été conduits pendant les périodes d’étiage, en été. Ils ont repris début juin 2020 : « L’objectif est de terminer les travaux pour mi-septembre qui permettront de passer de 14 à 16 voies pour accueillir des bateaux de commerce et de croisières allant jusqu’à 135 mètres de long et pesant 2 400 tonnes ». L’extension est terminée : « On est sur une extension du site de 2 voies supplémentaires numérotées, en réalité, de 13 à 15 car il y a une voie qui est numérotée mais pas opérationnelle ». Afin de réaliser ces travaux, la contrainte a été d’implanter un grand batardeau en palplanches et ensuite de pomper dans le lit du Rhône afin de pouvoir travailler au sec sous le lit du Rhône. L’autre contrainte a été « la co-activité avec les différents corps de métiers. Travailler sur un site relativement petit mais réaliser de grands travaux pour mettre en place des rails et des équipements et couler le béton », commente Denis Striecher. Au final, les voies de levage sont indépendantes et synchronisables en fonction de la longueur de l’unité levée. La voie 7 a également fait l’objet de travaux de réfection.
En ce qui concerne les mises aux normes d’un système de récupération des eaux industrielles et des eaux de ruissellement qui peuvent venir des bateaux, des caniveaux ont été creusés de 40 à 50 cm de profondeur. Des dalles en béton ont été réalisées ainsi que deux rangées de caniveaux qui recueillent les eaux pluviales et les eaux usées récupérées sur le chantier. Ce réseau descend dans un regard au nord du slipway où des pompes vont refouler toutes ces eaux dans un bassin de rétention qui est construit mais pas encore exploité. « Il y a eu un débat avec la Sacha qui ne souhaite pas avoir de station d’épuration sur le site », commente le directeur adjoint de VNF Rhône-Saône. Aussi, c’est un centre agréé qui va récupérer les eaux usées. Les camions vont pomper l’eau dans un bassin de grande capacité et la traiter.
Le mur acoustique est achevé, il a été réalisé sur toute la longueur du site et mesure 8 mètres de haut. Il évite les nuisances sonores occasionnées par le travail sur le chantier auprès des riverains très proches. La réalisation du système de sécurité incendie est en cours de finalisation. « Le projet consiste en un système de pompe qui va alimenter trois bornes de 125 m3 par heure », décrit Arnaud Damiani. En aval, un col de cygne (un piquage qui est raccordé à l’eau du Rhône) va permettre d’avoir un débit proportionnel à la puissance de la pompe. Courant juin, les bornes incendies sont au trois-quarts installées, le directeur assure : « dans les trois mois à venir, elles seront posées, branchées et vérifiées ».
L’organisation d’un quai d’attente reste le dernier point à planifier, retardé par la présence de quatre épaves sur le site.