La tenue des Jeux olympiques (JO) à Paris en 2024 constitue à la fois une opportunité et un risque pour le secteur fluvial. Une opportunité car le chiffre d’affaires des transporteurs fluviaux de passagers devrait augmenter pendant la durée des Jeux, sans compter les retombées à long terme pour l’image de Paris. Un risque car la navigation sur la Seine, dans Paris, pourrait être affectée pendant la durée des JO. Deux épreuves se dérouleront en effet dans la Seine, aux pieds de la tour Eiffel : la nage en eaux libres et l’épreuve de natation du triathlon. Deux compagnies exploitant des bateaux-promenade sont concernées, et pas les plus petites puisqu’il s’agit des Vedettes de Paris et des Bateaux parisiens, dont les embarcadères sont situés à l’endroit même où doivent se dérouler les épreuves. Si les pontons d’embarquement ne seront probablement pas déplacés, et pourraient même être utilisés dans le cadre de l’organisation des épreuves, les opérateurs devront en tous cas trouver d’autres quais pour accueillir leurs passagers, pendant une période qu’ils espèrent la plus courte possible et ne devrait pas couvrir toute la durée des JO.
« Les conséquences au niveau de la zone des épreuves ne sont pas encore connues ; elles dépendront des besoins précis des organisateurs pour l’accueil du public, pour la sécurité et pour les épreuves elles-mêmes », indique Nicolas Mouyon, directeur de l’agence de Paris de Haropa-Ports de Paris, qui précise que des discussions sont en cours avec tous les acteurs concernés, et que les choses devraient se préciser au cours de l’été 2020.
Une eau de qualité pour nager dans la Seine
L’objectif étant, après les JO, d’autoriser de façon permanente la baignade dans la Seine sur certains sites délimités, l’enjeu de la qualité des eaux refait surface avec une urgence nouvelle. Haropa-Ports de Paris a lancé une grande rénovation des réseaux d’assainissement, avec 13 M€ d’investissement à la clé, pour y raccorder l’ensemble des établissements flottants et éviter tout rejet d’eau usée en Seine. En amont de Paris, deux stations d’épuration située à Noisy-le-Grand et à Valenton, doivent être rénovées. Le stockage des eaux de pluies en cas d’orage est aussi à l’étude.
Au-delà de la période des Jeux olympiques, la trace qu’ils laisseront sur la navigation fluviale en Seine est aussi scrutée à la loupe par les opérateurs fluviaux. Le village olympique, par exemple, qui doit se mettre en place à Saint-Denis, comportera des installations sur des barges et des établissements flottants sur la Seine, dans le bras principal de l’île Saint-Denis. VNF a prévu de draguer le bras secondaire de l’île Saint-Denis, pour y réhabiliter la navigation, tandis que le bras principal sera fermé pendant la durée des Jeux.
Mais cette situation, prévue pour être provisoire, ne risque-t-elle pas de devenir définitive après les JO ? C’est la crainte de certains opérateurs fluviaux voir : ces établissements se maintenir dans le grand bras de l’île Saint-Denis, au détriment de la navigation. S’ils n’y restent pas, c’est tout naturellement vers Paris que leurs exploitants voudront les déplacer pour trouver un nouveau point d’amarrage. Or les quais de la capitale sont déjà rares et saturés, l’installation de nouveaux établissements flottants ne pourrait que gêner la navigation et diminuer le nombre de quais disponible pour l’embarquement de passagers ou la manutention de marchandises.
