Lancées en octobre 2019, les études pour le bateau Hybarge sont presque bouclées. Ce projet, mené par la société L’Équipage, vise à construire un bateau de petit gabarit pour le transport de marchandises, propulsé par un moteur électrique alimenté par une pile à hydrogène. Les essais de pile à combustible marinisée, qui devaient avoir lieu en juin 2020 au port de Brégaillon, près de Toulon, ont été repoussés à cause de la crise sanitaire. Ils auront lieu en septembre 2020 : la pile, posée sur le quai, alimentera deux bateaux électriques amarrés qui feront tourner leurs moteurs pour tester la pile en condition réelle. « Nous sommes en phase de finalisation de l’étude technique, avec des choix à faire en ce qui concerne l’architecture du système électrique du bateau, ainsi que la motorisation qui dépendra du programme de navigation », explique Jean-Marc Samuel, président de L’Équipage.
L’idée première du batelier, qui s’active depuis des années avec son bateau le Tourmente à faire revivre le transport fluvial de fret sur le canal du Midi, est en effet d’utiliser ce futur bateau électrique pour répondre à un besoin de transport qui va voir le jour dans les prochaines années à Toulouse : l’évacuation des déblais des travaux de la future ligne de métro, dont 10 % des 4,5 Mt pourraient concerner le transport fluvial. Un trajet pendulaire, puisque le même bateau pourrait évacuer ces déblais dans un sens, et dans l’autre approvisionner en granulats une centrale à béton toulousaine, Cemex prévoyant d’en construire une bord à voie d’eau en 2021. Jean-Marc Samuel a d’ailleurs réalisé en mars 2020 un voyage avec le Tourmente pour valider la capacité de chargement de son bateau sur le canal de Garonne. Pour naviguer sur ce canal, un bateau de 40 m de long et de 6 m de large serait construit, afin d’en maximiser la capacité d’emport. Mais un tel gabarit cantonnerait ce bateau à une navigation sur le canal de Garonne, et pas au-delà de 50 km en aval de Toulouse, jusqu’à la pente d’eau de Montech fermée depuis dix ans.
Hypothèse internationale
Une seconde option est donc privilégiée : celle d’un bateau de gabarit Freycinet, pouvant naviguer sur tout le réseau européen. « On se focalise sur l’hypothèse internationale, qui offre davantage de possibilités, car on ne construit pas un bateau pour un seul marché. Il s’agirait donc d’un gabarit Freycinet, avec une pile à combustible à hydrogène mais aussi un moteur diesel pour un surcroît de puissance afin de pouvoir remonter le Rhône par exemple, ce qui nécessiterait un moteur de 240 kW alors que 80 kW suffisent sur un canal. Ce choix du gabarit Freycinet est aussi dicté par l’utilisation de subventions qui financent une étude globale pour un ensemble de propulsion utilisant l’hydrogène et dont les résultats pourront être utilisés pour la construction d’autres bateaux », indique Jean-Marc Samuel.
Le projet Hybarge est soutenu par VNF et l’Ademe, mais aussi par la région Occcitanie, qui a lancé un programme afin de produire de l’hydrogène vert. La production prévue d’hydrogène à Port-la-Nouvelle ouvre la voie à une filière régionale, avec, espère Jean-Marc Samuel, des perspectives de transport fluvial de ce gaz sur le canal du Midi.
Que ce soit pour la centrale à béton Cemex, prévue pour 2021, pour les travaux du métro de Toulouse, à partir de 2023, ou pour un autre marché, le projet Hybarge ne donnera pas lieu à construction d’un bateau à hydrogène avant fin 2021 au plus tôt. Jean-Marc Samuel précise : « On construira le bateau si le marché de Toulouse nous est attribué. Dans le cas contraire, on aura toute l’étude prête si un autre marché se présente, par exemple pour du transport de conteneurs ».