Facilité de déploiement, visibilité sur des zones difficiles d’accès, automatisation : l’utilisation de drones munis de caméras peut offrir de nombreux avantages pour la surveillance des zones portuaires ou des voies d’eau. Avec deux applications principales : d’une part, la surveillance pour des objectifs de sûreté et sécurité, d’autre part, la collecte de données et d’images en vue de planifier la maintenance des ouvrages.
Du côté de Voies navigables de France (VNF), c’est cette dernière utilisation qui est envisagée. Une campagne de tests a été menée sur la Deûle par la direction territoriale Nord-Pas-de-Calais fin 2019 et début 2020. Deux types de drones ont été utilisés, dont des drones aquatiques pour travailler sur la bathymétrie et la surveillance des ouvrages hydrauliques et de navigation. Des drones aériens capables de prendre des photos à 360 degrés ont aussi été mis en œuvre pour la surveillance des berges. Ils permettent, après reconstitution d’un modèle numérique de terrain, d’identifier tout éventuel désordre ou de repérer l’évolution entre deux prises de vues.
« L’objectif est d’avoir la meilleure connaissance possible du domaine fluvial et des équipements. Pour l’instant, les expériences menées l’ont été en ayant recours à des prestataires externes spécialisés. Ce sera encore le cas à l’avenir si nous devions avoir recours à d’autres drones aériens. Pour les drones aquatiques, la sous-traitance devrait aussi continuer, mais la question se pose d’avoir un équipement propre à VNF, car nous aimerions avoir un dispositif permettant de faire, par exemple, des mesures ciblées en complément des vedettes bathymétriques dont nous sommes déjà équipés », explique Luc Feret, directeur adjoint de la direction territoriale Nord-Pas-de-Calais de VNF.
Des services complets
Au Grand Port maritime de Dunkerque, les drones sont utilisés non pour la surveillance des ouvrages, mais pour des missions de sûreté et de sécurité. Un point sensible s’agissant d’une zone d’accès restreint, régie par le code ISPS, comme l’est le terminal ferry. Eamus Cork, la société chargée de la sûreté portuaire sur cette zone d’une cinquantaine d’hectares, a recours depuis plus d’un an à un drone autonome Skeyyetech, conçu et mis en œuvre par la société française Azur Drone.
Les caméras embarquées à bord de ces engins volants de 6,5 kg sont équipées de deux capteurs, l’un optique et l’autre thermique. Les images qui en sont issues sont intégrées au dispositif vidéo de surveillance du site. « Plus qu’un drone, c’est une caméra mobile autonome que nous proposons, avec un service complet comprenant aussi une plateforme de rechargement automatique et une station météo, précise Édouard Benech, directeur commercial d’Azur Drone.
Les ports sont des sites exigeants en termes de conditions météo, avec beaucoup de vent et un environnement salin. Ils sont aussi exigeants en termes de sécurité, et parfois difficiles à surveiller : espaces très vastes, présence de bassins portuaires rendant compliqué les rondes terrestres, etc. Le site de Dunkerque présente aussi des zones où le champ de vision des caméras est masqué, par exemple, par une pile de conteneurs. Le recours au drone apporte un avantage important, permettant aux agents d’être très réactifs en leur apportant des angles de vue inédits. Bien qu’autonomes dans son fonctionnement, le drone utilisé à Dunkerque reste sous supervision humaine. L’agent qui utilise les images n’est pas breveté pilote de drone, mais il a auparavant validé les missions de l’engin : ronde de surveillance, levée de doute, etc.
Dans le domaine portuaire, les drones autonomes pourraient encore trouver d’autres usages : outre la surveillance des ouvrages en vue de leur maintenance, ils pourraient par exemple être utilisés pour localiser un conteneur pour lesquels les moyens technologiques déjà mis en œuvre pour cela auraient échoué.