Depuis une quinzaine d’année, le gestionnaire flamand des voies navigables, De Vlaamse Waterweg, poursuit de manière soutenue la mise au gabarit de la liaison fluviale qui va de Gand et du canal maritime vers Terneuzen jusqu’à Wervik, dernière commune flamande sur la Lys mitoyenne avec la France.
Des chantiers importants ont déjà été menés à bien, comme la construction des nouvelles écluses à Evergem ou Harelbeke, la traversée de Courtrai et le recalibrage du bief nord du Ringvaart autour de Gand. D’autres se situent dans un stade avancé, comme l’adaptation du canal de Gand à Ostende et du canal de dérivation de la Lys jusqu’à Deinze à la navigation à la classe Vb et le réaménagement de la traversée de Wervik (côté flamand). Il faut encore procéder là à la reconstruction de certains ponts et à des dragages pour porter le tirant d’eau maximal aux 3,5 mètres correspondant aux 4 500 tonnes de capacité de chargement visées.
Sur la Lys et sur l’Escaut
Les efforts actuels et à venir portent essentiellement sur la Lys en amont de Deinze. La nouvelle écluse de Sint-Baafs-Vijve sera opérationnelle au second semestre. Elle permettra le passage de convois de 190 mètres de long et 11,4 m de large. Les autres travaux englobent la traversée de Menin, le calibrage phasé de la rivière et la réalisation de ponts d’une hauteur libre de 7 mètres en vue d’une navigation conteneurisée sur trois couches. Plusieurs sections élargies pour le croisement de convois Vb sont également prévues.
En Flandre, le volet purement infrastructurel devrait être clôturé en 2027, conformément aux clauses de « l’Acte d’exécution » conclu avec l’Union européenne et en temps voulu pour l’ouverture de la liaison, prévue pour 2028. La Flandre aura alors déboursé quelque 650 millions d’euros sur la Lys pour tenir sa part des engagements contractés.
Mais Frank Serpentier souligne que le projet Seine-Escaut intègre des volets économiques, écologiques, technologiques… Un des objectifs est de créer autour de l’axe fluvial une zone de développement économique, de rendre à la nature pas moins de 500 hectares de rives et anciens méandres, de faciliter la navigation intérieure par le biais d’une gestion électronique du trafic, etc. Ces autres aspects nécessiteront sans doute quelques années supplémentaires pour leur pleine réalisation.
Même si la Lys constitue l’axe majeur du projet Seine-Escaut pour la Flandre, l’Escaut n’est pas oublié. Les investissements y restent pour l’heure plus limités (comme l’installation d’un nouveau barrage à l’écluse de Kerkhove), mais ils ouvrent la voie à des interventions ultérieure de plus grande envergure. Le remplacement des anciennes écluses d’Asper, Oudenaarde et Kerkhove n’est toutefois pas prévu – hormis les études préparatoires – dans le contrat conclu avec l’UE.
La même chose vaut pour l’amélioration de la navigabilité de l’Escaut maritime entre Gand et Anvers pour rendre possible une navigation indépendante des marées au gabarit Va et, pour les conteneurs, sur trois couches.
Sur les canaux latéraux
Dans le cadre de Seine-Escaut, la Flandre porte aussi une attention particulière aux canaux Roeselare-Lys et Bossuit-Courtrai. Le premier constitue une sorte de darse latérale de la Lys dont le poids économique et l’importance en termes de trafic fluvial (plus de 4 millions de tonnes) sont considérables. Une récente étude a démontré que ce canal a besoin de travaux urgents pour continuer à jouer ce rôle. Le second constituerait une liaison rapide entre la Lys et l’Escaut (au gabarit Va) s’il ne se terminait pas à Courtrai par trois écluses vétustes de classe I. Trois options sont à l’étude pour faire sauter ce bouchon.
