France Logistique a été installée officiellement le 8 janvier 2020 en présence d’environ 90 représentants de différentes associations et fédérations de l’écosystème des transports et de la logistique, des ministères comme celui des finances (DGE), des transports (DGITM), des douanes, sans oublier la présence du secrétaire d’Etat aux Transports, Jean-Baptiste Djebbari.
La création de France Logistique a été recommandée par le rapport « Pour une chaine logistique plus compétitive au service des entreprises et du développement durable » d’Eric Hémar, président d’ID Logistics et de TLF, et de Patrick Daher, président du groupe Daher, remis mi-septembre 2019 au Premier ministre qui a décidé la mise en œuvre de cette préconisation. L’objectif confié à France Logistique est de faire revenir l’Hexagone parmi les 10 premiers pays au classement de la Banque mondiale en matière de performance logistique, alors qu’il se situe depuis plusieurs années à la quinzième place, bien loin de l’Allemagne (n°1), des Pays-Bas (2è), de la Belgique (4è). Il s’agit « d’améliorer la compétitivité de la filière logistique en France au service des entreprises, des chargeurs et des consommateurs finaux et d’être au rendez-vous des enjeux liés au développement durable ». France Logistique est « une plateforme de coordination, d’animation et d’échanges des professionnels », sous la forme d’une association. Sa présidente est Anne-Marie Idrac, ancienne secrétaire d’Etat aux Transports de 1995 à 1997, présidente de la RATP de 2002 à 2006, de la SNCF de 2006 à 2008. Plus récemment, elle a été secrétaire d’État au Commerce extérieur de 2008 à 2010 et à la tête du conseil de surveillance de l’aéroport de Toulouse-Blagnac de 2015 à 2018.
Un dialogue public-privé
Pour réaliser son objectif, France Logistique associe des organisations et associations professionnelles de la filière, des entreprises qui souhaitent contribuer au projet (transporteurs, logisticiens), c’est ainsi « la structure qui fédère les acteurs privés de la chaine logistique ». Mais surtout, les pouvoirs publics sont présents et l’ambition est de favoriser un dialogue public-privé par la mise en place d’un « Comex logistique » composé de la présidente de France Logistique « accompagnée, selon les sujets traités, des représentants des fédérations compétentes », des directeurs de la DGITM et de la DGE « accompagnés, le cas échéant, des autre directions d’administration concernées des ministères de l’économie et des finances ».
Ce Comex logistique se réunit tous les mois pour « étudier, élaborer et veiller à la mise en œuvre des décisions concernant l’ensemble de la filière, préparer les comités interministériels –Cilog- qui fixent les décisions et orientations issues des pouvoirs publics ». Ce Cilog doit « permettre de veiller à la cohérence des décisions publiques en matière de logistique et d’orienter les évolutions de la chaîne logistique ». Il est prévu 2 Cilog par an.
France Logistique travaille sur 5 axes de travail : favoriser la compétitivité, contribuer à la transition énergétique, améliorer l’image de la filière, accompagner l’évolution des métiers et des compétences, faire émerger de nouveaux modes d’organisation de la logistique urbaine, participer à la planification logistique du territoire.
Une feuille de route a déjà été élaborée pour chacun de ces 5 axes de travail, un échange aura lieu sur chacune d’entre elles lors du premier Comex prévu le 15 janvier. Les feuilles de route des 5 axes de travail serviront de base pour le premier Cilog qui sera présidé avant les élections municipales de mars 2020 par le Premier ministre Edouard Philippe. Ce Cilog sera l’occasion d’annoncer « les principales actions prioritaires à conduire » pour améliorer la compétitivité de la filière logistique en France.
6 membres fondateurs
La création de France Logistique, demandée par le Premier ministre après avoir reçu le rapport Daher et Hémar en septembre 2019, montre qu’au plus niveau du gouvernement et de l’Etat, une prise de conscience a eu lieu concernant l’importance des secteurs des transports et de la logistique qui compte pour près de 10 % du PIB français et représente 1,8 million d’emplois. Pour Entreprises fluviales de France (E2F), « c’est une excellente initiative, objectivement, de voir qu’au plus haut niveau de l’Etat, la logistique et les transports sont reconnus comme un élément de compétitivité ».
Le secrétaire d’Etat aux Transports met avant l’intermodalité parmi « les grandes thématiques identifiées par France Logistique autour desquelles devrait se structurer le dialogue avec les pouvoirs publics ». L’intermodalité devant « encourager les flux massifiés utilisant la voie d’eau ou le ferroviaire de/vers les grands ports maritimes français, identifier les zones d’implantation logistique et de plateformes intermodales le long des la vallées de la Seine, du Rhône et de l’axe Nord ».
Pour le secrétaire d’Etat aux Transports, France Logistique « a vocation à devenir l’interlocuteur privilégié des pouvoirs publics pour toutes les questions relatives au transport de marchandises et à la logistique. Toutes les organisations significatives du secteur ont décidé de rejoindre France logistique ».
La liste des adhérents présentée pour le moment comprend : FNTR, OTRE, TLF/TLF Overseas, AUTF, Afilog, Aslog. Ce sont les 6 membres fondateurs. FNTR, OTRE sont des organisations représentatives du TRM tandis que TLF/TLF Overseas représente la route mais aussi le maritime, l’aérien, l’intermodal, le multimodal. Comme membres de France Logistique, il y a aussi des « fédérations partenaires » : France industrie, Fédération du commerce et de la distribution, Confédération française du commerce de gros et international, Fédération du e-commerce et de la vente à distance. Il y a aussi un conseil scientifique avec l’Ifsttar, le Cret Log, le CNR, l’AFT.
La forte présence des organisations représentatives du TRM correspond à la prédominance de la route dans les activités transport et logistique. D’autres organisations ou fédérations représentatives s’ajouteront peut-être au cours du temps en tant qu’adhérents. « Il y a différents niveaux d’adhésion et de participation, ont compris plusieurs participants présents au lancement. Ce n’est que le début du processus ».
Le Cilog, pendant du Cimer
Le Groupement national du transport combiné (GNTC) a indiqué avoir rencontré plusieurs fois les représentants de France Logistique. « Nous serons associés à des groupes de travail, tout comme l’AFRA. Le ferroviaire est bien dans France Logistique. Après, il y a un sujet : faire entendre nos intérêts, ceux du ferroviaire et du transport combiné. C’est indispensable », selon Aurélien Barbé, délégué général du GNTC. Pour le fluvial, la problématique est sans doute identique : France Logistique peut constituer une opportunité à condition d’en être une partie prenante entendue et écoutée.
L’Union des Ports de France (UPF) a rappelé avoir été consulté par les auteurs du rapport et avoir fait des propositions à cette occasion. « Ce lancement est une bonne avancée, d’autant plus que France Logistique réunit des professionnels privés de la logistique et les pouvoirs publics. Il y a aussi le Cilog qui est le pendant du Cimer. Lors du Cimer 2019, le 9 décembre, il a été annoncé la création d’un comité stratégique portuaire qui est rattaché au Cilog », a souligné Jean-Pierre Chalus, délégué général de l’UPF. Pour lui, l’UPF est « au bord du périmètre de France Logistique. Nous serons actifs, voire pro-actifs en faisant des propositions de manière spontanée. France Logistique a le mérite d’exister, on verra avec le temps si chacun y trouve son compte. L’organisation est judicieuse, il faudra qu’on se parle entre toutes les composantes ».
Il reste que la création de France Logistique et la volonté de voir devenir cette nouvelle structure « l’interlocuteur privilégié des pouvoirs publics pour toutes les questions relatives au transport de marchandises et à la logistique » rappelle une autre volonté des pouvoirs publics : celle de voir réduire le nombre des fédérations professionnelles et des organismes de formation professionnelle, déjà largement engagée. Serait-ce, en filigrane, la préfiguration d’une « grande et unique » fédération du transport et de la logistique ?