Comme depuis plusieurs années, novembre, c’est le mois de la réunion du Comité interministériel de la mer (Cimer). En cette année 2018, le Cimer est prévu le 15 novembre à Dunkerque, après Le Havre en 2017 et Marseille en 2016.
Le contour des orientations voire décisions qui pourraient annoncées par le Premier ministre Edouard Philippe et la ministre chargée des Transport Elisabeth Borne se dessine. Lors de l’assemblée générale de l’Association française des ports intérieurs (AFPI) le 7 novembre 2018 à Metz, selon le préfet François Philizot, délégué interministériel au développement de l’axe Seine, il y aura notamment deux points à l’ordre du jour du Cimer 2018 : la reconstruction du modèle économique des ports maritimes et l’intégration des ports dans de « vraies » chaînes logistiques.
Pour le premier point, il s’agit de « trouver des relais de croissance » dans un contexte de diminution de marché comme celui des hydrocarbures et de compétition sur les conteneurs. Ce premier point concerne aussi l’alourdissement des charges portuaires avec l’évolution de la fiscalité, la question du foncier. Il s’agit ici de « reconstruire un équilibre entre ce doivent payer les ports et l’intérêt économique général ». Il s’agit d’entrer dans un nouveau système fiscal qui permet d’asseoir l’économie portuaire en tenant compte de son rôle spécifique lié à l’intérêt général au service des acteurs économiques. Les ports assurant la gestion de services publics non commerciaux.
Jacques Trorial, président délégué de l’Union des ports de France (UPF) a complété en assurant que le Cimer apporterait « certaines réponses à des questions » comme celle du modèle économique des ports en termes de fiscalité mais aussi comme celle de l’organisation. « Pour Haropa, il faut aller plus loin dans la coopération des 3 ports ». Il s’est déclaré certain que les régions allaient obtenir un rôle plus direct au sein des GPM et des autres ports sous le double effet de la loi Notre et de leur prise de responsabilité toujours plus grande y compris en termes d’investissements.
Pas de schéma unique pour la coopération sur les bassins ou axes
Le deuxième point vise à prendre en compte qu’un port est au service de son territoire et de son hinterland. Il s’agit de construire de « vraies » chaînes logistiques en utilisant la multimodalité et en s’appuyant notamment sur les ports intérieurs et les plates-formes logistiques. « Cela a été le sens de ma mission sur l’axe Seine, a souligné François Philizot, comme celle de Jean-Christophe Baudouin sur l’axe Rhône-Saône-Méditerranée et de Michel Lalande dans les Hauts de France ». Pour aboutir à de telles chaînes logistiques, une coopération est à organiser « dans des formes variables d’un territoires à l’autre. Il n’y aura pas un schéma d’organisation identique partout ». Notamment car, selon les axes, la situation est différente. Sur Rhône-Saône-Méditerranée, il y a un port d’Etat, des ports décentralisés, la CNR, VNF. Sur l’axe Seine, deux GPM, un port autonome. C’est encore différent dans le Nord et l’Est de la France.
Pour Jacques Trorial aussi, les modalités et les formes de coopération ne vont pas être uniques ni standardisées pour chaque bassin ou axe. Les solutions privilégieront la souplesse, la fluidité, la capacité d’adaptation, « pas de nouvelle machinerie complexe ». Il a souligné l’importance de la mise en place et de l’utilisation d’un système informatique commun voir unique pour favoriser le développement de solutions logistiques complètes.
Pour François Philizot, il faut aussi une organisation des acteurs économiques, concernant plus spécifiquement le mode fluvial : « Il faut sortir du cloisonnement ». Tel est l’objectif de la démarche de création d’une interprofession fluviale qui peut-être nationale et bassin par bassin. Il s’agit notamment de mettre en place un dialogue plus efficace entre les professionnels et l’Etat.
Pour Jacques Trorial, « Il y a une prise de conscience nouvelle du rôle de la logistique et de la place de la marchandise. Le fluvial est un relais dans le transport de marchandises, qui concourt au développement durable et à la mise en œuvre des décisions de la COP 21 ».