Fin 2017, l’Union européenne a adopté une directive (2017/2397) sur la reconnaissance des qualifications professionnelles dans le domaine de la navigation intérieure, dont un des objectifs majeurs est de supprimer les obstacles à la mobilité sur le marché du travail dans le transport fluvial (voir le magazine de NPI de mars 2018). Ce texte introduit un système harmonisé de certification avec la reconnaissance des diplômes et certificats délivrés à l’échelle européenne. Il doit entrer définitivement en vigueur en janvier 2022.
Cette directive ne prend tout son sens que si les certificats de qualification délivrés par les organismes de formation reposent sur des bases similaires et garantissent des compétences comparables d’un pays européen à l’autre, tant sur le plan opérationnel qu’au niveau du management.
Vers les emplois fluviaux de demain
« C’est loin d’être toujours le cas aujourd’hui. D’un pays à l’autre, l’accent mis sur les disciplines spécifiquement fluviales plutôt que sur des matières d’ordre plus général, le rapport entre enseignement théorique et pratique, le recours aux simulateurs… peuvent varier assez considérablement. Cela entraîne des différences dans les compétences acquises et donc dans l’employabilité du personnel en question », indique Arjen Mintjes, directeur de la Maritieme Academie Harlingen aux Pays-Bas, président d’Edinna, l’organisation qui regroupe les centres de formation aux professions fluviales, et un des promoteurs de la directive.
C’est donc sur ce point que se concentre le projet européen « Competing », qui cadre dans le programme Erasmus+ pour l’éducation et de la formation, et s’inscrit dans l’effort d’harmonisation mené par le CESNI qui siège au comité d’accompagnement. Competing veut aussi ouvrir la voie aux emplois fluviaux de demain en intégrant dans les compétences acquises la numérisation, l’automatisation, la communication et la durabilité. Là encore, « le but final est d’augmenter la mobilité professionnelle dans la navigation intérieure ».
Eviter un « tourisme des diplômes »
Une quinzaine de partenaires venus de huit pays européens différents et couvrant notamment les deux bassins principaux du Rhin et du Danube se sont attelés à la tâche d’harmoniser les programmes de formation, les matières enseignées, les méthodes utilisées et les examens.
« Tout ce matériel sera mis en ligne et rendu accessible à tous via Edinna », indique Kim Mylle, conseillère juridique à l’Institut pour le transport par la batellerie (ITB), un des participants belges au projet et un des trois représentants avec BLN-Schuttevaer et le syndicat européen ETF des partenaires sociaux du secteur.
Ce travail s’accompagne de la mise en place d’un système de suivi de la qualité des enseignements donnés et des diplômes décernés, pour éviter un « tourisme des diplômes » qui verrait des candidats obtenir au rabais un certificat qui leur permettra de travailler partout en Europe.
Lancé en janvier 2019, Competing doit aboutir d’ici la fin 2021, à la veille de l’échéance fixée pour l’entrée en vigueur de la directive. Malgré le Covid-19, l’échéance devrait pouvoir être plus ou moins tenue, dit Alexander Bakker, responsable de la communication de l’organisme néerlandais STC Group, qui assure la coordination du projet.