Aujourd’hui, le port du Havre en dispose de deux sur la plateforme multimodale située sur la zone industrielle et une borne est en cours d’installation sur le quai de Marseille à destination des bateaux de croisière fluviaux. « L’intérêt de ces bornes est de pouvoir brancher le bateau lorsqu’il reste longtemps à quai. Nous avons voulu être innovant, c’est pourquoi le temps d’expérimentation a été long. Nous avons voulu mettre en place un système interopérable sur l’ensemble des ports : qu’avec une même carte et le même type d’abonnement, on puisse utiliser n’importe quelle borne sur l’axe Seine. Cela correspondait d’ailleurs à la demande de la profession fluviale. L’Europe y a été sensible également », précise le responsable.
Electrification des quais et traitement des déchets
Haropa veut aller plus loin avec un autre projet au Havre qui prévoit l’électrification des quais avec des unités de production autonomes sur la pointe de Floride fréquentée régulièrement par les paquebots de croisière maritime. Les terminaux Nord du port seront aussi concernés. Le projet consiste à construire un réseau de câbles enterrés pour que les navires puissent se brancher sur une source d’électricité terrestre à l’aide d’un système de raccordement. Des études similaires d’électrification haute tension de quais sont menées pour Port 2000 et le terminal roulier.
« Ce sont des sujets un peu compliqués car les navires n’ont pas toujours été conçus pour se connecter à terre. Il faut étudier la puissance disponible mais aussi la stabilité du courant électrique qui est envoyé. Autre élément à prendre en compte, les navires ne sont pas tous identiques », détaille le nouveau directeur adjoint. Les investissements liés à l’électrification des quais au Havre représentent une vingtaine de millions d’euros. « C’est quelque chose qui s’inscrit parfaitement dans les objectifs de verdissements des ports. C’est quelque chose qui a également un intérêt pour les opérateurs puisque l’électricité à quai est moins chère que celle produite à bord par groupe électrogène. L’objectif final est de réduire les émissions de CO2 », ajoute Kris Danaradjou.
Dans un autre domaine qui participe aux objectifs de transition énergétique, le responsable explique qu’au Havre l’usine de traitement de déchets Serep sur la zone industrielle récupère et traite les déchets issus des systèmes d’épuration de gaz d’échappement des navires (scrubbers). Pour encourager la démarche, Haropa a mis en place un système financièrement incitatif. Les armateurs qui déposent leurs résidus de scrubbers peuvent ainsi bénéficier du remboursement d’une partie de la redevance obligatoire qu’ils doivent payer à l’autorité portuaire pour la collecte des déchets.
De l’hydrogène vert à Port Jérôme
Autre piste qui concourt à l’objectif zéro carbone, l’utilisation de l’hydrogène. Là encore, un projet déjà bien avancé est dans les cartons près du Havre sur la zone industrielle de Port Jérôme. H2V Industries a pour ambition de construire une usine de production d’hydrogène vert qui devrait voir le jour à l’horizon 2022-2023. L’usine comprendra deux unités assurant la production de 28 000 tonnes d’hydrogène par an. Le dépôt de permis de construire a été déposé au mois de mai dernier. L’hydrogène produit sera labellisé vert car produit par électrolyse de l’eau. Le système permet de séparer l’oxygène et l’hydrogène. La réaction chimique a l’avantage de ne pas émettre de CO2. L’hydrogène est aujourd’hui utilisé principalement par l’industrie chimique et pétrochimique. Mais son utilisation devrait aller bien au-delà du cercle industriel dans un proche avenir. « On parle déjà de véhicules et des transports en commun fonctionnant à l’hydrogène », indique le directeur général adjoint d’Haropa-port du Havre.
Sur le GNV (gaz naturel pour véhicules), Haropa répond également à la demande des transporteurs routiers en mettant en place sur l’axe Seine des stations de GNV. Le 23 aout dernier, une station s’est ouverte sur le centre routier du Havre. Deux autres projets similaires sont également prévus.