« Nous ne sommes pas un site privé. Nous sommes concessionnaire d'un site qui appartient à Voies navigables de France avec un changement de concession potentiel d'ici la fin de l'année 2020 », déclare Arnaud Damiani, directeur d'exploitation de la Sacha, société anonyme depuis 2012, dont le PDG est Alain Biechel (voir encadré).
Afin de bien positionner le rôle et les attentes que l'on peut avoir de la Sacha, son directeur ajoute : « Ce n'est pas un chantier fluvial. Nous pouvons sortir le bateau, après, travaille qui veut sur son bateau. Nous sommes passés d'un chantier artisanal à une vision plus industrielle. Nous avons rationalisé la façon de faire sur le site. Nous sommes plus réactifs pour monter les bateaux. Nous faisons le hissage. Pour le latinage (mettre le bateau sur tin) et la libération des chariots, nous faisons appel à deux ou trois intérimaires. »
Pour la structure de mise à sec, la stratégie et les objectifs sont définis par plusieurs administrateurs issus de la CNR, de la CCI du Pays d'Arles, de la CFT, de Vinci Construction, tous actionnaires. Arnaud Damiani précise : « On peut s'arrêter après 20 ans d'activité ou on peut envisager de faire partie de l'appel d'offres qui sera ouvert par VNF. Nous pourrions nous agrandir et repartir sur des investissements sur 20 ans. » Le 31 décembre 2020 sera la date de la rupture anticipée de la concession.
Réduction des nuisances pour les riverains
L'aire de carénage est un site de 5 000 m2 dont les faits marquants sont, en 2004, la création des voies 13 et 14 et, en 2008, la réfection générale mécanique et hydraulique, le déplacement des moto-réducteurs et le nivellement est. En 2014, il y a eu la création d'une plateforme de traitement de déchets et, en novembre 2016, l'établissement a été classé ICPE et concerne la protection de l'environnement.
Une démarche qui a été portée par VNF car l'installation peut présenter des dangers ou des nuisances sonores pour les riverains, la santé et la salubrité publique, la protection de la nature et de l'environnement. En l'occurrence, après la plainte d'un riverain pour nuisance du chantier à proximité, « Arles a pris conscience qu'il y avait un chantier ici et que des mesures devaient être prises ». 11 millions d'euros ont été alloués pour l'agrandissement et la mise aux normes du chantier.
Après une étude sur site, de nouvelles normes ont dû être mises en place avec, notamment, la construction d'un mur anti-bruit qui a été finalisé en septembre 2019. Avec la pente de 10%, les eaux de carénage « finissaient au Rhône. Nous avons fait des tranchées car, avec les nouvelles normes, il n’est plus possible de rejeter ces eaux dans le Rhône. Il a fallu un système de traitement ». Des caniveaux ont commencé à être construits depuis 2018 et devraient être en fonctionnement en septembre 2020. Mais compte tenu de l'actualité de l’épidémie de Covid-19, cela risque d'être retardé.
Des bateaux très divers
En parallèle, il y a eu un agrandissement du chantier avec deux voies supplémentaires de deux chariots « afin de passer les limites de longueur de 110 à 135 mètres ». Par ailleurs, 50% de la mise aux normes de l'eau d'incendie a été réalisée.
L'aire de hissage, c'est quotidiennement trois bateaux à sec, « en moyenne, ce sont des pousseurs qui font 250 tonnes et 87 mètres, il y a de très grand bateaux et d’autres plus petits mais lourds ».
La Sacha est le seul chantier sur le Rhône qui est en capacité de réceptionner des bateaux de plus de 50 mètres ou plus de 130 tonnes hormis Marseille qui comptabilise « 700 jours de présence et, sur site en temps réel, quatre corps de métiers, ce qui représente entre 15 et 25 personnes par jour sur le chantier ».
Lors d’une audition en visio-conférence le 20 avril 2020 du groupe d’études « voies navigables et transports multimodaux-canaux » de l’Assemblée nationale, Alain Biechel, président du Syndicat national des constructeurs et réparateurs de bateaux (SNCRB), a expliqué : « Cette organisation regroupe une vingtaine de sites d’Arles à Lille, où sont construits des bateaux de toute taille, depuis le Freycinet jusqu’aux grands gabarits – 135 mètres de long. Cette activité était jusqu’alors peu touchée par la crise, par le fait qu’une bonne part s’effectue « sous le robinet », au rythme des révisions périodiques des unités – tous les cinq ou dix ans. Environ 70 % de la profession est toujours au travail, les précautions prises ont permis d’éviter toute contamination sur les lieux de travail, même si des problèmes ont pu se poser, ici où là, en raison de situations familiales.
Les entreprises devraient retrouver tout leur personnel à la fin du confinement, mais précisément au moment où la demande sera en baisse, particulièrement sur les chantiers du Rhône et de la Seine du fait de la disparition de toute activité « passagers » – croisières et promenades. Les vraies difficultés surviendront en mai-juin : 2020 sera une année blanche pour la batellerie hôtelière, et 2021 peut-être également.
Sur le Rhône, le site d’Arles s’attend à une perte prévisionnelle de 30 %, bateaux passagers et bateaux de transport confondus. Pour l’heure, l’activité a chuté de 50 % Quelques chantiers ont pu adapter leurs effectifs sans recourir au chômage partiel, mais c’est maintenant que le problème va se poser, par effet d’inertie ».