Situé à deux pas de la frontière belge, le port de Givet constitue l’ultime étape pour les bateaux de commerce de 900 tonnes qui remontent la Meuse. Au-delà, l’enfoncement est limité, au mieux, à 1,8 m et les seuls bateaux naviguant en amont de Givet sont des bateaux de tourisme ou les dragues de VNF. Chaque année, le port voit transiter 570 000 à 600 000 tonnes de marchandises, dont la moitié en fluvial.
Le principal trafic en tonnage du port de Givet est constitué de matériaux de construction. Il s’en est exporté 135 000 tonnes à destination de la Belgique en 2019, soit un tonnage dans la moyenne des années précédentes. Deuxième activité du port : les produits métallurgiques, avec un trafic de 80 000 tonnes. Il s’agit de fonte en provenance d’Afrique du Sud, du Brésil ou de Russie, via Rotterdam ou Dordrecht, et destinée aux fonderies de la moitié Nord de la France. Cette activité est en forte hausse, avec un tonnage qui a augmenté de 70 % en trois ans. Avec 62 000 tonnes, les produits agricoles ont réalisé une année 2019 en dessous de la moyenne à Givet, où cette catégorie est surtout constituée d’expéditions fluviales de céréales vers la Belgique. Les autres trafics sont des entrées depuis l’aval : 25 000 tonnes d’engrais, 11 000 tonnes de colis lourds (pâte à papier venant de Finlande, via Anvers, mais la logistique fluviale va être abandonnée au profit de la route) et 6 500 tonnes de charbon (un trafic en diminution et qui ne sera pas pérennisé).
Du ferroviaire pour du ballast
Avec la crise du Covid-19, le trafic de marchandise a diminué à Givet au début de l’année 2020, comme l’explique Anthony Pierrat, responsable d’exploitation du port pour Suez : « Nous avons subi une perte de 15 000 à 20 000 tonnes de fret, ce qui représente 45 000 à 50 000 € de chiffre d’affaires. Les marchandises qui ne sont pas passées par le port à cause du Covid-19 entre mars et juin 2020 ne seront pas récupérées dans les prochains mois. Le transport fluvial s’est maintenu, mais il n’y avait plus aucune sortie de camion pour le BTP ou pour les fonderies. Tout le stock est là ».
Les trafics sont majoritairement avalants à Givet, du fait de l’importance des transports de matériaux de construction, pour lesquels les bateaux venant charger chez Lafarge remontent à vide. Parmi les autres bateaux, après avoir vidé leurs cales, sept sur dix retrouvent du fret pour la descente, soit au port exploité par Eau et Force, filiale de Suez, soit au silo Vivescia situé immédiatement en aval du port public.
Les transports ferroviaires au port de Givet se limitent à du ballast destiné aux travaux d’entretien des voies, arrivant par bateau et repartant par train : 20 000 tonnes en 2019 et 30 000 tonnes prévues cette année, dont la moitié repartira par train et l’autre par camion. « En 2019, nous avons fait un essai avec un client pour expédier un train de 1 200 tonnes de fonte en Italie. Mais ce fut très difficile à mettre en place, aucun opérateur ne voulant l’organiser. D’un autre côté, le camion est moins cher et disponible immédiatement », indique Anthony Pierrat.
Les transports fluviaux conteneurisés ne parviennent pas non plus à se mettre en place, alors que le port est équipé depuis quatre ans d’un Reach-Stacker. De nouvelles perspectives se dessinent cependant, avec l’installation prévue de nouvelles entreprises sur le port. Pour Anthony Pierrat : « Les études économiques qui avaient déclenché l’investissement dans la plateforme et le Reach avaient été réalisés avant l’arrivée de Suez. Elles montraient du potentiel, avec davantage d’expéditions que d’importations cependant. Il faudrait, pour faire du conteneur fluvial, un volume conséquent pour lancer la ligne. L’idéal serait un partenariat avec Liège, pour qu’un bateau puisse faire deux rotations par semaine ».
