Dernier opérateur à s’être lancé dans le transport fluvial de conteneurs sur la Seine, Bolloré Logistics propose depuis février 2018 une navette effectuant une rotation hebdomadaire entre Le Havre, Gennevilliers et Bonneuil-sur-Marne. Le bateau Cyclone, affrété auprès de la SCAT, peut transporter 72 EVP sur deux couches jusqu’à Bonneuil, et même 108 EVP sur trois couches entre Gennevilliers et Le Havre. Avant d’affréter sa propre barge, Bolloré était déjà utilisateur du transport fluvial sur la Seine, en sous-traitance auprès de Logi Ports Shuttle (ex-Logiseine) et de Greenmodal. Ce mode d’utilisation du fluvial continue d’ailleurs sur le Rhône et le Rhin.
Au niveau national, la part des modes massifiés dans les flux terrestres de conteneurs maritimes de Bolloré Logistics atteint déjà 30 %. Pour les conteneurs traités par Bolloré au départ du Havre, le rail et la barge cumulent 20 % de part modale, alors que ces modes ne représentent que 15 % du trafic terrestre de conteneurs de l’ensemble du port du Havre.
« Avec le Cyclone, notre objectif est de développer le recours aux modes massifiés pour le transport terrestre de conteneurs maritimes, en proposant à nos clients une solution fluviale efficace, économique et éco-responsable, explique Paul Bernard, directeur de la région Normandie de Bolloré Logistics. Ce bateau a été affrété sur la Seine, car nous avons au Havre nos flux import les plus importants, pour lesquels nous pouvions convaincre nos clients de passer au transport fluvial. Il est trop tôt aujourd’hui pour faire le point sur l’utilisation de cette barge, mais notre objectif reste le développement du fluvial : ce mode fait désormais partie de la proposition standard de nos commerciaux, qui présentent à tous nos clients import comme export les avantages du fluvial, en termes d’économie de CO2 comme pour les franchises de stationnement qu’il permet ».
Déséquilibre entre import et export
Au Havre, le Cyclone dessert les terminaux de Port 2000 via le terminal multimodal. Le choix a été fait d’un bateau adapté à la desserte de Bonneuil-sur-Marne, et non de la desserte directe de Port 2000. À l’export, le Cyclone fait aussi escale au terminal de l’Atlantique et au terminal Europe-Amériques, de manière à compenser en partie la faiblesse des trafics fluviaux à l’export par rapport à l’import. « À l’import, le transit time de la barge sert de stock flottant à nos clients de la grande distribution, nous permettant de leur faire économiser les frais de stationnement des conteneurs, souligne Harold Prevost, responsable du transport « inland » chez Bolloré Logistics. La structure des flux à l’export est moins favorable au fluvial : il s’agit de petits volumes qui doivent, faute de stock, être exportés sitôt produits. Tous nos efforts sont donc nécessaires pour que le fluvial rivalise avec la route pour rallier Le Havre depuis la région parisienne en temps et en heure pour la clôture des navires ».
Le passage par le terminal multimodal du Havre aggrave encore ce déséquilibre entre les trafics import et export, avec une navette ferroviaire qui doit souvent être réservée à l’avance, et qui rallonge de 24 heures le transit time jusqu’aux terminaux de Port 2000. Des capacités sont encore disponibles à bord du Cyclone dans le sens Paris – Le Havre, alors que le succès du bateau pour les conteneurs remontant vers la région parisienne conduit Bolloré, pour 10 à 15 % de ses volumes import, à confier des conteneurs à d’autres opérateurs fluviaux. Paul Bernard souligne cependant que les rotations du bateau fonctionnent correctement et affiche sa satisfaction de s’être lancé dans l’aventure du fluvial, qui constitue « une réponse aux demandes des clients qui veulent une solution innovante et éco-responsable, adaptée à toutes les tailles d’entreprises ».
