« Ce qui nous a inquiétés en début de semaine dernière, c’était la fermeture éventuelle du réseau ferré la nuit alors que c’est le moment nécessaire et vital pour les trains de fret mais aussi pour la Nation dans le contexte de pandémie pour poursuivre les activités logistiques ferroviaires, explique Franck Tuffereau, délégué général de l’Association française du rail (Afra). La très forte réduction de l’activité voyageurs libère des sillons pour faire circuler les trains de fret le jour mais cela nécessite une coordination entre les entreprises ferroviaires et SNCF Réseau, c’est est en cours. »
Lors d’une réunion le 23 mars 2020 de la cellule de crise mise en place par la DGITM en vue d’assurer la continuité du service ferroviaire, il a été affirmé que « les circulations fret sont désormais prioritaires sur les circulations voyageurs et les travaux levés dès qu’ils sont en conflit avec des circulations fret ». Le « maintien des axes majeurs pour le fret est une priorité ». « L’importance des acheminements en wagons isolés, utilisés pour l’industrie chimique est prise en compte. »
D’autre part, le maintien des circuits de voie est organisé dans toutes les régions avec des ressources propres à SNCF Réseau et l’aide des entreprises ferroviaires voyageurs.
Sur certains axes, SNCF Réseau, manquant de personnel pour assurer les 3x8, peut se diriger vers une solution 2x8 qui supprime le sillon de nuit. L’objectif affirmé du gestionnaire d’infrastructure est toutefois de « maintenir le plus longtemps possible en 3x8 la majorité des axes, notamment les axes structurants ». Le gestionnaire d’infrastructure envisage toutefois de « passer en 2x8 sur certains axes en coordination étroite avec les clients, en fonction de l'évolution des besoins et des disponibilités des effectifs côté SNCF Réseau ». Celui-ci précise « en cas de passage en 2x8, l’organisation est adaptée dans la mesure du possible en fonction des demandes des clients. Cela signifie rechercher des solutions organisationnelles agiles pour faire circuler les trains lorsque des difficultés sont remontées par les clients ».
Parmi les points encore à régler suite à des difficultés rencontrées par les entreprises ferroviaires, des adaptations réglementaires sont demandées, notamment sur la validité des habilitations des conducteurs et du personnel sol, de licences d’entreprises ferroviaires, les règles de temps de travail. Une alerte a aussi été faite sur la maintenance du matériel roulant : les ateliers de réparation/entretien de wagons et de locomotives sont, pour la plupart, fermés.
Les personnels sont mobilisés et motivés
« Le fret ferroviaire a diminué d’environ 25 % en raison d’industries utilisatrices du mode comme l’automobile, dont l’activité est à l’arrêt et donc les besoins de transport. Il faut noter que 65 % des trains de fret circulent, ce qui permet de couvrir 100 % des demandes des entreprises ferroviaires. Cela signifie que des produits comme les céréales, les produits frais, l’alimentation, les caisses mobiles sont prioritaires. Pour tous ces produits, le transport massifié ferroviaire prend tout son sens et participe au dispositif logistique nécessaire dans le contexte du Covid-19 », poursuit Franck Tuffereau.
Le délégué général de l’Afra met aussi en avant la mobilisation des personnels et des équipes des entreprises ferroviaires dans le contexte de crise sanitaire, rappelant que beaucoup d’entre eux se retrouvent loin de chez eux, avec les hôtels fermés, le repos devient compliqué. Les trajets en voiture s’allongent. « Nous avons des personnels très mobilisés et très motivés au sein des entreprises ferroviaires, qui travaillent dans l’ombre, il ne faut pas oublier l’importance de ce qu’ils font. »