Des granulats du wagon au bateau

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Crédit photo Etienne Berrier
Pionnier du transbordement direct rail-fleuve, la société des Carrières du Boulonnais le pratique depuis 2012 à Limay (Yvelines) pour la livraison par bateau en région parisienne de granulats acheminés par train depuis sa carrière de Ferques (Pas-de-Calais).

Pour ses expéditions de granulats depuis sa carrière de Ferques, située dans le Pas-de-Calais, à mi-distance de Boulogne et Calais, la société des Carrières du Boulonnais mise sur le rail. Le site dispose depuis 1974 d’un embranchement ferroviaire, et les installations sont en cours de rénovation pour doubler la capacité d’expédition ferroviaire. Plus du tiers de la production de la carrière est expédiée par le fer, soit trente à quarante trains par semaine quittant le site de Ferques. Chaque année, ce sont ainsi 2 Mt de granulats issue de l’extraction de roches massives qui arrivent par wagons en Île-de-France. Certains trains rejoignent directement les sites de réception, par exemple, des centrales à béton disposant d’un embranchement ferroviaire. La plupart d’entre eux ont pour destination la plate-forme logistique de la société des Carrières du Boulonnais à Mitry-Mory (Seine-et-Marne), qui voit transiter chaque année 1 Mt de granulats. Certains trains, enfin, ont pour destination le port de Limay (Yvelines), où leur contenu est chargé sur des bateaux remontant la Seine jusqu’à Paris.

Une petite partie des 300 000 t de granulats provenant chaque année au port de Limay par train repart par la route, pour le marché local. Mais pour 95 % du tonnage, le voyage continue en bateau, qui est le moyen le plus sûr pour acheminer des granulats jusqu’au cœur de la région parisienne, en particulier pour les centrales à béton installées bord à voie d’eau. Avec une particularité : le transbordement direct de la marchandise depuis les wagons jusqu’à la cale du bateau, pratiqué depuis l’arrivée du groupe CB au port de Limay, en 2012.

Les wagons sont amenés jusqu’au bord du quai, puis les granulats chargés à bord de bateaux de 600 à 1 500 t grâce à une sauterelle CW3, tapis déchargeur de wagon installé sur un petit camion et permettant de charger au rythme de 300 t/h.

Le transbordement direct, source d’économie

Le produit fini provenant du site de Ferques peut ensuite rejoindre par bateau sa destination finale, en région parisienne, en ayant transité par le port de Limay mais sans en avoir touché le quai. Une solution différente de celle retenue par Cemex, par exemple, qui sur son site de Marolles-sur-Seine (Seine-et-Marne) fait parvenir par train des granulats de roche massive de Bourgogne et les mélange localement à des granulats sédimentaires avant de les réexpédier en bateau vers la région parisienne.

Le transbordement direct du wagon au bateau présente un avantage évident : cette forme de rupture de charge a un coût moindre que celui d’une dépose du matériau à terre, avec reprise à la pelle pour chargement du bateau. Une différence appréciable, puisque la logistique représente un coût important par rapport au prix des granulats.

Pourtant, seulement 30 à 40 % du tonnage provenant à Limay bénéficie du transbordement direct : la majorité des granulats est vidée au sol avant d’être rechargée sur bateau. Cela tient à plusieurs facteurs, expliqués par Philippe Bliard, directeur du développement et des relations publiques la société des Carrières du Boulonnais : « Pour faire du transbordement, il faut qu’il y ait un train, ce qui dépend d’un sillon. Deux trains arrivent chaque jour à Limay, dont un de nuit. Quand un train arrive, on a quatre heures pour le décharger avant qu’il reparte. Or on ne charge par les bateaux la nuit. Sur le train de jour, on fait prioritairement du transbordement, mais encore faut-il qu’il y ait adéquation entre la granulométrie du produit qui arrive, et les besoins du client. Et, bien sûr, un bateau doit être présent à quai ».

Le stockage à terre est aussi nécessaire pour une autre raison : cela sert de stock tampon car les clients parisiens la société des Carrières du Boulonnais, principalement des centrales à béton, peuvent connaître des pics de consommation auxquels il faut pouvoir faire face. D’un autre côté, elles ne peuvent être mises à l’arrêt et doivent continuer à être approvisionnées, même en cas d’incident sur la circulation ferroviaire à destination de Limay. La société des Carrières du Boulonnais, à cette fin, dispose sur le port d’une capacité de stockage de 50 000 t.

Chaque train, dont la traction est assurée par Euro Cargo Rail, achemine 1 500 t de granulats, comprend 22 wagons, est d’une longueur de 400 m. Mais son contenu ne peut aller directement en bateau vers sa destination finale : « Cela dépend de la capacité de stockage du client, précise Philippe Bliard. De toute façon, on est obligés de couper le train et seulement une partie des wagons accède au quai, dont la voie ferrée fait moins de 200 m. Ensuite, il faut manœuvrer soit le train, soit le bateau pendant le chargement. Si c’est un automoteur, c’est le bateau qui se déplace. S’il s’agit d’une barge dont le pousseur est parti faire d’autres trafics, ce sera au train de manœuvrer ».

Un quai à Rieux

Pour les granulats stockés à terre sur le port de Limay, le recours à une pelle et à un court brouettage routier d’1 km vers le quai fluvial est nécessaire. Mais la société des Carrières du Boulonnais réfléchit à l’installation d’une bande transporteuse pour faciliter le chargement des bateaux. C’est la solution qui a été retenue pour un autre site du groupe : celui de Rieux, situé sur l’Oise, à proximité de Creil. Là aussi, les granulats proviennent de Ferques par transport ferroviaire, à raison de 100 000 t par an. Pour l’instant, tout repart par camion. Mais à partir de fin 2019 ou début 2020 des transports fluviaux y seront possible, puisqu’un quai VNF va être remis en état à proximité. Il n’y aura pas de transbordement direct, en l’absence d’une voie ferrée le long du quai. Mais l’utilisation d’une bande transporteuse pour acheminer les granulats jusqu’au quai permettra de charger sur bateau 25 000 à 50 000 t la première année, et jusqu’à 100 000 t par an à terme. Un trafic qui s’ajoutera aux 100 000 t transitant déjà par le site.

Rieux étant situé sur l’Oise à grand gabarit, le groupe CB pourrait charger des bateaux jusqu’à 4 000 t, mais les capacité de réception de ses clients le limitent à des cales allant du Freycinet jusqu’à 1 000 ou 1 500 t. La localisation de la plateforme, sur le futur itinéraire à grand gabarit Seine-Nord, n’est pas non plus d’un grand intérêt pour le groupe CB selon Philippe Bliard : « Les carriers du Nord ne sont pas intéressés par Seine-Nord, puisque tout le capillaire est en petit gabarit. Pour faire du fluvial depuis Ferques, il faudrait un brouettage jusqu’au canal de Calais, sur lequel on ne pourrait charger les Freycinet qu’à 250 t. Seine-Nord sera intéressant pour nous en phase de construction, car nous pourrons fournir des matériaux. Mais une fois en place, ce sera une autoroute pour les carriers belges du Tournaisis, qui sont embranchés sur le grand gabarit ».

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