En 2019, Le Havre, Rouen et Paris ont traité au global 90 millions de tonnes de marchandises, soit un recul de -5 % par rapport à 2018. Une première raison avancée par Haropa est que les vracs énergétiques liquides et solides ont accusé une forte baisse. Côté pétrole, les arrêts techniques de la raffinerie de Normandie au Havre et la fermeture de l’oléoduc d’Île-de-France ainsi que de la raffinerie de Grandpuits de fin février à mi-juillet 2019 expliquent cette diminution, selon Haropa. Ce fléchissement des vracs liquides est de -7,5 % à 46 Mt. Le repli du charbon (-52 %) est essentiellement imputable, quant à elle, à la fermeture programmée de la centrale EDF du Havre en 2021 et donc à l’arrêt de ce trafic pour le port.
Hors charbon, les vracs solides augmentent de +7 %. Ils sont portés essentiellement par le trafic de céréales sur le port de Rouen (+9,3 % à 8,3 Mt). Le tonnage de céréales exportées via les ports d’Haropa représente la deuxième meilleure performance de ces vingt dernières années. Autre bon résultat, un trafic record BTP aux Ports de Paris, avec une hausse de +39 % sur la filière ciment/clinker. Cette performance est liée essentiellement aux grands travaux en Ile-de-France.
Saturation de certains terminaux
C’est du côté conteneur que les résultats sont particulièrement décevants. Ce trafic, qui était jusqu’à présent l’activité fer de lance du port du Havre et plus généralement d’Haropa, enregistre tout juste 2,9 millions d’EVP soit une contraction de -3,5 % par rapport à 2018. Haropa indique que les mouvements sociaux à répétition qui ont démarré à partir du 5 décembre 2019 ne sont pas étrangers à cette contre-performance.
Pour la filière conteneurs, le mois de décembre 2019 s’est soldé par l’annulation de 52 escales de porte conteneurs, selon les chiffres d’Haropa, et une perte de trafic de 866 000 tonnes (environ 50 000 EVP). Ces 50 000 EVP manquants compteraient pour environ 18 % dans la diminution du trafic maritime global.
Mais ce n’est pas la seule explication avancée. Pour Baptiste Maurand, directeur général d’Haropa-Port du Havre, c’est aussi la saturation de certains terminaux portuaires qui porte aussi préjudice au trafic en 2019. « Pour le conteneur, on peut souligner, en préambule, que 2017 et 2018 ont été des années particulières où nous avons battu des records. La dynamique était extrêmement bonne. Le recul pour le conteneur en 2019 s’est essentiellement opéré sur la part transbordement. On peut l’expliquer par des phénomènes de saturation sur certains terminaux. Des travaux ont été menés sur certains terminaux portuaires, sur les portiques notamment. Il faut souligner que sur l’hinterland, le trafic est stable même si on ne peut pas se satisfaire d’une stabilité du trafic », explique le responsable.
Le trafic des conteneurs pleins hinterland stagne à 1,7 millions d’EVP. De manière plus générale, Baptiste Maurand rappelle qu’il y a de bonnes raisons de voir le trafic conteneur à nouveau évoluer positivement. Il cite notamment, les travaux engagés sur Port 2000 au Havre sur les postes 11 et 12 qui devraient, à terme, pouvoir augmenter l’activité conteneur.
Bonne dynamique de report modal
La progression des modes massifiés dans les pré- et post acheminements de conteneurs peut redonner le sourire. En pré- et post-acheminements de conteneurs, la part du fluvial sur l’hinterland augmente de 9,9 % contre 9,5 % en 2018.
De manière plus générale, Haropa note une très bonne dynamique du report modal en faveur de la voie d’eau que ce soit pour les conteneurs (+19 %), la logistique urbaine du dernier kilomètre (+4 »%) et le transport des déchets (+12,5 %). La part du ferroviaire, elle, sur l’hinterland pour le trafic conteneur est en augmentation à +4,7 % contre +3,8 % en 2018. Le terminal multimodal, lui, monte en puissance à 148 000 conteneurs EVP soit une progression de 18 %.
Le roulier, lui, est en recul de -5,4 %. Là encore, Baptiste Maurand avance l’argument d’une saturation du terminal roulier du Havre. « La logistique a entraîné plus de temps de stationnement de véhicules sur le terminal roulier. Mécaniquement, il y a donc eu moins de véhicules qui y transitent. Cela fait maintenant deux ans que cette saturation est visible. Dans notre programme d’investissements, nous portons un projet d’extension de 20 hectares situés à l’Est du terminal pour 2022/2023. Nous voulons aussi optimiser l’outil. En novembre dernier, nous avons, par exemple, déconstruit un atelier pour libérer 1 500 places supplémentaires. Nous travaillons en lien avec tous les opérateurs logisticiens liés à l’activité ».
Photographie : E. Houri