CEA Tech prépare l’automoteur Freycinet du futur

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Un porte-conteneurs fluvial au gabarit Freycinet, conçu pour naviguer en autonomie et équipé de moteurs électriques alimentés par une pile à combustible à hydrogène : le projet, préparé par CEA Tech, pourrait voir le jour pour le transport de pièces automobiles conteneurisées sur les canaux de l’Est de la France.

Les études détaillées pourraient commencer de façon imminente et sont dans l’attente de la décision de l’utilisateur final, le groupe automobile PSA. CEA Tech a dans ses cartons un projet d’automoteur au gabarit Freycinet pour le transport de conteneurs. Première particularité : il sera électrique, et les moteurs en seront alimentés par une pile à combustible utilisant de l’hydrogène. Deuxième particularité : il sera à conduite autonome.

« Notre projet a été présenté il y a deux ans à PSA, et nous travaillons depuis avec eux sur ce projet, ainsi qu’avec VNF qui le soutient dans le cadre du PAMI », indique Jean-Luc Jacquot, directeur de la branche « Grand Est » de CEA Tech, dont la mission est de transférer les innovations techniques vers l’industrie. « Travaillant à l’époque chez PSA, j’avais été en 2009 à l’initiative de l’essai de transports palettisés sur bateaux Freycinet entre Mulhouse et l’Allier. Malgré un coût de transport inférieur à la route, l’expérience n’avait pas suffi à décider le report modal, les chargements et déchargements de palettes dans le bateau étant trop complexes ».

D’où l’idée de créer un automoteur Freycinet adapté au transport de conteneurs, pour rendre le petit gabarit efficace et compétitif. Le bateau naviguerait sur la Moselle, sur le canal de la Marne au Rhin et sur le grand canal d’Alsace, pour relier les sites PSA de Mulhouse, Metz et Charleville. L’approvisionnement des piles à combustibles, qui alimenteront en électricité les deux moteurs de 80 kW, se ferait à Mulhouse, l’hydrogène étant un sous-produit du process de fabrication de l’entreprise de produits chimiques PPC, qui y est installée.

Si la technique de la pile à combustible est opérationnelle, et facilement transposable au fluvial, de nombreuses questions techniques doivent encore être étudiées. La pression de stockage de l’hydrogène par exemple : 700 bars comme dans l’automobile, ou 350 bars comme dans le maritime et le ferroviaire ? Dans le premier cas il faut prévoir 5 m³ de stockage pour une semaine d’autonomie, dans le second 10 m³. D’un autre côté, l’absence de cuve à gazole libère de la place à bord, de même que l’absence de logement et même… de timonerie, car le bateau est prévu pour être à conduite autonome ! La télésurveillance de la navigation pourra se faire depuis une salle de pilotage, comme pour un drone. En l’absence de navigant, il n’est pas nécessaire de prévoir des passavants, ce qui permet de mieux adapter la structure du bateau au transport de conteneurs.

Un drone fluvial

Le défi de la conduite autonome serait davantage réglementaire que technique, selon Jean-Luc Jacquot : « La technologie existe, déjà développée pour l’automobile et facilement transposable à un bateau qui se déplace lentement et sur un itinéraire bien défini et peu fréquenté. Nous travaillons avec les services de l’État à l’encadrement d’un essai, dont les résultats influeront sur l’évolution de la réglementation. Sous réserve de la décision de PSA, le démarrage de l’exploitation commerciale pourrait commencer dès 2023 ».

Les coûts d’investissement et d’exploitation ont été étudiés. Le concept est validé techniquement et économiquement, selon son concepteur. Les études détaillées permettront d’élaborer les plans du bateau, de la chaîne de production et du système de guidage automatique. Pour réaliser les études détaillées et construire le premier bateau, 3 millions d’euros sont nécessaires. Les unités suivantes devraient coûter environ 500 000 €, avec une fabrication en usine par sous-éléments pour baisser fortement le coût de construction. « Le but est de rendre le transport fluvial très compétitif, moitié moins cher que le transport routier », conclut Jean-Luc Jacquot, qui espère la construction de 50 bateaux d’ici 2027.

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