La Région Sud s’attaque à la pollution des navires et engage un plan de 30 M€ « zéro fumée »

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A trois mois de l’entrée en vigueur de la nouvelle réglementation internationale sur les carburants marins, la Région Sud a annoncé le 5 septembre 2019 la mobilisation d’une enveloppe de 30 M€ dans le cadre du plan « Escales zéro fumée ». Une somme, dont une partie a déjà été débloquée, destinée à soutenir les ports de Marseille, Nice et Toulon et les armateurs. Premier bénéficiaire : Corsica Linea dont le Paglia Orba se connectera au courant le 16 mai 2020 à Marseille. L’Etat de son côté, par la voix de sa ministre de la Transition écologique et solidaire, a annoncé un suramortissement pour les armateurs sans en livrer toutefois les modalités techniques. Les fumées noires qui s’échappent des navires seront-elles bientôt un mauvais souvenir dans le Sud de la France ? C’est la promesse faite par le président de la Région Sud qui, dans le cadre de son Plan Climat « une COP d’avance », a souhaité s’investir dans le sujet de la qualité de l’air liée aux transports maritimes. Profitant du déplacement à Marseille de la ministre de la Transition écologique et solidaire, et du nouveau secrétaire d’Etat aux Transports Jean-Baptiste Djebbari, Renaud Muselier a annoncé qu’il mobilisait immédiatement une enveloppe de 30 M€ pour réduire la pollution de l’air des navires français et étrangers qui font escale à Marseille, Nice et Toulon. Il entend également parvenir à mobiliser sur ces questions 4,5 M€ supplémentaires issus de fonds européens. {{IMG:1}} Sur ces 30 M€, 25 M€ sont destinés à accompagner les trois ports continentaux qui devront sensiblement augmenter le courant électrique disponible pour les connexions des navires. Marseille a déjà puisé 10 M€ dans l’enveloppe pour sa première tranche d’investissement dans le courant de quai qui devrait permettre l’équipement des terminaux corses et Maghreb en 2023 et d’un premier poste croisière en 2025.

« En 2024, le port de Marseille et les collectivités territoriales aurons investi 50 M€ pour arriver à 50 MW et multiplier par cinq la capacité. L’avenir sera à la production d’électricité avec du photovoltaïque », expliquent les dirigeants du GPMM Jean-Marc Forneri et Hervé Martel.

Systèmes mobiles à Toulon et Nice

Toulon et Nice devraient bénéficier de 6 M€ chacun. Le directeur des ports du Var Jérôme Giraud s’est réjoui de cette annonce : « C’est un moment historique pour les ports de la façade méditerranéenne puisqu’une approche globale a été initiée. A Toulon, les premiers travaux vont nous permettre d’électrifier un premier quai dès la fin de cette année. L’objectif étant d’électrifier les trois quais du centre de Toulon en 2021. Ce dispositif sera complété par une pile à combustible de manière à être certain d’avoir suffisamment de capacité électrique pour brancher trois bateaux de Corsica Ferries. Nous engagerons ensuite des actions sur le terminal de Brégaillon où escalent les rouliers. Reste la question du terminal croisière de la Seyne-sur-Mer qui nécessite une forte capacité. Je compte sur les relations partenariales avec le port de Marseille pour apporter une réponse technique et économique à ce défi majeur ».

Le port de Nice, pour sa part, envisage une solution mobile, là encore alimentée par une pile à combustible, pour le branchement électrique à quai pour un investissement de 6 M€. Pour le maire de Nice Christian Estrosi, il s’agit « d’une stratégie globale. C’est sur la mobilité globale qu’il faudra agir ». Il a aussi félicité la ministre d’avoir retenu le projet de ligne nouvelle Provence-Alpes-Côte d’Azur dans la loi d’orientation des mobilités en cours d’adoption.

5 M€ et du suramortissement pour les armateurs

Le plan « Escales zéro fumée » comprend également une aide de 5 M€ pour accompagner les compagnies maritimes à adapter leurs navires. Ainsi, la Méridionale a bénéficié d’un soutien pour tester un « scrubber sec », un filtre à particules déployé cet été à bord du Piana.

Corsica Linea a également obtenu des aides régionales pour équiper sa flotte vieillissante de scrubbers d’ici à fin 2020. « C’est la seule solution disponible pour notre flotte actuellement. Nous avons commandé un premier navire au GNL et envisageons la commande d’une deuxième unité au gaz l’année prochaine. Nous sommes en train de finaliser les accords pour l’avitaillement qui se fera par camion au démarrage », a annoncé le 5 septembre 2019 Pascal Trojani, président de Corsica Linea.

Une solution que regarde également Pierre Mattei, président de Corsica Ferries : « Nous sommes en négociations avec les chantiers navals pour la construction d’un ferry au GNL livré d’ici deux à trois ans. Il semble que le GNL sera disponible dans le Sud de la France. Nous travaillons avec des partenaires italiens qui sont très avancés sur cette question puisqu’ils possèdent déjà un navire de soutage. Dès lors que les régions prendraient l’initiative d’équiper les navires à quai en courant électrique, nous allons prendre en charge l’équipement de nos navires avec l’aide de la Région Sud. A Nice, nous avons eu une rencontre avec les responsables du port et nous avons convenu de l’importance de gérer cette problématique. Avec des escales courtes de trois quarts d’heure à une heure, le branchement à quai n’a pas de validité technique pour l’instant. Nous avons également une autre  option pour convertir nos navires au méthanol ».

L’aide de la région aux armateurs sera plafonnée à 300 000 € par navire. Néanmoins, ces investissements en faveur de la transition énergétique bénéficieront d’un suramortissement comme l’a confirmé à Marseille lors de sa venue la ministre de la Transition écologique et solidaire Élisabeth Borne : « Nous discutons avec la Commission européenne. Les motorisations GNL ou hydrogène bénéficient d’un dispositif de suramortissement de même que les scrubbers ».  

En complément, le président de la région débloque 1 M€ pour le développement d’une filière GNL à Fos, 2M€ pour soutenir la filière hydrogène et le « mix énergétique » sur les ports de la façade, 1 M€ en soutien aux associations de défense de l’environnement et de mesure. Visiblement en France, les régions sont la cheville ouvrière de cette stratégie nationale visant à répondre aux objectifs de réduction de 50 % des émissions liées au transport maritime d’ici à 2050.

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