Le 6 février 2020, alors que tous les accès du port de Marseille-Fos étaient fermés dans le cadre d’une opération « ports morts » lancée une nouvelle fois par la FNPD, les professionnels du maritime étaient réunis au parc Chanot où se tenait le dernier jour du salon Euromaritime.
Le secrétaire d’État aux Transports Jean-Baptiste Djebbari qui avait annoncé sa venue sur le salon, n’a finalement pas pu gagner le Sud en raison de la grève des contrôleurs aériens. Un regret pour le président de région Renaud Muselier qui souhaitait lui faire passer quelques messages : « Le prochain contrat de plan Etat-région, les négociations des fonds européens » et la volonté des régions de France de mettre la main sur les onze Grands ports maritimes français dont 7 en métropole, aujourd’hui directement sous la tutelle de l’Etat (DGITM).
« Nous demandons à l’Etat que les régions puissent piloter les grands ports maritimes », a souligné l’élu tout en rappelant que la collectivité compte deux sièges au conseil de surveillance du port. Très engagé dans les questions portuaires depuis plusieurs années, Renaud Muselier a détaillé le 6 février 2020 son plan « escale zéro fumées », qui permet aux armateurs et aux ports de la façade de bénéficier de financements pour proposer des solutions alternatives au fuel (courant de quai et GNL) aux navires en escale (voir notre article).
Des pertes supérieures à 200 M€
Devant Hervé Martel, président de directoire du GPMM, présent en retrait lors de la conférence de presse, le président de la région a également dévoilé, sur le salon Euromaritime, qu’il débloquait une enveloppe exceptionnelle de 3 millions d’euros, à l’attention des entreprises maritimes et portuaires durement touchées depuis deux mois par les opérations « ports morts » de la FNPD.
Renaud Muselier, qui a confié que cette somme serait gérée par la chambre régionale de commerce et d’industrie, souhaite que le port de Marseille-Fos engage, en parallèle, une action commerciale, assortie d’une réduction de 30 % baptisée « solde spécial d’attractivité » pour inciter les clients à revenir. Ceux-ci, importateurs, exportateurs, armateurs, transitaires, transporteurs routiers, sont partis essentiellement à Barcelone, Gênes, Anvers et Rotterdam.
Le président de la collectivité déplore cette grève, « la plus longue de l’histoire du port » qui vient « gâcher dix ans de travail ». Il a fait état de pertes supérieures à 200 millions d’euros pour les deux premiers mois de 2020.
Des rabais pour faire revenir les clients
« Notre port a perdu de l’argent, de la fiabilité, a déclaré Renaud Muselier. L’Union pour les entreprises des Bouches-du-Rhône, l’UPE13, la CCI ont alerté de la situation mais la classe politique n’a pas bougé. Le seul moyen de faire revenir les clients, c’est de pratiquer des rabais. J’ai un sentiment de gâchis qui me reste en travers de la gorge mais je n’abandonnerai pas les entreprises. Ainsi, avec Gilles Simeoni, (président de la collectivité de Corse, NDLR), nous sommes intervenus auprès du Premier ministre afin d’obtenir des garanties pour les marins. Il a su nous écouter. Aujourd’hui, l’impact des grèves n’est pas encore mesurable ».
De son côté, le président de l’association Via Marseille Fos, Philippe Zichert, a indiqué qu’il modifiait complètement sa feuille de route pour 2020 : « Nous avons perdu 100 millions d’euros en décembre 2019 et 170 millions d’euros en janvier 2020. Ma priorité, c’est de reconquérir nos clients. Nous sommes en discussion avec les professionnels pour identifier les clients partis. Les transitaires vont devoir faire des efforts commerciaux ».
Le 5 février 2020, Haropa a annoncé une démarche commerciale similaire avec une réduction des droits de port navire et une remise tarifaire pendant deux ans aux porte-conteneurs qui feront escale au Havre (voir notre article)
