La concentration de l’aide à la pince sur les axes de la Seine et du Rhône, recommandée par l’institut Montaigne, est jugée contre-productive pour le développement du multimodal par Norlink.
Norlink, qui réunit les ports maritimes et intérieurs et les acteurs de l’intermodalité en région Hauts-de-France, ne voit pas habituellement l’axe Seine comme son sujet d’intérêt prioritaire. Pourtant, la fédération a réagi à la publication par l’institut Montaigne d’une note intitulée « Compétitivité de l’axe Seine : comment redresser la barre ? ». Le think tank, dans ce document, faisait un certain nombre de préconisations comme la création de zones franches pour accroître l’attractivité des zones portuaires du Havre ou de Rouen, le développement des transports massifiés d’hinterland, en particulier fluvial, ou encore l’adoption de THC unifiées pour les différents modes de transport.
Sur ce dernier point, la proposition de l’institut Montaigne remporte l’adhésion de Norlink, dont le président rappelle que la mutualisation des THC a déjà été mise en œuvre avec succès à Dunkerque. « Je ne peux que saluer la majorité des conclusions, derrière lesquelles nous nous rangeons », déclare Philippe Hourdain, par ailleurs président de la CCI régionale et ancien président des Ports de Lille.
Le président de Norlink pointe cependant certaines mesures proposées par l’institut Montaigne, qui lui paraissent « à la fois juridiquement complexe à mettre en œuvre, mais de surcroît contreproductives pour le développement portuaire et du transport combiné en France ».
Une nouvelle proposition d’amélioration pour l’aide à la pince
La principale proposition visée, c’est la réforme de l’aide à la pince, que l’institut suggère de concentrer sur deux axes, la Seine et le Rhône, afin de mieux desservir les ports de Maseille-Fos et du Havre. Selon Norlink, cela « compromettrait la viabilité des initiatives de massification des flux non seulement sur les autres axes et places maritimo-portuaires, mais aussi dans les régions non mouillées où les lignes longues élargissent les hinterlands des places françaises au-delà des axes fluviaux classiques. En effet, de nombreuses lignes ferroviaires combinées couvrent des distances importantes sans pour autant être à l’origine ou à destination d’un port maritime ».
Philippe Hourdin rappelle, au passage, qu’il y a eu trois rapports sur les axes portuaires et non deux. Son message revient à dire qu’il ne faut pas oublier Dunkerque, même si l’hinterland du port flamand n’est pas desservi par un axe fluvial au sens strict, mais par un réseau de canaux. Est également critiquée par Norlink la proposition de conditionner les aides à la pince à la réalisation d’objectifs de développement durable : les modes massifiés, même si leurs externalités négatives sont inférieures à celles du transport routier, peinent en effet à renouveler aussi vite que celui-ci leurs motorisations.
Norlink souscrit, en revanche, au principe d’une augmentation du montant global de l’aide à la pince et avance une nouvelle proposition pour donner plus d’efficacité à cette mesure : la suppression de la distance plancher de 80 km, afin de favoriser le report modal dans la desserte locale des grandes métropoles.