De l’intérêt d’un arrêt à Mâcon pour Viia

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Retour sur les raisons de la mise en place d’un « stop », ou arrêt, sur la plate-forme portuaire de Mâcon par l’opérateur d’autoroutes ferroviaires Viia en mars 2019.

Historiquement, les autoroutes ferroviaires ont débuté dès 2003 entre Chambéry et l’Italie, il s’agissait durant cette période plutôt de transit à travers la France pour des marchandises destinées à l’étranger et de sécuriser le franchissement des Alpes sur 175 km. Il n’existait pas alors de « stop » ou d’arrêt à l’intérieur du territoire français. En 2007, la ligne Luxembourg-Le Boulou a été créée. C’était la plus longue autoroute ferroviaire d’Europe, considérée comme un service de transit pour les flux internationaux traversant la France. Depuis, la situation a beaucoup évolué, comme le montre la création d’un arrêt sur la plateforme portuaire de Mâcon, en 2019, pour les lignes d’autoroutes ferroviaires de Viia entre Turin-Orbassano et Calais ainsi qu’entre Le Boulou et Calais.

La plateforme portuaire multimodale de Mâcon, exploitée par la chambre de commerce et d’industrie (CCI) de Saône-et-Loire à travers sa filiale Aproport, propose à ses clients un service global en matière de manutention, de conditionnement et de stockage avec deux entrepôts couverts. Elle offre un service de logistique complet en mettant à la disposition des entreprises qui le souhaitent des capacités de logistiques multimodales par la voie d’eau, le rail et la route pour la gestion de leurs flux de marchandises entrants et sortants.

Des travaux ont été réalisés sur la zone d’Aproport en 2018 afin de répondre aux besoins de l’opérateur ferroviaire Viia, filiale de SNCF Logistics, et du transporteur routier Alainé. Viia a investi dans les wagons. La société Alainé a investi dans les semi-remorques préhensibles au gabarit P400 pouvant être chargées en mode vertical dans les wagons surbaissés de Viia qui répondent à la problématique de gabarit sur le réseau ferré français et ses tunnels parmi les plus restrictifs en Europe.

« Nous avons commencé en mars 2018 des travaux consistants, tout d’abord, à reprendre des rayons de courbures. Puis nous avons modifié des voies ferrées pour accueillir des wagons Lohr. Leur grande particularité, c’est la manutention horizontale », précise Guillaume Madinier, contremaître au port de Mâcon. Toutefois, sur cette plateforme portuaire, c’est de la manutention verticale qui est opérée : « Nous avons des porte-conteneurs qui sont équipés de pinces qui se déplient pour la saisie de remorques P400 avec des spécificités pour le ferroutage. Elles sont fabriquées pour être bien accrochées dans la coque ». Le port dispose d’un tracteur portuaire ou reach-stacker car « qui dit prise à pince dit brouettage », explique Guillaume Madinier.

A Mâcon, pour répondre à la demande de Viia, c’est dans du matériel et du personnel que la CCI a investi. « Nous avons doublé les embauches de l’équipe ferroviaire. Nous avons aussi réalisé un enrobé, soit un investissement de 500 000 euros sur la zone spécifique ». Il s’agit d’un enrobé très lourd de 20 cm pour résister, entre autres, au « poinçonnement » du reach-stacker quand il doit s’arrêter ou freiner. La plus-value de Mâcon, c’est également un investissement dans une  locomotive qui peut tracter 1 000 tonnes en montée.

Courte et longue distances

Suite à ces travaux, Viaa opère à Mâcon depuis mars 2019 et s’adresse au marché des transporteurs routiers français, soit les marchés de Rhône-Alpes, de l’Ain, du Jura, mais aussi de la Suisse. Mâcon, bien placé sur un axe Espagne-Angleterre et à équidistance de Calais et du Boulou, répond aussi au besoin de distance minimale de pertinence ferroviaire et donne à ce trajet un sens économique.

Daniel Lebreton, directeur commercial et marketing chez Viaa explique : « Le mode ferroviaire sur de la courte distance, c’est peu pertinent ». Mais le modèle est « aussi fondé sur la fréquence ». Viia a donc décidé de compléter son service Turin/Orbassano-Calais par un arrêt à Mâcon. Ce sont deux départs quotidiens qui existent désormais vers le Nord depuis Mâcon. « Quand nous avons un train entre l’Espagne et Calais, soit 40 semi-remorques par convoi, c’est le maximum que l’on puisse charger. L’arrêt à Espagne nous permet de toucher au marché français et de rattacher Mâcon à l’Espagne, à l’Italie et à la Grande-Bretagne », détaille Daniel Lebreton.

Il y a un contrat d’engagement de volumes avec un client, la société Alainé, transporteur routier sur la base d’un départ par jour de Mâcon vers Calais et du Boulou, au sud de Perpignan, vers Mâcon. Alainé a fait un pari sur le transport alternatif. L’objectif, c’est que les parties concernées, les transports Alainé qui ont débuté avec des trajets sur de courtes distances ainsi que Viia et le port, puissent aussi utiliser les lignes longue distance. « Nous espérons qu’un jour Mâcon puisse être en contact avec Potsdam en Allemagne », précise Daniel Lebreton. Le premier train étant rempli au maximum de ses capacités, Viia souhaiterait en lancer un deuxième. « Pour le moment, on pourrait monter un train à moitié plein », indique le responsable de Viia. Sachant que les trains fonctionnent aussi le week-end.

A Mâcon, le « stop » fonctionne dans les deux sens, montant et descendant, de Mâcon vers Calais et du Boulou vers Mâcon. Viia organise un train de 850 mètres de long qui, lors de son stop de Mâcon, laisse un « coupon ». Cela signifie que lorsqu’une rame complète arrive sur site, l’équipe récupère ce coupon. Par ailleurs, un autre coupon, ayant lui même été récupéré et stocké en provenance du Boulou, sera repris lors du nouveau départ (10 remorques par coupon).

Des trains de 850 mètres

Au final, lorsque le train reprend son trajet, il repart avec toujours le même nombre de wagons pour se rendre au Boulou. Idem, pour le train qui vient du Boulou et qui lui se rend à Calais en s’arrêtant à Mâcon. Au total, sur cette plate-forme portuaire, ce sont  quatre rames « coupons » par jour à gérer. Il ne faut pas oublier d’ajouter la liaison vers Turin/Orbassano en Italie.

Viaa relève que de plus en plus d’entreprises leaders ont pour objectif stratégique la réduction de leurs émissions de CO2 dans le cadre d’une démarche de responsabilité sociale et environnementale. Cette entreprise rappelle qu’un transport ferroviaire entre le Boulou et Mâcon permet de réaliser « une économie de 1 000 tonnes de CO2 par rapport au mode routier ». Pour Daniel Lebreton, Viia est ainsi « un vrai opérateur zéro émission ou émission neutre » dans le cadre de sa mission « d’assembler de l’achat de traction ferroviaire, de la mise à disposition, de l’achat de manutention pour vendre un service intégré ».

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