L’institut pour le transport par batellerie, en néerlandais Instituut voor het transport langs de Binnenwateren, en abrégé ITB, fête en 2020 son cinquantième anniversaire, sa création datant de 1970.
Basée à Bruxelles, cette association « a pour objet d’entreprendre, de promouvoir et de coordonner toutes les études, enquêtes, recherches et réalisations d’ordre technique, économique, sociologique et juridique de nature à assurer le progrès et la sécurité du transport par voie navigable et d’apporter aux autorités et au secteur de la navigation intérieure sa collaboration pour l’organisation et le développement de ce transport », précise l’article 3 de ses statuts. Elle comprend des « membres effectifs dont 10 issus de l’autorité et 10 du côté des organisations professionnelles de transporteurs de marchandises par voie navigable » mais aussi des membres adhérents qui peuvent être « des groupements et associations professionnelles ou interprofessionnelles ayant pour objet la représentation des transporteurs par voie navigable, toutes autorités et organismes publics ». Elle accueille aussi des membres d’honneur.
Une structure paritaire et bilingue
« Nous sommes une structure paritaire qui comprend des membres issus des différentes administrations et des organisations professionnelles privées des trois niveaux qui existent en Belgique : interfédéral, fédéral, régional. L’institut fonctionne en interfédéral et notre activité est bilingue. Nous avons des membres comme les représentations régionales des gestionnaires d’infrastructures régionaux, des ports, des associations de professionnels, etc. Nous sommes des facilitateurs. Nous sommes neutres. Nous ne faisons pas de lobbying. Nous n’avons de pas rôle politique ni commercial. Nous n’avons pas de mission de promotion des voies navigables », explique Frédéric Swiderski, directeur de l’ITB.
Cela permet des échanges à tous les niveaux et de toutes les parties prenantes concernées par les activités sur les voies navigables en Belgique, étant rappelé que suite aux dernières réformes, beaucoup de missions et de responsabilités ont été confiées aux niveaux des trois régions, Bruxelles, Wallonie, Flandre. Ce qui n’empêche pas qu’une coordination au niveau fédéral (en France, on dirait national, NDLR) est aussi prévue, par exemple, les deux organisations régionales que sont la Fédération de la batellerie wallonne et son homologue flamande Kenniscentrum Binnenvaart appartiennent chacune à la Fédération de la batellerie belge. Chacune des deux structures régionales est autonome et travaille avec les autorités de sa région puis la coordination, si besoin, est menée au niveau de la fédération de la batellerie belge.
Quatre axes de travail
Il ne faut pas oublier le niveau international, dans lequel l'ITB joue aussi un rôle. Les deux grandes structures sont l’organisation européenne de la batellerie (OEB ou ESO) et l’union européenne de la navigation fluviale (UENF ou EBU) qui ont lancé une plateforme commune l’European Inland Waterway Transport Platform (IWT) en janvier 2019 dont l’objectif est de travailler en coopération sur les défis du secteur : verdissement, numérisation, innovation, formation et attractivité, infrastructure, financement. Le rôle de l’ITB par rapport à ces organisations européennes ou internationales, dont font partie aussi la CCNR et d’autres, est d’assurer en leur sein une représentation belge et d’assurer la défense des intérêts, besoins et spécificités des transporteurs fluviaux du pays. Cela permet à l’ITB d’avoir accès aux documents et réflexions en cours au sein des différentes organisations européennes et internationales et de les (re)transmettre à ces membres et, à l’inverse, de pouvoir alimenter les réflexions en cours et réagir aux documents en fonction des échanges avec ces membres.
« Nous sommes une plateforme d’échange objective et neutre. Nous rassemblons les avis des administrations et des organisations professionnelles privées pour que tous partagent les mêmes informations. Nous sommes un forum de discussions et de présentation de mémorandum pour favoriser la promotion et l’exercice du métier de transporteur fluvial belge. Nous sommes un centre de recherche scientifique qui élabore des études, par exemple, sur la flotte, les certifications techniques, les aides, la main-d’œuvre, etc. », souligne Frédéric Swiderski.
Dans ce cadre, l’ITB a quatre axes de travail. Le premier porte sur l’observation du marché qui vise à collecter des informations micro et macro-économiques pour donner une image la plus précise possible du secteur. Le deuxième concerne le soutien à la politique des autorités. Le troisième a pour objet l’amélioration des prestations de services aux entreprises ou comment faciliter le métier d’entrepreneur fluvial en Belgique et à l’international. Le quatrième axe de travail est lié à la Convention relative à la collecte, au dépôt et à la réception des déchets survenant en navigation rhénane et intérieure (CDNI) pour laquelle l’ITB est l’institution nationale désignée pour son application et sa gestion en Belgique depuis 8 ans dans le cadre d’un accord de coopération entre l’État fédéral et les régions.
Un nouveau site Internet
Parmi les réalisations récentes de l’ITB, il y a le site Internet https://www.itb-observatorium.be/index-fr.aspx, présenté comme « un portail de la navigation intérieure ». L’un des objectifs principaux de l’ITB consistant en la fourniture périodique d’informations économiques sur l’activité de transport de marchandises par voie navigable, ce site lui permet de mettre à disposition un ensemble de données. Étant précisé notamment que « sur la base de ces données, il est possible de procéder à une analyse des paramètres primordiaux de l’évolution du secteur de la navigation intérieure que constituent tant l’offre de cale que les prestations de transport de marchandises ».
Ce site comprend une rubrique « réseau des voies navigables belges » qui met à disposition du secteur de la batellerie professionnelle un outil digital de notification volontaire d’incidents de toute nature avec géolocalisation sur les voies navigables européennes. Cet outil a pour objectif de compléter les outils officiels existants des entités régionales compétentes, à savoir pour la Flandre www.visuris.be/ et pour la Wallonie www.voies-hydrauliques.wallonie.be. Une autre rubrique est dédiée à la flotte de navigation intérieure belge, dont les données sont mises à jour tous les trimestres. Il s’agit de donner une vision concurrentielle de la flotte aussi bien cargaison sèche que liquide et les remorqueurs en activité. Une troisième rubrique fournit des informations par NST sur les volumes transportés sur les voies navigables belges, marchandises chargées et déchargées. Tous les trimestres, depuis 1998, ces données sont collectées auprès des gestionnaires des voies navigables, les ports et le Service public fédéral Mobilité et Transports. « Cette collecte d’informations régulières et de long terme alimente toutes nos études et réflexions et nous permet de soutenir les revendications du secteur », précise Frédéric Swiderski.
Le site va s’étoffer au cours de cette année 2020 de trois autres rubriques : « innovation et verdissement », « emploi, formations », « réglementation ». Pour cette dernière partie qui proposera des informations de niveau européen, rhénan, régional, fédéral belge, l’objectif d’ITB est de « fournir un aperçu des évolutions et de réaliser une coordination des informations pour les entrepreneurs belges et autres ».
Il faut indiquer que la loi sur le Code de la navigation belge publiée en août 2019 va entrer en vigueur en septembre 2020 et 200 arrêtés royaux vont suivre. De nombreux domaines sont concernés, navigation maritime et intérieure, accès au marché, conditions d’affrètement, contrats de transport, assurance, définition des sanctions, etc. Toutes les autres lois précédentes sont abrogées par ce Code qui vise à la simplification et à la prise en compte des réglementations européennes et internationales. Une consultation publique était en cours avec une réunion prévue le 26 mars 2020 mais le confinement mis en place à partir du 18 mars en Belgique pour cause d’épidémie de Covid-19/coronavirus a perturbé le bon déroulement de cette étape.