«La mise en service de Serqueux-Gisors, suite à la modernisation de la ligne, est prévue pour le 16 novembre 2020. Le chantier a commencé en 2017, le pic des travaux a eu lieu en 2019 et tout se poursuit conformément au planning prévu », précise Thierry Baraté, directeur du pôle clients et service à la direction territoriale de SNCF Réseau Normandie.
Le montant total de la modernisation de la ligne Serqueux-Gisors est de 246 millions d’euros, financés par l’Etat (90 M€), la région Normandie (90 M€), l’Union européenne (66 M€). Serqueux-Gisors va proposer un itinéraire alternatif à l’axe historique entre Le Havre-Rouen et la région parisienne qui passe par Mantes. Sur ce dernier, beaucoup de travaux sont conduits depuis 2 à 3 ans dans le cadre d’un effort de modernisation globale du réseau au niveau national. Il s’agit de renouveler des voies, conforter des tunnels. Ces travaux se font de nuit, ce qui pénalise le fret ferroviaire dont le trafic est détourné par Amiens et Creil pour desservir la région parisienne. D’autres travaux sont réalisés entre 2020 et 2024 sur l’itinéraire Mantes-Paris (prolongement du RER E, projet Eole), ce qui contraint encore davantage les capacités pour le fret la nuit sur cet axe historique.
La modernisation de Serqueux-Gisors vise à proposer un itinéraire alternatif pour le fret ferroviaire au départ du Havre, pour les trains de combiné/conteneurs, en passant par Rouen, pour les trains de céréales, afin de desservir l’Ile-de-France de manière continue. « Serqueux-Gisors va permettre une continuité de service et d’absorber le développement du fret ferroviaire au départ du Havre et de Rouen ».
Serqueux-Gisors va pouvoir accueillir 25 trains de fret au maximum chaque jour (12 dans un sens, 13 dans l’autre). Ce nombre de 25 trains est fixé par l’addition des contraintes qui concernent chacune des sections de l’itinéraire : périodes d’entretien de la voie, priorité des trains de voyageurs et arrêt des circulations de fret aux heures de pointe, respect des distances et vitesses de sécurité, etc. D’après les évaluations en fonction des prévisions d’activité, de l’accroissement du trafic mondial de conteneurs et de l’attractivité du ferroviaire par rapport aux autres modes, le GPM du Havre n’aura pas besoin de plus de 25 trains par jour avant 2025. En tenant compte de l’optimisation du chargement des trains, ces 25 trains pourraient répondre aux besoins à plus long terme encore. Les trains seront d’une longueur de 500 à 750 mètres, rouleront à 100 km/h sauf au niveau du raccordement de Serqueux (60km/h), passeront pour une moitié entre 22 h et 6 h et une autre de jour.
Une démarche innovante
Pour favoriser le développement du fret ferroviaire entre la Normandie et l’Ile-de-France, une démarche « fret ferroviaire axe Seine » (FFAS) a été mise en place il y a quelques années sous l’égide du préfet François Philizot et rassemble régulièrement autour d’une même table les parties prenantes concernées (région Normandie, Ile-de-Fance mobilités, SNCF Réseau, Haropa).
« L’infrastructure doit être au service du développement ferroviaire des deux ports du Havre et de Rouen. Avec Haropa, nous avons compris l’intérêt de travailler ensemble pour faire que la bataille de la mer se gagne à terre. SNCF Réseau doit avoir connaissance des problématiques des industriels du port, des armateurs. La démarche permet de connaître, le plus en amont possible du processus d’allocation des capacités, les besoins de sillons des faiseurs de flux dans les ports et d’assurer la meilleure qualité de service possible », indique Abdelkrim Marchani, chargé de comptes fret et axe Seine à la direction territoriale de SNCF Réseau Normandie.
Avec FFAS, il s’agit de connaître les besoins à court terme (2 à 3 ans) et à long terme (à l’horizon 2025-2030) pour le fret ferroviaire, comme sont connus, très à l’avance, les besoins pour les voyageurs et planifiés les travaux. « Cela nous permet de construire et de planifier une offre ferroviaire sur l’axe Seine en prenant en compte les besoins de tous les utilisateurs. C’est une démarche innovante qui s’inscrit aussi dans les travaux de la plate-forme fret ferroviaire pour anticiper des besoins de liaisons de longue distance entre Le Havre et Marseille, par exemple ».