La bio-raffinerie Total La Mède démarre sa production sur fond de polémique

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Les premiers litres de biocarburant de Total La Mède ont commencé à couler le 1er juillet 2019 au terme d’un processus de reconversion qui a duré quatre ans et d’un investissement de 275 M€. Une raffinerie qui fait également couler beaucoup d’encre, La Mède étant alimentée principalement en huile de palme. Les associations de protection de l’environnement, qui ont déposé un recours contentieux il y a un an, attendent la décision du tribunal administratif de Marseille. Total rappelle ses engagements de revitalisation économique. Fin 2016, les dernières gouttes de but raffiné sortaient de la raffinerie Total de La Mède. Juillet 2019, Total lance sa production test. Le démarrage effectif étant annoncé pour septembre. Dimensionnée pour produire 500 tonnes de HVO, un bio-carburant de qualité́ premium, la raffinerie de La Mède produit aussi du bio-diesel ainsi que du bio-jet pour l’aviation. Le site possède une nouvelle plate-forme logistique de stockage d’une capacité́ d’1,3 million de m3/an qui devrait générer des trafics portuaires. Total précise que les biocarburants seront produits pour « 60-70 % à partir d’huiles végétales 100 % durables » (colza, palme, tournesol, etc.) et « pour 30-40% à partir de retraitement de déchets » (graisses animales, huiles de cuisson, huiles résiduelles, etc.). {{IMG:1}}

Bernard Pinatel, directeur général Raffinage-Chimie de Total  a précisé : « Les biocarburants émettent plus de 50 % de CO2 en moins que les carburants fossiles. Notre bioraffinerie permettra de produire en France des biocarburants qui étaient jusqu’alors importés ».

Cette mise en route de l’unité de production est scrutée par les associations de défense de l’environnement. « Malgré l'Accord de Paris sur le climat, la fin annoncée des avantages fiscaux aux carburants issus de l'huile de palme et leur interdiction d’ici 2030 par l'Union européenne, Total vient de lancer la phase de test. La présence de fumées noires émanant depuis plusieurs jours de la torchère de Total la Mède témoigne du démarrage de l’usine d’agro-carburants. France Nature Environnement s’inquiète des conséquences sanitaires potentielles sur les citoyens et demande aux services de l’Etat de contrôler strictement ce processus », précise l’association qui, aux côtés de Greenpeace, LPO PACA et Les Amis de la Terre, a déposé en juillet 2018 un recours devant le tribunal administratif de Marseille contre l’arrêté préfectoral autorisant l’exploitation du site.

A ce jour, la procédure est toujours en cours d’instruction. Les associations dénoncent le non-sens écologique. « Avec jusqu’à 450 000 tonnes d’huile de palme et de dérivés importés chaque année par Total pour produire du carburant, la bioraffinerie Total la Mède n’a rien d’un projet de reconversion tourné vers l’avenir. Nous espérons que la justice nous donnera raison, pour enfin permettre la réouverture des discussions pour une reconversion juste et durable de cette raffinerie », a commenté Gilles Marcel, Président de FNE Provence-Alpes-Côte d’Azur.

Engagement à traiter 300 000 tonnes d’huile de palme

Dans le cadre d’un accord avec le gouvernement en mai 2018, Total s’est engagé́ à traiter chaque année au maximum 300 000 tonnes d’huile de palme et au minimum 50 000 tonnes de colza français afin d’assurer un débouché́ supplémentaire à l’agriculture. « Nous sommes dans le cadre de l’application des engagements pris par l’Etat autorisant l’utilisation de l’huile de palme. 250 salariés et leurs familles vivent de cette usine. Lors de la fermeture de La Mède, il a été demandé à Total de se comporter en entreprise citoyenne. Pour le grand port maritime de Marseille-Fos cette remise en route va éviter de nouvelles pertes de trafic. Nous sommes passés ces quinze dernières années de 45 Mt de brut raffiné à 23 Mt », a souligné Jean-Marc Forneri, président du conseil de surveillance du port de Marseille-Fos.

Convention de revitalisation économique

Une convention volontaire de développement économique et social avait d’ailleurs été signée en février 2017 par Total en préfecture. Dans le document, Total s’engageait à développer de nouvelles activités sur le site de 200 ha et à faire travailler les entreprises locales. « 65 % des commandes ont été passées à des entreprises locales, ce qui a représenté 800 emplois et 140 millions d’euros de chiffre d’affaires. Par ailleurs, Total a mobilisé 5 millions d’euros pour le développement économique du territoire Fos-Etang de Berre à travers notamment le soutien d’initiatives en faveur de l’emploi, d’implantations de projets industriels et d’aides aux entreprises de sous-traitance. Un effort cinq fois plus important qu’une convention de revitalisation classique », précise le groupe. En service depuis 83 ans, Total la Mède raffinait 5M t de brut par an. Première bio-raffinerie française de taille mondiale, Total La Mède rejoint Singapour, Rotterdam (Neste). En 2021, la raffinerie ENI Porto Maghera à Venise en Italie entrera en service avec une capacité de 560 000 tonnes la première année. Une deuxième bioraffinerie Eni en Sicile portera la capacité à 750 000 t par an.

-500 000 t par an de biocarburants de capacité

-Une ferme solaire de 8 MW

- Une unité de production d’AdBlue, un additif qui permet de réduire les émissions d’oxydes d’azote des poids lourds, d’une capacité de 50 000 m3 par an

-Une plateforme de logistique et de stockage d’1,3 million m3 par an

- Un centre de formation accueillant 2 500 stagiaires par an.

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