Afin de déterminer ce que peut lui apporter une meilleure utilisation des données numériques, le Grand port maritime de La Rochelle (GPMLR) a confié une mission à Capgemini. Les conclusions ont dégagé sept domaines d’intervention : les données, l’opérationnel, le foncier, la maintenance, les services, l’environnement et la communauté.
L’opérationnel concerne en particulier la traçabilité des échanges. « L’optimisation des chaînes logistiques est au cœur du Smart Port. Il s’agit d’améliorer la connaissance par chacun du temps où la marchandise sera prête. Il est de l’intérêt des entreprises de partager ces informations, et nous essayons d’impulser une initiative collective dans ce domaine », souligne Michel Puyrazat, directeur général du GPMLR. Le port a aussi engagé un chantier sur l’amélioration des accès pour voir comment, en entrée comme en sortie, les temps d’attente peuvent être diminués tout en continuant à respecter la réglementation et à garantir la sûreté.
En ce qui concerne la maintenance, l’intelligence artificielle pour l’analyse des données permet d’adapter beaucoup plus finement l’entretien à réaliser sur les ouvrages, ou de faire de la maintenance préventive. Une étude est ainsi en cours avec le gestionnaire délégué des voies ferrées portuaires, Europorte, qui va permettre de prévoir l’état d’usure du réseau en croisant des données qui existent aujourd’hui dans différents fichiers : interventions d’entretien déjà effectuées sur le réseau d’une part, données de trafic sur le type et le poids des trains ayant circulé d’autre part. Le port prévoit le même type de démarche pour ce qui concerne les grues portuaires ou encore pour le réseau routier.
Les services, c’est tout ce qui est en dehors de l’activité portuaire elle-même, mais qui peut répondre aux besoins des entreprises utilisatrices du port. Cela peut concerner la sûreté, les déchets, ou encore l’emploi, pour lequel a été mis en place « Cap sur l’économie portuaire », démarche qui associe le port, la communauté portuaire, Pôle emploi et la communauté d’agglomération, pour mieux croiser les offres et les demandes.
En ce qui concerne l’environnement, le port est un lieu propice à la mise en place de schémas d’économie circulaire. Les données intéressent aussi les réseaux électriques : la connaissance, via l’analyse des données, des besoins et de ce que peuvent apporter les énergies renouvelables, permet d’être plus efficace dans le transport d’énergie. Ce sont les smart grids, qui permettent d’apporter en un point donné la juste quantité d’énergie nécessaire à une activité.
Une innovation opérationnelle
Le projet stratégique 2020-2024 du port, adopté récemment, reprend ces thématiques relevant du Smart Port, en particulier dans le volet « innovation au cœur de l’action », qui regroupe dix des 30 actions de la feuille de route du port. Pour Michel Puyrazat : « Nous voulons une innovation la plus opérationnelle possible, et nous voulons la placer au cœur de l’action. Il n’y a pas, globalement, d’attente spécifique concernant le Smart Port ou l’intelligence artificielle, car on ne sait pas précisément de quoi il s’agit. Mais il y a beaucoup à faire en intelligence artificielle pour faire parler les données en les mettant en relation entre elles. C’est une vraie révolution, dont il faut que les ports se saisissent car cela apporte des solutions efficaces à des problèmes concrets. Notre idée était donc de réveiller les esprits, de se saisir des possibilités et de s’acculturer au numérique. La mise en œuvre se fera en fonction des besoins concrets des entreprises portuaires ».