Cérévia ou la mutualisation de la logistique céréalière

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Sur l’axe Méditerranée-Rhône-Saône, tour d’horizon de la logistique fluviale autour des céréales avec deux grands acteurs que sont Cérévia et la société d’exploitation Port Tellines. Cinq groupes coopératifs, réunis eux-mêmes dans les unions Alliance BFC et Oxyane, se sont associés au sein de Cérévia (littéralement : la voie des céréales) basée à Longvic près de Dijon en Bourgogne. Dijon céréales, la coopérative Bourgogne Sud et Terre Comtoise constituent l’Union Alliance BFC. Terre d’Alliances et la coopérative Dauphinoise sont regroupées sous le nom d’Oxyane. Il s’agit d’une organisation d’envergure au service de la logistique et de la commercialisation des céréales produites par les agriculteurs des régions de Bourgogne, Franche Comté et Rhône-Alpes. La finalité étant de mutualiser l’ensemble des coûts de la chaîne logistique pour en améliorer la compétitivité et valoriser la qualité des productions régionales. « C’est une envie régionale des coopératives pour mutualiser la logistique », assure François Farges, directeur général adjoint de Cérévia. Historiquement, chaque coopérative affrétait ses propres bateaux sur l’axe Saône-Rhône. La massification des volumes a ouvert de nouvelles voies vers la Méditerranée (pays tiers) et valorise les voies fluviales, maritimes et ferroviaires pour optimiser le transport et la mise en marché des céréales. « Le débouché de l’exportation pour une grosse partie de nos volumes, c’est la Méditerranée. On a la chance d’avoir deux fleuves canalisés qui sont rarement en hautes eaux et n’ont pas de problèmes de basses eaux, souligne François Farges. La configuration des fleuves nous permet d’assurer des convois allant jusqu’à 4 500 tonnes à destination de Port-Saint-Louis-du-Rhône et de la société d’exploitation Port Tellines idéalement située à l’embouchure du Rhône et de la mer Méditerranée ». De son côté, Emmanuel Haugazeau, directeur de la société d’exploitation Port Tellines (Sept) souligne : « On est le terminal agro-alimentaire du bassin de Fos. Bien que l’on ne travaille pas que pour Cérévia, il est de loin le principal livreur ».

Port Tellines est un site multimodal, polyvalent et spacieux disposant de 4 postes de travail à quai. Le quai, de 380 mètres côté fluvial, est dédié aux déchargements fluviaux et maritimes et aux chargements fluviaux. Il y a deux grues, une pour du déchargement de céréales, la deuxième pour du transbordement d’engrais de navire à barge ou de la mise en magasin. La Sept dispose aussi d’un portique de chargement de barges. « Le débit de chargement fluvial est de 500 t/h et on décharge un automoteur de 2 500 t en un shift (7 h de travail) », assure le directeur de la Sept.

Des silos connectés multimodaux

L’union de commercialisation Cérévia déploie une logistique multimodale dans l’acheminement de ses céréales. Si depuis 2010, un partenariat logistique est engagé avec l’opérateur Europorte en ce qui concerne le fret ferroviaire, historiquement, le fluvial a été et demeure la colonne vertébrale pour le transport des céréales vers le bassin méditerranéen. À grand gabarit, depuis Saint Usage (Côte-d’Or), au Nord de Pagny, jusqu’à Fos-sur-Mer, le point de sortie maritime, le couloir s’étend sur environ 550 km. Une distance qui peut être parcourue dans un délai de 48 à 72 heures par les structures avec lesquelles travaille Cérévia (Aflux, Agora et ACM). « On essaie de partager les céréales afin de partager équitablement le transport. On est sur des tarifications équivalentes et équitables, précise le directeur général adjoint de Cérévia. On a une approche multi-directionnelle, une technique qui nous permet d’être opportuniste sur les marchés. Par ailleurs, on réserve au fluvial ce qui va logiquement vers le transport fluvial ».

Cérévia assure à la fois le stockage ainsi que la logistique pour ses clients et a construit ses flux en s’appuyant sur les silos majeurs d’expédition des coopératives de l’union depuis le Nord de la Bourgogne et tout au long de l’axe Saône-Rhône-Méditerranée. En plus des silos historiques déjà existants entre 2004 et 2007, les coopératives ont continué à investir en amont avec les silos de Pagny, Chalon Sud et Villefranche-sur-Saône et ont fait l’acquisition du terminal de Salaise.

Dans une démarche de massification qui a consisté à regrouper le volume de marchandises stocké dans des silos situés aux abords du fleuve, le groupement des coopératives agricoles pour assurer la commercialisation des céréales a obtenu et signé une convention d’occupation sur le port de Pagny. Les céréales sont manutentionnées, chargées et déchargées par Bourgogne Céréales Stockage (BCS), soit différentes sortes de céréales de type blés, d’orges, notamment de brasserie, ce qui a ainsi permis d’organiser un nombre plus réduit de transports. Dès 2007, même processus pour le silo en amont de Chalon Sud, c’est Bourgogne du Sud qui gère la logistique céréalière.

Les premiers silos verticaux ont été construits à partir de 2010, majoritairement propriété de coopératives agricoles, réalisés en particulier à l’initiative de Cérévia. La première tranche s’est faite sur 30 000 t.

Aujourd’hui, la logistique de Cérévia s’appuie sur 9 silos (Saint Usage, Pagny, Verdun-sur-le-Doubs, Chalon Nord, Chalon Sud, Mâcon, Villefranche-sur-Saône, Lyon et Salaise). Ils sont connectés au fluvial et représentent 500 000 t, tous silos cumulés de stockage. S’ajoutent 14 silos embranchés fer. Le marché des céréales pour Cérévia par ses fonctions assure tout à la fois le stockage et la logistique pour ses partenaires « avec un souci permanent de la qualité et de la réactivité au service de ses clients ».

« Nous sommes dans une région intermédiaire si on veut réaliser de la plus-value, on doit être une structure qui vend de la qualité. Le taux de protéines et leur qualité constituent un critère déterminant. Depuis 1996, cette teneur oscille entre 12,5 et 11 % avec une série plutôt basse ces dernières années. Les marchés sont demandeurs de taux de protéines de plus en plus élevés. Les conditions climatiques mais aussi la conduite de la récolte influent sur la qualité des blés. Comme tout produit destiné à l’alimentation, les céréales sont bien évidemment, également, soumises à des règles strictes pour les résidus de produits phytosanitaires ». La Sept fait elle-même l’analyse des céréales acheminées par voie fluviale. « Tout est sous supervision, sous référentiel qualité avec la traçabilité ascendante et descendante parce qu’on est sur du vrac, des produits alimentaires. Tous les produits qui rentrent sont échantillonnés. On fait des analyses et on prévoit nos classements sur la base des analyses départ au chargement des automoteurs », précise le directeur de la Sept. Il existe également des critères par rapport à la qualité des cales. « Autre élément spécifique, comme ce sont des produits qui créent de l’humidité, on ne peut pas décharger quand il pleut. Tout comme les outils portuaires ont, eux aussi, des limites de travail, en fonction de la vitesse du vent ».

Aujourd’hui, 80 % des céréales commercialisées par Cérévia sont vendues « rendu usines et ports ». Les transits des céréales dépendent naturellement des récoltes, des marchés et des coûts logistiques. « Toutefois, Cérévia possède une réelle maîtrise des processus et connaissance des marchés ; le développement de démarches qualités fortes et innovantes lui permet au mieux de valoriser la production des agriculteurs », précise Emmanuel Haugazeau. Ce que confirme François Farges : « Notre objectif, c’est de valoriser les revenus de nos agriculteurs ». Ce qui fait de Cérévia un acteur majeur de l’activité fluviale nord/sud. « Cependant, la problématique du fluvial est souvent le rééquilibrage du fret ». Aussi, l’union Cérévia et l’union Area (engrais) gèrent ensemble leurs flux fluviaux respectifs afin de rééquilibrer au maximum la descente et la remontée. On peut considérer aujourd’hui que Cérévia et Area représentent sur l’activité du bassin Saône-Rhône entre 450 000 et 500 000 t par campagne. Ce qui les positionne parmi les principaux acteurs sur le marché.

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