La CNR travaille le sujet environnemental

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Production d’énergie, gestion des déchets, photovoltaïque… Les pratiques évoluent pour prendre en compte la question environnementale. À Lyon et dans ses autres infrastructures, la CNR travaille à « verdir » son fonctionnement.  

Elle a fait de la transition écologique son cheval de bataille. Productrice d’énergie verte, la compagnie nationale du Rhône (CNR) travaille, depuis plusieurs années, sur les questions environnementales sur ses 22 sites industriels et portuaires, dont 18 sont connectés à la voie d’eau. Parmi eux, le port de Lyon, point névralgique de l’activité fluviale du Rhône, entame de nombreux travaux.

Avec le quai des énergies, notamment, la CNR veut fournir aux véhicules de passage une énergie propre. Il sera pleinement opérationnelle fin 2020. Lancée avec GNVert, filiale d’Engie Cofely, et l’entreprise Mc Phy, la station permettra une recharge en électricité 100 % renouvelable, en gaz naturel comprimé et en hydrogène. Pour l’heure, la station multi-énergies n’est accessible qu’aux routiers. Elle n’est pas située en bord de voie d’eau.

En parallèle, la CNR mène une étude de préfaisabilité pour la création d’un démonstrateur industriel de production d’hydrogène plus conséquent. « Il s’agira d’hydrogène vert produit à partir de l’hydrolyse de l’eau, Il s’agit de verdir l’acheminement des marchandises », précise Clémence Aubert, responsable du département pilotage stratégique à la CNR. Le projet sera mené sur la période 2021 à 2025.

Déchets et photovoltaïque

En attendant, le producteur d’énergie fait valoir les différents projets déjà réalisés sur le port. Mise en place en 2017 (avec un consortium comprenant notamment la CFT, Suez, VNF, etc.), une déchetterie fluviale, River’Tri, est disponible le samedi, sauf crue importante, sur un quai à Lyon. Le pousseur ramène la barge et les déchets au port en fin de journée. « L’idée serait d’élargir le dispositif à d’autres quais », complète Clémence Aubert.

Elle note que cette démarche rentre dans la volonté du port de se rapprocher de la ville. Dans cet état d’esprit, la CNR travaille pour récupérer des déchets non-ferreux, liés aux chantiers de déconstruction. « Ensuite, le volume appelle le volume. L’idée est d’élargir le spectre des déchets récupérés. Cette question est au cœur du schéma directeur du port ».

À quai, le port dispose déjà d’aménagements pour accueillir ces déchets. Une des deux usines d’incinération de la métropole de Lyon est ainsi basée au port Édouard-Herriot. Devenue une unité de traitement et de valorisation énergétique, elle alimente en chauffage et électricité le port et une partie du 7e arrondissement. En 2017, cette usine avait produit l’électricité nécessaire à 12 150 foyers, d’après la métropole.

Une étude est en cours auprès des navigants pour recueillir leurs besoins en terme de services parmi lesquels la récupération des ordures ménagères. Elle doit rendre plus efficiente la gestion de leurs déchets et ceux des touristes transportés. Pilotée par VNF, l’étude est financée par la CNR.

Contrairement au port de Marseille, les institutions lyonnaises s’intéressent, pour l’instant, peu à la chaleur fatale. Pour la CNR, comme pour le port de Villefranche-sur-Saône, un grand chantier à venir est celui du photovoltaïque. Les installations auront lieu principalement sur de nouveaux projets. « Sur les entrepôts actuels avec des surfaces importantes, nous avons des difficultés liées à l’ancienneté du bâti », commente Clémence Aubert.

Le toit de l’hôtel de logistique urbaine devrait produire chaque année un prévisionnel de l’ordre de 1 146 000 kWh, d’après la CNR. Prévus pour 2023, les lieux permettront la production d’énergie nécessaire pour plus de 1 000 habitants. En parallèle, la CNR note qu’une grande partie des titres d’occupation arrivent à échéance dans les cinq prochaines années. Lors des nouvelles arrivées d’entreprises, la mise en place de panneaux solaires sera fortement encouragée.

Sur l’ensemble de ses sites, la CNR mène une grande enquête, via sa filale Rhonasol, sur la capacité de production énergétique de ses ports. Cette dernière prend en compte le bâti de la CNR et celui de l’ensemble de ses clients. Pour développer l’énergie solaire, la compagnie s’intéresse notamment au foncier « non-commercialisable » qui lui permettrait d’installer du photovoltaïque.

Dans cette démarche énergétique globale, la CNR travaille sur les « synergies possibles » avec les entreprises de la vallée de la chimie. De 2020 à 2025, des échanges sont prévus pour pousser ces entreprises, utilisant la voie d’eau, à choisir l’hydrogène et l’énergie solaire.

Du solaire au sol

Sur les autres structures du Rhône, des installations ont eu lieu au sol sur le solaire et l’éolien. Le site de Beaucaire compte 20 ha de panneaux photovoltaïques auxquels s’ajoutent cinq éoliennes. Bourg-les-Valences compte 12,7 ha de panneaux solaires au sol, Bollène 8 ha, et le site d’Avignon-Courtine 10 ha. De même, le site du Pouzin, officiellement inauguré en juin 2019, en compte 5 ha en plus de deux éoliennes. « Dans ce port d’Ardèche, la navigation n’est pas optimale près du barrage, d’où l’installation d’un parc. Si la situation économique évoluait, il serait toujours possible de rendre réversible l’utilisation du foncier pour le laisser à une entreprise ». Au Pouzin, la réflexion est menée sur les dossiers des entreprises candidates à une installation dans le port. Le projet d’une société spécialisée dans la valorisation des déchets, proche des questions environnementales, était à l’étude. Une logique que suit, dans une certaine mesure, la CNR sur l’ensemble de ses structures. Lors d’une rencontre à Lyon, Pierre Meffre, directeur valorisation portuaire, avait souligné que certains titres d’occupation ne seraient pas renouvelés pour des entreprises n’utilisant pas la voie d’eau, plus écologique.

Entre l’éolien et le photovoltaïque, le site du Pouzin produit, quant à lui, chaque année, en moyenne, l’équivalent de la consommation électrique de 5 000 habitants, soit deux fois la population de la commune. Un port « vitrine » se voulant être une référence pour le développement des autres infrastructures du concessionnaire. 

Plusieurs projets écologiques au port de Villefranche

Le port de Villefranche-sur-Saône mène une réflexion sur l’équipement de ses entrepôts en panneaux photovoltaïques. Propriétaire de 7 500 m2 de toiture, le port espère associer ses locataires à cette réflexion. Les études ont été réalisées et les toits ont la résistance nécessaire à l’accueil des panneaux. « Nous sommes en phase de rédaction de l’appel à projet », précise Florent Dupré, directeur du port. Celui-ci a inauguré en octobre 2020 une station biogaz, GNC et GNL. Les poids lourds et véhicules légers peuvent venir se recharger. Contrairement à celle du port de Lyon, elle est située à bord de voie d’eau, même si aucun appontement n’est prévu pour l’instant. Pour le directeur du port, la recharge des barges devrait être possible à terme. Une étude est en cours pour récupérer les déchets classifiés des bateliers (pots de peinture, filtres, huile moteur, etc.). « Une analyse est en cours pour voir quel serait le service le plus adapté », indique Florent Dupré. Ses résultats devraient être connus fin 2020. Le port profite de travaux d’agrandissement pour mettre en place une zone zéro émission. L’idée est qu’aucune eau polluée ne retourne dans la Saône. L’eau récupérée passerait par un collecteur et serait nettoyée via un système de filtres plantés. Ces derniers, fonctionnant souvent avec des roseaux, permettent de nettoyer l’eau via un système de décantation. Bouclé, le projet est en phase de finalisation des financements. Dernière note : l’installation de quatre ruches et 200 000 abeilles ont produit cette année le premier miel du port. Un acte symbolique qui a son importance pour l’environnement portuaire.

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