Depuis la fin du XIX è siècle et la guerre avec son voisin le Chili, la Bolivie est un pays enclavé, sans accès à la mer côté Pacifique. En avril 2013, la Bolivie a lancé une procédure devant la cour internationale de justice de La Haye pour obtenir du Chili un passage de quelques kilomètres de large dans le désert d’Atacama jusqu’au Pacifique et à un port. La cour internationale de justice a rendu son jugement sur le fond le 1er octobre 2018 et ne va pas dans le sens de la demande de la Bolivie. La Cour a estimé que « le Chili n'avait pas l'obligation légale de négocier un accès souverain à l'océan Pacifique pour la Bolivie (…) ». Pour la Cour, aucun des textes ou accords présentés par la Bolivie à l’appui de sa demande n’oblige le Chili à une telle négociation.
Suite à ce jugement, la solution d’un accès au Pacifique restant toujours impossible pour la Bolivie, le gouvernement de ce pays se tourne vers la solution Atlantique par le Paraguay-Parana. La Bolivie a deux accès à cette voie fluviale : par le canal de Tamengo, qui débouche dans le Paraguay mais appartient au Brésil, et directement par le Paraguay. Dans ce contexte, relève la Cnuced dans un document publié début novembre 2018, le gouvernement de Bolivie a modifié fin octobre la classification de trois de ses ports intérieurs Central Aguirre, Gravetal et Jennefer situés sur le Paraguay-Parana. La classification internationale attribuée par la Bolivie à ces 3 ports situés sur le canal de Tamengo doit permettre à ce pays enclavé d’être relié à l'Argentine, au Brésil, au Paraguay, à l'Uruguay et, plus important encore, à l'océan Atlantique, explique la Cnuced.
Une voie alternative vers la mer
Pour le directeur de Port Jennefer : « La voie navigable offre une voie alternative vers la mer. L’espoir, les opportunités que la voie navigable Paraguay-Paraná offre aux entreprises et à l’économie de la Bolivie sont considérables ». Selon lui, cette voie navigable permet de transporter davantage de marchandises au lieu de les faire passer à travers les montagnes andines, pour atteindre les ports du Chili, sur le Pacifique. C’est un transport plus économique : « En termes de coûts de fret, la réduction est d'environ 18 à 20% et même jusqu’à 30%. Nous ne parlons pas seulement du développement d’un port ou d’une région. Nous parlons du développement de tout un pays ». La Bolivie est le pays le plus pauvre d’Amérique du Sud en termes de PIB par habitant. Lors d’un transport pour rejoindre le Pacifique, les coûts de transit les plus élevés concernent la partie Chili-Bolivie-du voyage. Les routes menant au port chilien d'Arica, près de la frontière Chili-Pérou, par exemple, montent et descendent dans la chaîne des Andes, de 300 à plus de 5 000 mètres d'altitude. « C’est la raison pour laquelle la Bolivie n’a pas pu être compétitive sur le marché international - à cause d’un problème de logistique, pour le directeur de Port Jennefer. Ce n’est pas parce que nos produits sont de mauvaise qualité ».
Selon la Chambre de l’industrie, du commerce, des services et du tourisme de Santa Cruz (CAINCO), la plus grande ville du pays, des entreprises boliviennes importent chaque année 110 000 conteneurs par le port chilien d’Arica. Certains de ces conteneurs peuvent désormais empruntés la voie navigable Paraguay-Paraná grâce au nouveau classement international des 3 ports fluviaux. Port Jennefer, situé sur le canal de Tamengo, exporte environ 500 000 tonnes de marchandises, principalement de la farine et de l’huile de soja. Les responsables du port s’attendent à ce que ce chiffre double rapidement. Le directeur de Port Jennefer estime que la CNUCED a joué un rôle important pour le développement économique de la Bolivie en contribuant à concrétiser l’option de la voie navigable, en apportant son expertise pour rapprocher le gouvernement et le secteur privé pour leur permettre d’unir leurs efforts et d’avoir la même vision pour les ports du pays.