Dans son rapport « Observation du marché » publié début mai 2020 et dont l’objet principal est de présenter un bilan pour les trois premiers trimestres de l’année 2019 (dont nous rendrons compte dans un article séparé), la Commission centrale du Rhin (CCNR) a ajouté « quelques indications » concernant les conséquences du Covid-19 pour la navigation intérieure dans ses deux segments d’activités marchandises et passagers.
L’organisation rappelle que « le transport fluvial est nécessaire pour contribuer à l’approvisionnement de l’économie et de la société en matières premières et produits importants, tels que les produits agricoles et alimentaires, les produits pétroliers, les produits chimiques et pharmaceutiques et les biens de consommation ».
Dans le même temps, avec le Covid-19, « le transport de marchandises et de passagers sur les voies de navigation intérieure est affecté sur le plan de la demande : de nombreux secteurs de l’économie dont le fonctionnement dépend de la navigation intérieure réduisent fortement leur activité », ce qui a des effets négatifs sur le mode.
Sur un plan général, les secteurs de l’économie qui sont particulièrement touchés sont l’hôtellerie et la restauration, le commerce de détail, l’aviation et les loisirs (voyages, sport, divertissement), indique la CCNR. « La crise aura donc des effets fortement négatifs sur le transport de passagers, tant sur les croisières fluviales que sur les excursions journalières. À la mi-mars 2020, les croisières fluviales ont souffert d’une vague d’annulations et le début de la saison a dû être reporté » à plus tard.
Il ne faut pas oublier non plus que les deux segments d’activité de la navigation intérieure doivent faire face aux restrictions de voyage et aux dispositions relatives à la quarantaine : « Les réglementations strictes d’entrée et de quarantaine du personnel nautique dans de nombreux pays européens entraînent des difficultés croissantes pour la composition des équipages des bateaux ».
Evaluation financière à prendre avec prudence
La CCNR apporte ensuite des indications sur les évolutions possibles du transport fluvial notamment pour les vracs et les conteneurs pour les mois à venir.
À la mi-mars, l’industrie automobile allemande a décidé de suspendre temporairement la production dans ses usines pour plusieurs semaines. « Une longue interruption de la production automobile affecterait la demande d’acier, et donc aussi la demande de transport de minerai de fer, de ferraille, de charbon et de produits métalliques. Ces matériaux représentent environ 25 % du total des volumes transportés sur le Rhin ».
Pour le transport de conteneurs, « les pleins effets de la crise se feront probablement sentir à partir d’avril et mai, lorsque les importations en provenance d’Extrême-Orient (normalement produites et chargées au premier trimestre 2020) et arriveront dans les différents ports maritimes européens dans des volumes moindres ».
En conclusion, la CCNR met en avant les travaux de l’Institut de Kiel pour l’économie mondiale qui a élaboré deux scénarios concernant les effets de la crise sur l’économie. Il y a un scénario avec une reprise à partir de la mi-2020, et un autre avec une reprise à partir du début de l’année 2021. Pour la CCNR : « Si l’on applique les hypothèses quantitatives sous- jacentes de ces scénarios à l’ensemble du secteur européen de la navigation intérieure (transport de marchandises et de passagers confondus), la perte financière totale due à cette crise pourrait s’élever à 2,2 milliards d’euros en 2020 (premier scénario), voire à 4,4 milliards d’euros en 2020 (deuxième scénario). Il convient toutefois de souligner que les résultats possibles énoncés ci-avant sont des scénarios et non des prédictions. Les pertes exactes pour le secteur de la navigation intérieure dépendront fortement de la durée de la crise, encore imprévisible actuellement ».