« Cette crise est également une opportunité »

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Entretien avec Olivier Ferrand, directeur du développement chez Haropa, qui explique le programme Push (programme unique de soutien) lancé en mai 2020, détaille les défis à relever par les trois ports de l’axe Seine auprès de leurs clients dans le contexte de crise sanitaire puis économique.

Rassurer, informer, accompagner. Telle est la politique menée actuellement par Haropa auprès de ses clients suite aux crises sanitaire puis économique que connaît la France. Pour relever les enjeux économiques, la bannière des ports du Havre, Rouen et Paris a lancé un programme baptisé Push (programme unique de soutien) en mai 2020.

Push s’adresse particulièrement aux entreprises logistiques. Ce guichet unique permet d’identifier les besoins des acteurs concernés, l’objectif étant de répondre de manière précise à leurs éventuels questionnements dans un délai rapide grâce au réseau d’experts de Haropa présents en France et à l’international. Push veut également être un centre d’information sur toutes les filières permettant ainsi d’assurer une veille permanente sur tous les services portuaires, maritimes ou multimodaux. Le programme de Haropa se caractérise aussi par un accompagnement spécifique des clients sur tous les sujets liés aux solutions logistiques.

Ce programme est d’autant plus indispensable que les chiffres du trafic ne sont pas bons. La baisse est de l’ordre de 12 % en tonnage toutes marchandises confondues pour le premier trimestre 2020. Le conteneur, à lui seul,  accuse un repli de l’ordre de -23 % sur la même période. Les responsables de Haropa expliquent ces mauvais résultats par les mouvements sociaux de décembre 2019/janvier 2020 auxquels s’est ajoutée le Covid-19 à partir de mi-mars.

Répondre rapidement aux questions

« Le programme Push s’inscrit dans un contexte nouveau, celui du dé-confinement. On peut s’attendre progressivement à une reprise de l’activité. Aujourd’hui, nos clients ont peu de visibilité sur ce qui va se passer dans les prochains mois. Les annulations d’escales, les suppressions de services maritimes ont dégradé l’offre de transport ces dernières semaines. Les défis sont nombreux. Il faut donc fournir à nos clients des informations précises et fiables y compris à l’international, les accompagner si besoin est », explique Olivier Ferrand, directeur du développement chez Haropa.

Le responsable rappelle que dès le début de la crise sanitaire, l’ensemble portuaire a dû réagir très vite pour assurer notamment le fonctionnement normal de la chaîne logistique sur l’axe Seine. « Dans un premier temps, nous avons mis en place un plan de continuité d’activité à l’échelle de Haropa. Nous avons abondamment communiqué auprès de nos clients sur l’aspect opérationnel de nos ports mais aussi des transports qu’ils soient routiers, fluviaux ou ferroviaires en collaboration avec la SNCF et VNF. Ces informations sont primordiales pour faire fonctionner efficacement les flux logistiques. Nous avons également organisé des webinaires afin de répondre très concrètement aux questions que nos clients se sont posés pendant la période de confinement. Ces questions étaient très précises. Est ce que les ports chinois fonctionnent normalement ? Qu’en est il du marché africain ? Quelles sont les capacités de stockage sur les terminaux portuaires et dans les entrepôts logistiques ?  Nous avons eu des retours très positifs sur ces évènements », précise Olivier Ferrand.

D’autres mesures à venir

Dans le cadre de la crise sanitaire, Haropa a également fait des gestes commerciaux comme, par exemple, la mise en place d’une mesure visant à reporter le paiement des loyers pour les clients domaniaux. Ces mesures viennent s’ajouter à d’autres gestes mis en place suite aux mouvements sociaux de 2019 concernant les frais de stationnement sur les terminaux portuaires ou encore la baisse des droits de ports pour les navires.

Olivier Ferrand confie que d’autres mesures devraient être prises pour l’ensemble des trois ports dans un proche avenir  sans toutefois les dévoiler.

Courant juin, un budget rectificatif devrait être adopté. « Il va falloir évaluer notre marge de manœuvre », confie le directeur du développement. Un exercice d’autant plus difficile dans un contexte de baisse des trafics. Pour le responsable, les conséquences de la crise sont à court mais aussi à moyen et long terme. « Aujourd’hui, les clients n’ont pas vraiment de visibilité sur le redémarrage des carnets de commande, sur la politique à moyen terme des compagnies maritimes ».

Pour Olivier Ferrand, Haropa doit relever plusieurs défis. Le premier est d’aider les clients à s’adapter aux changements en termes de transport ou de nouveaux schémas logistiques. « Nous devons mettre à profit cette crise pour améliorer encore et toujours notre offre globale, améliorer notre compétitivité. Cette crise est également une opportunité pour faire basculer certains acteurs qui ne sont pas nos clients sur l’axe Seine. Certains acteurs vont penser à relocaliser en France. Ce sera probablement vrai dans le domaine pharmaceutique. Une crise crée toujours des opportunités d’affaires », conclut le responsable.

Crédit Photo : Éric Houri

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