Multipliant les dessertes ferroviaires pour les conteneurs et les caisses mobiles, le terminal multimodal Delta 3 de Dourges (Hauts-de-France) accueille aussi de nouveaux trains en conventionnel. Et souhaite développer rapidement les échanges ferroviaires déjà existants avec la Chine pour le transport de conteneurs.
Delta 3, situé à Dourges sur un site de 300 hectares au cœur de l’ancien bassin minier du Pas-de-Calais, entre Lens et Douai, est à la fois une plateforme logistique avec plus de 300 000 mètres carrés d’entrepôts et un terminal trimodal : la route, au croisement des autoroutes A1 et A21, la voie d’eau, avec un quai sur la Deûle canalisée à grand gabarit à la croisée des itinéraires Dunkerque-Valenciennes et Seine-Escaut, et le rail, avec un faisceau ferroviaire de sept voies facilitant le transbordement direct de train à train, et des accès sur les lignes Lille-Paris et Lens-Ostricourt.
Le terminal multimodal de Dourges Delta 3 a connu une augmentation de trafic de 8 % en 2019. Côté fluvial, le nombre d’escales a progressé de 17 % avec 543 barges traitées pour un volume de 8 120 UTI, majoritairement en 40 pieds. Deux opérateurs desservent Delta 3 : Danser, avec trois à quatre bateaux par semaine à destination d’Anvers et Rotterdam, et NPS, avec quatre à six rotations vers Dunkerque, Lille et Valenciennes. La croissance des volumes pousse Delta 3 à faire de nouveaux aménagements : fin 2020, la capacité du parc de stockage va passer de 2 600 à 5 000 EVP, pour répondre aussi à la demande des compagnies maritimes de laisser des boîtes vides sur le site. En 2021, un second portique fluvial sera installé, permettant de traiter deux bateaux à la fois.
Toujours plus de liaisons
Coté ferroviaire, le nombre de trains a atteint un total de 3 267, soit 25 % de plus qu’en 2018, pour 96 243 UTI. L’essor de trafic a concerné les lignes de combiné ferroviaire existantes, mais aussi l’arrivée de nouveaux trains. En février 2019, des navettes de combiné ferroviaire ont été mises en place avec deux ports de la mer du Nord. D’une part à destination de Dunkerque, Greenmodal (filiale du groupe de transport routier Charles-André) ayant réorganisé ses navettes pour desservir Dourges trois fois par semaine sur la ligne reliant Dunkerque à Valenton, où se concentrent les transports combinés de cet opérateur. D’autre part avec Zeebrugge, port vers lequel Novatrans (autre filiale du groupe Charles-André) a mis en place trois rotations par semaine. Dans ces deux cas, il s’agit surtout de conteneurs maritimes, avec peu de caisses mobiles.
Ces liaisons s’ajoutent à celles existantes : à destination de Lyon, Avignon Miramas, Bordeaux, Toulouse et Perpignan, desservies cinq fois par semaine par Novatrans, à destination d’Anvers, Rotterdam et Duisbourg, desservies trois fois par semaine par l’opérateur néerlandais Shuttlewise, et à destination d’Avignon, desservie cinq fois par semaine par Froidcombi. Cette dernière liaison avec Avignon devait être doublée, avec un deuxième train chaque jour dans chaque sens qui porterait à 51 le nombre de liaisons combinées hebdomadaires de Dourges. Mais cette augmentation de fréquence, qui devait avoir lieu en février 2020, a été reportée suite aux perturbations causées par les grèves sur le réseau ferroviaire.
De nouvelles liaisons sont aussi mises en place en trains conventionnels. C’est le cas depuis fin 2018 pour Danone, avec un train acheminant des palettes d’eau en bouteille directement dans l’entrepôt de l’entreprise, pour la distribution de ces produits dans la région Hauts-de-France. Au dernier trimestre 2020, un nouveau service ferroviaire sera mis en place entre Avignon et l’entrepôt en cours de construction à Dourges pour Geodis BM multimodal. Là aussi, il s’agira d’un train conventionnel, qui transportera des produits de grande consommation en palettes, avec déchargement latéral classique.
« Il n’y a pas à ce jour de trains mixtes UTI et conventionnel, mais les opérateurs y réfléchissent. Cela pourrait concerner des destinations avec de faibles flux, ou des liaisons en cours de lancement avec un remplissage incomplet des trains. C’est une bonne façon de développer le fer en conventionnel, car si le combiné continue de tirer la croissance du ferroviaire, nous avons, fait nouveau, des demandes pour des entrepôts embranchés de la part de clients ayant des flux importants », souligne Emmanuel Favreuille, directeur de Delta 3.
Flux aller-retour vers la Chine
Les transports ferroviaires de conteneurs avec la Chine se développent à Delta 3. Après un premier test en novembre 2017, un train mensuel a été mis en place entre Dourges et Wuhan par DBO, filiale créée par la Deutsch Bahn avec un opérateur chinois. La fréquence a ensuite été portée à un train par semaine en juin 2019, et devait même passer à deux trains par semaine en février 2020. En raison de la crise sanitaire, ces navettes ferroviaires de conteneurs à destination et en provenance de Wuhan sont cependant à l’arrêt depuis début décembre 2019.
Emmanuel Favreuille rappelle : « Le chargeur principal est Décathlon, qui est à l’origine de la création de cette liaison pour ses importations en provenance de Chine. Nous avons accompagné les différents partenaires pour trouver d’autres clients à l’import, et, surtout, du fret retour à destination de la Chine. Des chargeurs du secteur automobile, par exemple, mettent des flux sur ce train ; et cela dans les deux sens puisque les pièces automobiles voyagent aussi bien vers que depuis la Chine ».
Avec cette liaison ferroviaire vers la Chine, Delta 3 affirme son rôle de plateforme régionale pour les Hauts-de-France, mais aussi de hub vers d’autres destinations françaises, le terminal multimodal pouvant servir de porte d’entrée pour les marchandises chinoises à destination du couloir rhodanien ou de l’Aquitaine. Ce rôle est d’ailleurs déjà joué par Delta 3 pour d’autres liaisons, avec, par exemple, des transbordements directs de train à train pour des marchandises en provenance de Zeebrugge et à destination d’Avignon.
« Des discussions avaient été entamées avec deux autres provinces chinoises, celle de Jinhua et le Sichuan, pour la mise en place de liaisons similaires pour les secteurs de l’automobile et du textile. Nous espérons les reprendre une fois la crise sanitaire terminée, car la volonté de la Chine est d’avoir une alternative au transport maritime, même si cela concerne des volumes plus réduits. C’est également une alternative intéressante pour nos clients, avec des opérateurs différents des habituelles compagnies maritimes », explique Emmanuel Favreuille.
Toujours dans l’optique de développer des liaisons ferroviaires avec la Chine, en s’inspirant de ce que le port de Duisbourg a mis en place, Delta 3 a signé fin novembre 2019 un protocole d’accord avec les chemins de fer russes, qui ont une volonté de promouvoir Kaliningrad comme hub ferroviaire entre la Chine et l’Europe centrale et occidentale.