La commission du développement durable de l’Assemblée nationale a reçu en audition le ministre de l’économie et des finances, Bruno Le Maire, le 9 septembre 2020, sur le plan de relance présenté par le gouvernement. Il a répondu à des questions de députés sur le ferroviaire, la politique maritime et portuaire, a apporté des précisions sur les projets qui seront soutenus, reparlé de l’ambition de mettre en place une taxe carbone aux frontières européennes.
« Le plan de relance du gouvernement a un objectif stratégique : accélérer la transition énergétique du pays. Nous voulons apporter la preuve que nous pouvons conjuguer compétitivité de l’économie et décarbonation de notre économie. L’un ne va pas sans l’autre, l’un va avec l’autre. Pour réussir la transition écologique, nous avons besoin d’innovations, de nouvelles technologies, d’investissements, et donc d’améliorer la compétitivité », a dit en préambule le ministre.
Investir sur la production
Il a rappelé que le plan de relance vise un rebond de l’économie française dans les deux ans, d’ici 2022, il s’agit de revenir aux niveaux économiques de début 2019 avant la crise sanitaire et « qui étaient favorables ». Sur le plan environnemental, il s’agit de diminuer de 57 millions de tonnes les émissions de CO2 du pays sur la durée de vie des projets. « Nous souhaitons aussi réduire l’empreinte carbone du pays, c’est-à-dire relocaliser en France des industries critiques qui sont pour le moment installées dans des pays fortement émetteurs. Nous croyons en un modèle où on relocalise l’industrie en France, on la décarbone et on met en place une taxe carbone aux frontières ou un mécanisme d’inclusion carbone aux frontières au niveau européen pour taxer les produits de l’étranger qui comportent davantage de CO2. Produire au plus près des consommateurs avec moins de transport en relocalisant nos activités industrielles, voilà le modèle que nous défendons ».
Avec le plan de relance, « le gouvernement a fait aussi le choix d’investir sur la production beaucoup plus que sur la consommation ». Comme exemple, le ministre a expliqué que « les 7 milliards d’euros pour l’hydrogène vert vise l’indépendance de production de cette nouvelle énergie en France, à la différence de ce qui a été fait pour les panneaux photovoltaïques pour lesquels les soutiens ont finalement permis de développer leur production en Chine ».
L’intermodalité ferroviaire est essentielle
A une question de la députée Sophie Panonacle, il a assuré que « l’ambition est maintenue pour le maritime et le portuaire. Nous avons prévu 200 millions d’euros spécifiquement consacrés au portuaire avec notamment des dispositifs pour l’électrification des quais et sur l’intermodalité ferroviaire qui est absolument essentielle pour réussir cette politique maritime ».
A une question sur le plan de soutien de 4,7 milliards d’euros pour le ferroviaire, il a indiqué que cette somme attribuée à la SNCF doit « servir à éponger les pertes liées au Covid-19, à investir massivement dans le fret ferroviaire, à rouvrir au moins une ligne de nuit, Paris-Nice, à rouvrir des « petites » lignes dont le nombre et la liste sont en cours de détermination par le Premier ministre ».
Concernant les projets qui vont être soutenus par le plan de relance, il a détaillé : « Nous n’allons pas retenir uniquement des projets nouveaux mais des projets déjà dans les tuyaux car si on attend, sur la base de ce plan de relance, que des nouveaux projets sortent, le quinquennat sera fini et on aura engagé aucun euro. Nous prendrons des projets qui sont déjà dans les tuyaux, c’est-à-dire qui sont après les appels d’offres, qui ont passé les études d’impact et environnementales. Des projets qui n’attendent qu’un financement pour démarrer. Nous allons prendre ces projets-là, nous assurer de leur compatibilité avec l’ambition environnementale et les accélérer à travers toute la France. Nous visons l’efficacité économique et environnementale ».