En trois ans, de 2018 à 2020, le port de Béthune-Beuvry, exploité par la CCI Artois et situé dans le Pas-de-Calais sur le canal d’Aire, portion de la liaison à grand gabarit Dunkerque-Escaut, a connu une métamorphose en deux phases distinctes de travaux.
De mars 2018 à novembre 2019, une première période de travaux a consisté à rénover la voirie, l’éclairage et la signalétique à l’intérieur du port de Béthune-Beuvry, à renforcer le quai vrac existant et à en créer un nouveau long de 120 mètres. Le linéaire de quai a ainsi été porté à une longueur totale de 550 mètres. Il peut accueillir quatre bateaux au lieu de deux précédemment. La réalisation de ces travaux a été retardée de quelques mois à l’automne 2018 suite à la découverte de la présence d’une couche rocheuse qui empêchait d’enfoncer et de fixer les palplanches comme prévu à l’origine. Il a fallu procéder à une nouvelle étude des sols avant de poursuivre le chantier.
Cette première phase de travaux a représenté un investissement de 5,4 millions d’euros, financés par la CCI, VNF, la communauté de communes, le département, la région, l’État et l’Union européenne. Il s’agissait pour la CCI Artois de moderniser l’infrastructure et de pérenniser l’activité vrac du port dont le tonnage global avant les travaux atteignait environ 500 000 tonnes par an dont 300 000 tonnes par le fluvial. En plus des trafics existants, principalement des granulats, des minerais et des céréales, le nouveau quai vrac public est à la disposition de tout chargeur ou opérateur qui en a besoin de manière ponctuelle ou régulière.
Une plate-forme à conteneurs
D’octobre 2018 à décembre 2019, s’est déroulé le début de la deuxième phase des travaux de transformation du port de Béthune-Beuvry pour réaliser la première partie de la plate-forme conteneurs de 10 000 m2 sur un total de 16 000 m2. Côté bord à voie d’eau, c’est l’ancien quai vrac renforcé qui est utilisé pour l’activité conteneurs et la manutention est opérée par deux nouveaux Reach-Stackers.
Ce sont 1,3 millions d’euros qui ont été consacrés à la réalisation de ce début de la deuxième phase de travaux. La somme se répartit entre la CCI, la région, l’État et l’Union européenne.
« La plate-forme répond aux normes des transports fluviaux, maritimes, des douanes, en termes de sécurité et sûreté. Il y a un enregistrement et un suivi des conteneurs de bout en bout », explique Laurent Dufour, directeur du port.
Depuis février 2020, le quai et la plate-forme sont utilisés par le groupe Roquette, un leader des ingrédients d’origine végétale à destination des marchés de l’alimentation, de la nutrition et de la santé.
« Roquette était déjà présent à Béthune côté vrac. Depuis février 2020, ce sont 50 conteneurs par jour qui arrivent au port de Béthune depuis l’usine de Lestrem par la route puis empruntent la voie fluviale jusqu’au port de Santes. A l’aller, les conteneurs sont pleins, au retour, ils sont vides », précise Alain Cuisse, vice-président de la CCI Artois.
D’autres chargeurs, notamment de la grande distribution, pourraient être intéressés par le terminal à conteneurs de Béthune-Beuvry. « La plate-forme, c’est aussi une zone de manutention pour du chargement-déchargement et du stockage de conteneurs vides pour les compagnies maritimes. Sur un total de 250 000 EVP disponible, 92 000 EVP peuvent être dédiés au stockage », ajoute Laurent Dufour.
La fin de la deuxième phase de travaux, d’un montant de 1,8 millions d’euros, est prévue d’ici la fin 2021 et concerne les 6 000 m2 restant à finaliser de la plate-forme conteneurs. « Il faut d’abord déplacer la centrale à béton d’Eqiom ailleurs dans le port, c’est-à-dire vers le nouveau quai vrac, avant de pouvoir réaliser la suite de la plate-forme à conteneurs », indique Laurent Dufour.
La perspective de Seine-Nord Europe
En termes de trafic, le nouveau terminal pourrait atteindre 22 000 EVP chaque année, soit environ 500 000 tonnes, et donc un doublement du tonnage actuel total du port. « Nous tablons sur une perspective de croissance équilibrée entre les deux activités vrac et conteneurs », dit Laurent Dufour.
La métamorphose de Béthune-Beuvry s’inscrit dans une ambition affichée de redonner à ce site une place de choix dans le maillage des ports intérieurs des Hauts-de-France mais aussi dans la perspective de l’arrivée du canal Seine-Nord Europe.
Alain Cuisse conclut : « Nous sommes prêts pour accueillir le développement du transport fluvial. Et nous disposons pour l’avenir d’une réserve foncière de 13 000 hectares de l’autre côté du canal. La voie d’eau est une solution écologique qui est sous-utilisée en France à la différence de ce qui se passe en Belgique ou aux Pays-Bas ».