Hydrogène de France (HDF) prévoit la construction à Bordeaux d’une usine de piles à combustibles à hydrogène, qui devrait être opérationnelle en 2022. Pour cela, l’entreprise française a signé en décembre 2019, un accord avec Ballard, lui permettant d’utiliser la technologie du fabricant canadien de piles à hydrogène, incontournable puisqu’il équipe, par exemple, 90 % des bus à piles à hydrogène en Europe. À Bordeaux, ce sont des piles de plus forte puissance qui seront produites, le marché visé étant celui de l’industrie, secteur auquel sera proposée une pile d’1,5 MW disposée dans un conteneur de 40 pieds.
En avril 2020, c’est avec le spécialiste des systèmes électriques et de la robotique ABB, très en pointe sur la propulsion électrique des bateaux, que HDF a signé un protocole d’accord pour fabriquer ensemble des piles à hydrogène de plus d’1 MW adaptées à l’utilisation maritime. « Il est intéressant que nous travaillions ensemble, car nous avons le même fournisseur, Ballard, et nous travaillons dans la même gamme de puissance. Cet accord nous permet d’ajouter une branche maritime à l’usine que nous construirons et de devenir l’industriel qui fabrique pour ABB. Le marché de l’industrie a un temps d’avance sur celui du maritime : ce dernier va monter en puissance plus progressivement, et deviendra important en particulier dans les zones où les armateurs seront obligés d’abandonner les moteurs thermiques, comme les fjords de Norvège », explique Damien Havard, président de HDF.
Navires, bateaux, ports
HDF produira donc ses propres piles pour le stationnaire, afin de fournir à l’industrie des groupes électrogènes zéro émission de forte puissance, et procurera à ABB des piles à hydrogène marinisées, bénéficiant ainsi pour la diffusion de ses produits de la présence mondiale dans l’industrie maritime dont dispose le groupe helvético-suédois.
L’usine HDF qui sera construite près de Bordeaux sera opérationnelle en 2022 pour fournir l’industrie comme la marine. L’idée est de proposer un format adapté aux bateaux, qui pourrait équiper de petits navires comme des dragues, des bacs… ou même les plus gros bateaux fluviaux. Les piles produites à Bordeaux pourraient aussi être utilisées par les bateaux de croisière au mouillage, où dans les ports où le courant de quai n’est pas proposé. Le marché visé n’est cependant pas la propulsion des plus gros navires, HDF et ABB se limitant à des puissances de 15 000 à 20 000 chevaux, en associant plusieurs modules.
La capacité de production sera de 50 piles par an dans une première phase, avec possibilité de doubler la cadence deux ans après le démarrage de l’usine. Un marché de niche, comparé à celui de l’automobile. « Le secteur de la mobilité est en pointe pour drainer les investissements et éprouver la performance et la longévité des techniques, avec un marché de masse pour l’automobile et des politiques publiques de soutien financier pour les bus. On l’a vu sur les batteries au lithium : c’est le secteur automobile qui a développé la technologie », précise Damien Havard.
Les secteurs maritimes et fluviaux sont-ils aujourd’hui mûrs pour adopter l’utilisation de l’hydrogène ? C’est l’avis de Bruno Roche, responsable de la division « automatisation industrielle » d’ABB, qui englobe les activités de propulsion maritime : « Le maritime est très affecté par la crise du Covid-19, mais l’attrait pour les énergies renouvelables n’est pas en perte de vitesse pour autant, avec beaucoup de demandes de la part de nos clients. À moyen terme, la volonté est présente de décarboner leurs activités. Les choses s’accélèrent, et le partenariat avec HDF va permettre d’industrialiser des piles de plus d’1MW pour parvenir à un coût intéressant ».