Coincé sur le canal latéral de la Loire avec son chargement

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Un artisan-batelier est coincé avec son bateau chargé sur le canal latéral de la Loire dont le mauvais état et le manque d’entretien expliquent cette situation. Il se pourrait qu’il soit obligé de stationner plusieurs jours, ce qui met en péril ses rotations aller-retour pour son client qui pourrait se tourner vers la route plutôt que privilégier le fluvial. Un exemple type de ce qui se passe sur le réseau Freycinet, pour E2F.

L’artisan-batelier avec son bateau Tsunami est parti de Bonneuil-sur-Marne avec un chargement de terres à livrer sur le canal latéral de la Loire vers Nevers et devait repartir avec du sable pour revenir à son point de départ en Ile-de-France. Cela fait plusieurs fois au cours des dernières semaines qu’il fait ce trajet mais le 16 octobre 2020, le voyage s’est arrêté : « Je suis chargé à 1,80 mètres pour 2,08 mètres à l’échelle. Je transporte 223 tonnes de terres. On me dit de stationner à la sortie de l’écluse, sans doute pour une dizaine de jours, alors que je dois livrer mon client, recharger du sable et faire le trajet retour. Cela fait cinq semaines que je fais les voyages et d’autres sont programmés jusqu’à mi-décembre. Tout le monde était au courant que ce trafic se faisait.

De l’eau, il y en a. Le vrai souci, c’est le manque d’entretien du canal, le manque de volonté de faire vivre le réseau petit gabarit. Est-ce qu’on veut encore du transport fluvial sur ce réseau ?

Concrètement, on m’empêche de faire mon métier, d’exercer ma profession. On me dit de réduire le tonnage mais économiquement, cela n’est pas viable. Je vais avoir 24 ans à la fin de l’année, cela fait trois ans que je suis artisan-batelier. Continuer mon activité, c’est vitale ».

Jérémy Britsch ajoute que le client, qui a une exploitation de sable pour 35 ans, souhaite privilégier le transport fluvial plutôt que la route mais qu’en sera t-il si les rotations ne peuvent plus se faire ? « Pour moi, c’est du sabotage. Avec E2F, on a fourni toutes les informations sur les voyages, le programme des rotations pour mes passages, rien n’a été respecté ».

Quelle volonté de report modal sur le petit gabarit ?

Pour Pascal Rottiers, président du collège artisans d’Entreprises fluviales de France (E2F) : « Nous sommes face à un exemple type de ce qui se passe sur le réseau Freycinet sur lequel nous avons l’impression que VNF ne peut pas ou ne veut pas faire le nécessaire pour qu’il y ait du transport fluvial.

Dans ce cas, tout est au rendez-vous pour réussir : un trafic pendulaire aller-retour qui utilise le canal latéral à la Loire et celui de Briare, un client motivé qui veut utiliser le fluvial, un artisan-batelier qui s’engage.

Mais les freins sont toujours les mêmes : des mesures de la loi sur l’eau qui rendent VNF incapable d’offrir une infrastructure à la navigation, qui complexifient la possibilité de dragage, la dégradation des infrastructures à cause du manque d’entretien. Il y a des fuites d’eau sur l’ensemble des canaux, les barrages sont en si mauvais état qu’ils ne peuvent plus remplir leur fonction, les dragages sont très limités…

Nous avons informé, alerté tous les acteurs concernés. Nous nous battons pour maintenir ces liaisons Nord-Sud qui sont indispensables et sur lesquelles il y a du trafic. Que dit-on à ce client présent sur le petit gabarit ? Ce trafic représente 8 poids lourds en moins sur les routes pour l’aller et autant pour le retour et à chaque fois.

Alors que nous sommes dans le contexte du plan de relance, du COP de VNF, des CPER, quelle est la véritable volonté de report modal sur le petit gabarit ? »

 Une suite de textes

Du point du vue des textes, cette situation sur le canal latéral de la Loire fait suite à la publication d’un arrêté de la direction départementale des territoires et du préfet « indiquant un franchissement du seuil d’alerte pour plusieurs cours d’eau du territoire du département du Cher (…) appliquant une limitation provisoire de certains usages de l’eau sur le territoire du département du Cher » à partir du 24 septembre et jusqu’au 30 novembre 2020.

Cet arrêté a entraîné un avis à la batellerie le 1 octobre indiquant une restriction de mouillage sur le canal latéral à la Loire à 1,80 mètres jusqu’au 30 novembre (« Au regard des contrainte de gestion hydraulique sur la prise d'eau des Lorrains, suite à arrêté préfectoral, le niveau d'eau des biefs entre l'écluse de l'Aubray et celle de Maimbray peut fluctuer et descendre jusqu'à 1,80 m de mouillage »). Le 16 octobre, un avis à batellerie a indiqué l’indisponibilité de l'écluse de Maimbray sur le canal latéral à la Loire, arrêt de navigation.

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