Davantage d’escales et de services pour les paquebots du Rhône

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Sur le bassin Rhône-Saône, les aménagements se multiplient, sous la responsabilité partagée de la Compagnie nationale du Rhône (CNR) et de VNF, pour l’accueil des paquebots de croisière fluviale. Les collectivités interviennent aussi pour la fourniture de services à terre, au premier rang desquels la fourniture de courant électrique pendant l’escale. Outre les 530 km de réseau navigable à grand gabarit que constituent le Rhône et la Saône, seule portion fréquentée par les paquebots mais sur laquelle on retrouve aussi les autres formes de tourisme fluvial, la direction territoriale Rhône-Saône de VNF comprend le canal du Rhône à Sète, fréquenté par les bateaux de location, la plaisance privée et quelques bateaux-promenade, ainsi que 345 km de réseau à petit gabarit : la Petite-Saône, en amont de Saint-Jean-de-Losne, et le canal du Rhône au Rhin. Sur ces voies d’eau au gabarit Freycinet naviguent les bateaux de location, les péniches-hôtel ainsi que de rares bateaux-promenade. Au total, VNF a enregistré 542 000 passagers à bord des bateaux-promenade, 95 000 sur les paquebots fluviaux, 27 000 à bord des bateaux de location et 7 800 sur les péniches-hôtel.

Moins de paquebots fluviaux

Avec seulement quatre paquebots naviguant sur le Rhône et la Saône en 2004, la flotte a ensuite rapidement progressé pour atteindre un pic à 26 unités en 2015, pour redescendre à 24 en 2019. Le tassement est surtout perceptible pour les paquebots de 135 mètres, accueillant jusqu’à 190 passagers, qui avaient fait leur apparition sur le bassin à partir de 2013, supplantant les bateaux habituels de 110 mètres de long pour 150 passagers. On comptait 8 bateaux de 135 m en 2015, mais seulement 5 en 2019. L’effet, sans doute, d’une image dégradée de la situation sécuritaire de la France au niveau international après les attentats de 2015, qui avait échaudé la clientèle haut de gamme étrangère, très présente sur le Rhône, avec une forte représentation des touristes en provenance des États-Unis. Cela avait conduit les opérateurs à retirer leurs paquebots les plus grands du bassin Rhône-Saône : une décision lourde de conséquence, puisque ces bateaux ne peuvent passer d’un bassin fluvial à l’autre qu’au prix d’un coûteux voyage à bord de navires maritimes.

« On estimait que les paquebots de 135 m étaient l’avenir, nous en sommes moins convaincus aujourd’hui, précise Malvina Richez, responsable du bureau tourisme de la direction territoriale Rhône-Saône de VNF. Des marges de développement existent cependant pour l’arrivée de nouveaux 135 m sur le bassin, ces bateaux représentant la moitié de la flotte européenne des paquebots fluviaux. Encore faudrait-il que l’infrastructure puisse les accueillir, car le bassin Rhône-Saône connaît un problème de disponibilité d’appontements adaptés aux paquebots ».

France, Isere (38), Le Peage de Roussillon, bateau croisiere, Le Rhone (vue aerienne)

Depuis 2001, le potentiel de développement des paquebots fluviaux ayant alors été décelé, un protocole d’accord entre VNF et la Compagnie nationale du Rhône (CNR), qui aménage et exploite ce fleuve, permet aux deux entités de travailler ensemble pour proposer des services et des aménagements homogènes aux bateaux naviguant sur le bassin. C’est dans ce cadre que sont conçus les nouveaux appontements prévus sur le Rhône ou la Saône. Avec, souvent, l’installation de bornes électriques de fort ampérage pour que les paquebots fluviaux disposent de la puissance électrique dont ils ont besoin, tout en coupant leurs moteurs à l’escale. « Nous souhaitons déployer des bornes électriques sur l’ensemble du bassin, du moins aux endroits où les escales sont les plus longues, déclare Malvina Richez. La priorité sera donnée dès 2020 sur les centres urbains, avec un enjeu très fort sur la métropole de Lyon ».

Ce projet, piloté conjointement par VNF et la CNR à l’échelle de l’ensemble du bassin, a déjà donné lieu à des réalisations. « Historiquement, nous avons équipé en électricité les sites d’hivernage des paquebots, avec des bornes basse puissance, explique Pierre Meffre, directeur de la valorisation portuaire de la CNR. À Tournon-sur-Rhône, les paquebots à l’escale apportaient des nuisances à un camping tout proche. Nous y avons donc installé en 2016 une borne de 1 050 Ampères. Nous sommes prêts à aller plus loin, et cela fait partie de nos engagements en faveur du renouvellement de la concession CNR du Rhône au-delà de 2023. Car la croisière est une belle activité, mais les moteurs qui tournent à l’escale en sont une des externalités négatives les moins acceptables, surtout en cœur de ville ».

Besoin de services à terre

Du côté de VNF, sur la Saône, un site bénéficie aussi de branchements électriques pour les paquebots : à Mâcon, où l’appontement (trois places en linéaire, six en tout à couple) a été rénové en 2016-2017, la ville a installé un service de tri des déchets, ainsi que deux bornes électriques de 1 050 Ampères pour les paquebots de 110 m, et une troisième borne de 1 600 Ampères adaptée à ceux de 135 m.

À cela s’ajoutent les cinq sites qui disposent de bornes de 135 Ampères, adaptées à l’hivernage des paquebots : Vienne, Sainte-Colombe, Lyon-Gerland, Tain-l’Hermitage et Châlon-Nord.

Les appontements pour paquebots disposant de bornes de forte puissance devraient se multiplier prochainement. « La priorité à court et moyen terme est d’équiper les principales escales, indique Pierre Meffre. Les armateurs attendent aussi d’autres services, comme la collecte des ordures ménagères ou des stationnements pour autocar. Cela n’est pas directement du ressort de la CNR, mais nous pouvons aider les collectivités en leur apportant une vision globale sur l’activité de croisière. On réfléchit d’ailleurs avec VNF à la création d’un club croisière Rhône-Saône, pour réunir les armateurs de croisière, qui attendent des services, et les collectivités, qui cherchent les retombées économiques ».

À Tournus, un projet est en cours pour la fourniture de services sur le site d’escale des paquebots, situé en centre-ville et très fréquenté. Il est prévu d’y installer une borne électrique de 525 Ampères, une borne à eau de fort débit, une installation de collecte des déchets ainsi qu’un aménagement permettant un meilleur accès aux autocars pour les excursions des croisiéristes en escale. En outre, trois places pourraient être aménagées pour les péniches-hôtel en aval de l’appontement paquebot.

Villefranche-sur-Saône ne dispose pas d’appontement. Mais les collectivités travaillent depuis longtemps à un projet de création de trois places linéaires pour paquebots fluviaux, avec, dans un premier temps, une place pourvue de tous les services. Les travaux devraient commencer fin 2019, pour une mise en service courant 2020.

À Trévoux, un nouvel emplacement sera créé pour compléter le site d’escale qui ne dispose que d’une place. À Valence, il s’agit d’une création d’appontement, dont le projet est porté par la collectivité, devrait aboutir en septembre 2019 et être opérationnel pour la prochaine saison. À Vienne, l’escale sera réaménagée pour mieux accueillir les bateaux de 135 m et prévoir un cheminement terrestre plus facile sur le quai. « Des études sont en cours. La maitrise d’œuvre qui réalisera les études opérationnelles sera bientôt désignée. Les travaux sont prévus en 2020 et 2021 ».

Des ports très fréquentés

Arles dispose déjà d’un linéaire permettant l’amarrage de cinq paquebots, mais sans pouvoir accueillir les 135 m, qui doivent aller à Avignon ou Tarascon. Une étude a été réalisée, qui montre que le meilleur emplacement serait sur le domaine CNR, en amont du quai VNF actuellement utilisé. Le nouvel emplacement est programmé pour 2021, avec deux places pour des paquebots de 135 m. Un branchement électrique est prévu. Avec 562 escales en 2018, ce port est le quatrième le plus fréquenté par les paquebots sur le Rhône, derrière Lyon (856 escales), Avignon (784) et Viviers (580). Le nombre d’escales ne cessant d’augmenter à Arles, un syndicat mixte pourrait être créé avec le département et les communes concernées, pour y apporter davantage de services terrestres. Ce syndicat concernerait aussi les autres appontements des Bouches-du-Rhône : Tarascon, Martigues et Port-Saint-Louis-du-Rhône.

Ce dernier port fait d’ailleurs l’objet, jusqu’à la fin de l’année, d’une étude de réaménagement : actuellement, un seul paquebot peut s’amarrer sur un quai très dégradé. L’objectif est de disposer de deux places pour paquebot, mais aussi d’accueillir un bateau-promenade et un hôtel flottant… tout en conservant de la place pour les unités de transport de marchandise. La décision d’affectation des différents sites entre les paquebots, les bateaux-promenade et les bateaux de commerce n’est pas encore prise. Les travaux ne démarreront pas avant 2022.

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