« On a lancé une expérimentation pour réaliser le transfert modal de la route vers le fleuve », poursuit Alain Perez. Ainsi, à l’empotage du conteneur, plusieurs photographies ont été prises qui ont été ensuite inscrites dans la Blockchain. « Grâce à la couche Blockchain, on a les procédures internes et on renforce la sécurité », assure l’informaticien de MGI. Ces informations peuvent être dans un Cloud et concernées, par exemple, la fermeture du conteneur, précisant quel jour et quelle heure celui-ci a été fermé avec la prise de photographies. « On rend les conteneurs transparents. Les autorités ont accès à la banque de données des photographies et à la destination. De l’autre côté de la chaîne, s’il y a une réclamation, on peut intégrer d’autres interlocuteurs comme les assurances ». La technologie Blockchain utilisée, intitulée KeeeX Stories, permet ainsi de consigner les séquences authentifiées et vérifiables de l’ensemble de la chaîne logistique pour le transport de conteneurs sur l’axe Rhône-Saône-Méditerranée.
Sécuriser la chaîne de transport
La réalisation de l’expérimentation a été confiée à trois entreprises spécialisées dans les domaines de la logistique, des solutions numériques au service de la chaîne de transport, et de la technologie Blockchain. La société MGI fait partie des trois entreprises avec BuyCo, plateforme collaborative pour les importateurs et exportateurs qui simplifie les processus opérationnels du transport en conteneurs, et KeeeX, une start-up. Ces trois entreprises ont testé avec succès, au cours du premier semestre 2019, la dématérialisation de processus export complets entre Lyon et le Grand port maritime de Marseille, soit l’axe Méditerranée-Rhône-Saône.
KeeeX propose l’utilisation de la Blockchain et l’ajout à un fichier des métadonnées de confiance et d’exploitation pour créer des originaux numériques et des séquences inviolables de documents, événements et données ainsi « augmentés » et protégés.
Le port de Marseille-Fos a accueilli le 17 septembre 2019 la réunion de restitution de l’expérimentation de la technologie Blockchain pour le transport de fret lancé à l’échelle de l’axe Méditerranée- Rhône-Saône avec pour objectif de sécuriser la chaîne de transport. Il s’agit d’un projet qui est porté par la délégation interministérielle au développement de l’axe portuaire et logistique Méditerranée-Rhône-Saône dans le cadre des travaux autour de la stratégie nationale portuaire impulsée par le gouvernement. Il vise à expérimenter « un démonstrateur pilote » pour tester la sécurisation de la chaîne de transport digitale afin d’améliorer la fluidité, la sûreté et la compétitivité de la chaîne logistique et de l’acheminement intermodal de marchandises sur cet axe.
Les tests réalisés l’ont été notamment grâce à la participation des sociétés KemOne, Alteo et Transcausse, et à celle des sociétés de transport routier et fluvial impliquées. Xavier Lassale, président de Transcausse, précise : « Avant de proposer la solution à des clients, nous étions intéressés de faire un test et nous l’avons réalisé sur une expédition. On a pu constater que c’était totalement infalsifiable. Cela peut être important pour des marchandises un peu sensibles ». Xavier Lassale se montre plutôt convaincu par « ces technologies nouvelles qui demain peuvent introduire des valeurs ajoutées sur la chaîne logistique par rapport à des clients qui pourraient avoir des besoins plus sécurisés ». D’ici la fin 2019, la société pense avoir une visibilité sur la cible que peut lui apporter ce processus.
Un partage en confiance
La Blockchain appliquée à Ci5 permet de gérer des flux, des événements logistiques, pour une traçabilité du « workflow » ou processus d’automatisation des tâches. Le dispositif permet le partage anticipé de documents, de photographies authentifiées, d’événements caractéristiques et d’informations prévisionnelles sur le chargement des conteneurs, leur poids, leur origine et leur destination, ce qui permet d’optimiser le processus logistique dans son ensemble, de fournir de nouveaux services et d’anticiper sur des besoins de traçabilité en constante évolution.
Par exemple, la solution permet l’exploitation de données provenant des navires (mesures de pollution, de CO2, certificats) et la continuité avec des besoins de traçabilité pour la logistique urbaine du dernier kilomètre ou la mobilité urbaine. « On a une veille métier pour le transposer aux besoins des utilisateurs », précise MGI. Celle-ci souhaite offrir la meilleure réactivité à ses clients en anticipant la mise en œuvre de nouvelles réglementations. Par ailleurs, elle suit l’évolution des ports qui veulent devenir de plus en plus respectueux de l’environnement « pour faire en sorte de promouvoir des technologies qui sont plus vertes comme la promotion des éco-calculateurs ».
De son côté, le GPMM indique : « Les informations traitées lors des tests dépassent le strict cadre des informations actuellement échangées, dans des conditions qui étaient parfois non optimales, dans la même situation ».
La mise à disposition d’une application mobile permettant le flashage de QR codes, la reconnaissance de caractères, la saisie facile de texte et de dates ouvre des possibilités de nouvelles sources de valeur pour les chargeurs, les commissionnaires de transport, les transporteurs routiers assurant les pré- et post-acheminements, les transporteurs fluviaux ou ferroviaires ainsi que pour l’administration des douanes. « La création de données systématiquement authentifiées, datées et vérifiables permet d’engager les participants sans inquiétude dans un processus numérique. Cela devrait donc engendrer des gains importants pour l’ensemble des acteurs de la chaîne logistique, et permettre d’envisager un passage à l’échelle maîtrisé ».
Le projet pilote de Blockchain sur l’axe Méditerranée-Rhône-Saône a été financé par la Banque des territoires (groupe Caisse des dépôts), VNF, CNR, et le GPMM qui en a assuré la coordination. Ce projet a été référencé par Le French Smart Port in Med, démarche de déploiement de d’un écosystème d’innovation portuaire copiloté par le port de Marseille-Fos, la chambre de commerce et d’industrie Marseille-Provence et Aix-Marseille Université.