Le Drix, embryon du navire autonome
Seul fournisseur de l’Ecdis numérique français, iXblue a développé une génération de drones autonomes dédiés aux activités de bathymétrie reléguant les navires du Shom au rang d’antiquités. « Notre « Drix », de 7 mètres de long et d’une autonomie d’environ 10 jours à une vitesse de 10 nœuds, peut embarquer des sondeurs de sédiments et permet de gagner en compétitivité et de circuler dans des zones peu accessible », souligne Thomas Buret. Les navires traditionnels consommant du gazole et embarquant des hommes à bord ne font plus le poids face à ces petits bijoux de technologie. Se pose ainsi la question de l’humain dans cette odyssée maritime. Quid du docker dans un port totalement automatisé ou des marins privés de leur machine et passerelle ? Les ports, siège de l’économie traditionnelle, se transforment (IoT, Cloud, contrôle intelligent, mégadonnées…). Après avoir automatisé son terminal à conteneurs de Qianwan, le port de Qingdao a réduit ses effectifs de 70 %. « Le numérique possède une puissance de calcul que nous sous-estimons. Il détruit des emplois mais en crée également », observe David Simplot, directeur du centre de recherches à l’INRIA Sophia Antipolis-Méditerranée.Le CNES : des étoiles aux océans
Si le secteur de la grande distribution a raté le virage du numérique, une brèche s’ouvre dans l’industrie maritime. Brèche dans laquelle souhaite s’engouffrer le CNES, acteur majeur de l’industrie spatiale, en proposant son savoir-faire dans la géolocalisation et fort de son expérience dans la conception du système européen de positionnement par satellite Galileo. Avec sa marque « Connect by CNeS », l’établissement propose aux start-up et grands groupes une offre gracieuse de services en leur apportant des nouvelles technologies. « Le gouvernement nous a confié la mission d’aider l’économie française », souligne Eric Brel, expert applications et services aval du CNES. La direction de l’innovation des applications et de la science (DIA) possède une task force de 80 personnes dont 50 experts de la navigation, de l’imagerie et des télécommunications. « S’agissant du Smart Ship, les clients ont besoin d’information sur le suivi de la marchandise », complète Eric Brel qui collabore avec la SNCF sur le suivi du fret ferroviaire.
Des innovations côté propulsion aussi
Si le navire autonome se conjugue au présent du point de vue technologique, il se conjugue au futur pour la partie réglementaire, l’OMI venant juste de s’emparer du sujet. « Les industriels doivent collaborer afin de pousser la réglementation », déclare Frédéric Montcagny de Saint-Aignan, président du Cluster maritime français. L’objectif étant de disposer d’ici à 2025 d’un système de radiocommunications numériques partout en mer.
Outre les communications, les innovations liées à la propulsion navire se multiplient. La commande historique de navires géants au GNL de CMA CGM a donné le tempo pour les lignes maritimes régulières conteneurisées. A côté, d’autres solutions se développent autour des services aux navires. Une drague au GNL pour les ports du Havre et de Nantes, une pilotine électrique en cours de construction à Marseille et bientôt livrée sur le port de Sète, un remorqueur à hydrogène en commande au port d’Anvers. Sans oublier le pousseur à hydrogène de CFT prévu de naviguer sur le Rhône en 2021. Du côté des navettes à passagers, les compagnies misent sur l’hydrogène, l’électrique et l’énergie solaire pour les liaisons courtes. Transdev, associé à Turgis & Gaillard, vient de réaliser une étude de faisabilité d’un bateau à énergie solaire, convaincu que la commande publique inclura de nouveaux critères dans ses prochains appels d’offres. Ces mutations, sources de nouveaux marchés pour les constructeurs et équipementiers, suscitent tout de même de larges inquiétudes chez les armateurs quant au retour sur investissement.